J’ai une minuscule information à transmettre aux lecteurs éleveurs d’enfants en bas âge qui, comme mon conjoint, par exemple, auraient l’ambition de ne pas se séparer d’eux pendant leurs voyages internationaux. Rien qui justifie spécialement de truster la page de garde de ce magnifique blog dont je ne suis qu’un widget parmi d’autres, sans compter que je m’étais plus ou moins engagée à ne pas publier après l’article précédent, mais voilà , Maître Mô, souffrant d’une légère et temporaire panne, a décidé de ne plus me lâcher la jambe avant de m’extorquer une brève, usant à cette fin de l’ensemble des moyens à sa disposition : supplication (“Allez s’te plaîîîît, je n’ai plus rien à écriiiiire …” – ce qui, par parenthèse, est faux, eu égard aux 50 et quelques brouillons en attente qui végètent dans les coulisses), menace (“Puisque c’est comme ça, je vais révéler ton identité à tout le monde”), mise à exécution partielle de la menace (si !), misérabilisme (“De toutes façons tu n’as rien à faire en ce moment, alors que moi le pauvre je croule sous le boulot – les charges – les clients – les enfants – d’autres microbes encore – le mauvais temps – Koh lanta qui était nulle cette année et Lussi qui a été éliminée de la Nouvelle Star …”), flatterie outrancière (“J’adore ce que tu fais, je t’assure, je peux avoir une photo dédicacée ? – et au fait, c’est quand, ta prochaine publication ?…” – comme si un juge ne savait pas comment accueillir des bobards d’avocat), voire, et là les bras m’en sont tombés, l’excuse ultime : “Ce serait génial de publier un truc léger depuis le temps, j’adorerais vraiment, mais vendredi je ne peux pas, j’ai piscine …”. Quand Maître Mô panné, lui toujours faire ainsi.
De guerre lasse, mais néanmoins dans la mentalité très “service public”1 qui me caractérise, et pour complaire au Pieter Van Den Hoogenband du barreau lillois, je vous livre donc ce mini-renseignement. Mais comme je fais partie d’une administration à laquelle on ne saurait reprocher de négliger de décrire sur dix pages ce qui aurait tenu en un paragraphe, le billet d’aujourd’hui contiendra une seule info pour 2364 mots, c’est comme ça.
C’est d’ailleurs d’administration, et pas celle à laquelle j’appartiens, pour une fois, que j’entends vous entretenir aujourd’hui.
Souhaitant il y a quelques mois faire établir un passeport pour ma fille aînée (les mineurs devant désormais posséder le leur, et non plus figurer comme auparavant sur celui de leurs parents), je m’étais préalablement renseignée, par internet (sur le site de la préfecture de mon département, quand même), quant aux pièces à fournir. Ne reculant devant aucun plaisir de nature à pimenter l’expédition, j’avais décidé de procéder aux formalités un jour de grève générale des fonctionnaires, ce qui m’avait incitée à appeler la veille la mairie, afin de m’assurer de la disponibilité des services concernés. Mon interlocuteur m’avait rassurée sur ce point, en me précisant par ailleurs qu’il fallait impérativement amener l’enfant avec moi puisque ses empreintes devraient être relevées, passeport biométrique oblige.
Munie d’une poussette garnie du matériel requis, je me présentai donc, à 8 h 30 pétantes, à la mairie. Au service de l’état-civil, je m’approchai d’un guichet derrière lequel trônait une personne fixant le vide d’un regard qui ne l’était pas moins, qui sursauta en me voyant en face d’elle pour m’indiquer immédiatement qu’elle était occupée, mais que ses collègues traiteraient ma demande dès que leurs guichets se seraient libérés. Bon. Je la laissai à ses pensées (il me semblait qu’elle observait vaguement des agents déplacer une cloison mobile, peut-être était-elle superviseuse de cloisons, bien qu’installée à un poste d’état-civil).
Libération d’un guichet, je présentai ma demande, la fonctionnaire me demanda les pièces nécessaires. Je sortis tout d’abord les copies de mes passeport – justificatifs de domicile – livret de famille etc, provoquant immédiatement un avertissement verbal peu amène selon lequel “il va falloir qu’on voie les originaux, les copies ça suffit pas”. Ca tombait bien, je les avais.
Ouf, elle fut soulagée, et commença à examiner les documents tout en remplissant le formulaire approprié.
Jusqu’au moment où elle tomba sur les photos d’identité.
Je la sentis se raidir.
Elle m’expliqua qu’il risquait d’y avoir un problème à cause des photos, sur lesquelles MiniMarie figurait bien de face, mais
– ne regardait pas l’objectif (effectivement, il avait été suffisamment difficile de la caser dans le photomaton sans qu’elle ne gigote – pleure – sorte la tête du cadre, nous nous étions estimés heureux d’avoir obtenu une prise jugée satisfaisante par l’appareil sur les trois effectuées – les enfants d’un an ne sont décidément pas administrativement coopératifs) ;
– ne présentait qu’un bout de son oreille gauche.
Je lui proposai d’aller immédiatement en refaire, mais elle préféra aller consulter sa responsable.
Elle revint en me disant qu’on “va tenter le coup, mais il y aura peut-être un refus”, auquel cas on me rappellerait.
La rédaction du formulaire reprit.
Elle se saisit du timbre fiscal à 20 euros dont je m’étais munie, sur instructions de la préfecture locale, et tiqua, compulsa une liasse de documents en se frottant la tête, avant de m’indiquer, non sans stupeur, que “mais c’est 19 euros ?
– sur internet, on demande un timbre à 20 euros.
– ah ben si le site est mal renseigné, forcément … Bon, je vais vous faire signer une attestation d’abandon de l’euro supplémentaire à l’Etat.”
Soit. Je me retins de lui dire que de toutes façons, les comptes que j’entretenais avec l’Etat depuis quelques années n’en étaient plus un euro près.
Elle poursuivit la rédaction du formulaire, collant avec application et de la colle forte (comme j’allais le constater par la suite) le timbre munificent sur le dossier.
Elle s’en fut ensuite consulter sa responsable pour déterminer la formulation de la fameuse attestation, tandis que j’y réfléchissais de mon côté, n’ayant plus que ça à faire.
J’en étais arrivée à opter pour un style un peu daté mais efficace (“Mon petit Etat adoré, ma petite République chérie, je vais partir ! En vacances. Et pour fêter ça, je souhaiterais te faire don d’un euro, si tu pouvais l’affecter aux fonds du ministère de la justice, je trouverais ça encore plus chouette…”) lorsque la fonctionnaire revint, catastrophée :
“Ca ne va pas être possible !
– ???
– Oui, on pouvait le faire avant (NB : avant quoi ???), mais maintenant il faut que le timbre soit du montant exact, sinon ILS refusent le dossier.
– Mais … ça ne fait pas grief … (NB : oui, je sais, formule juridique inappropriée, mais c’est tout ce qui m’est venu à l’esprit à ce moment-là , et ça m’a valu un regard particulièrement vitreux de mon interlocutrice avant que je ne me reprenne) … je veux dire, ça n’ennuie que moi de payer plus, et là je m’en fiche !
– Ah non, c’est pas possible, il faut que vous reveniez avec un timbre à 19 euros exactement.”
Je repris donc mon demi-dossier amputé du timbre à 20 euros qu’elle avait tant bien que mal décollé, mes pièces, ma poussette et mon bébé (toujours calme, c’est déjà ça) pour courir au bureau de tabac le plus proche. Heureusement, il y en avait un à 100 m.
Qui ne vendait que des timbres à 20 ou 30 euros.
Je courus vers le suivant, 500 m plus loin.
Qui pouvait me fournir deux timbres à 5 euros et neuf à 1 euro. Me rappelant l’espace réduit dévolu dans le formulaire au collage du timbre, je soupçonnai que cette débauche de petits papiers gommés n’y tiendrait pas, et me mis en chemin pour la Trésorerie.
Devant laquelle je constatai que l’ensemble des fonctionnaires était en grève.
Me faisant solennellement le serment de clouer le prochain débitant de tabac défaillant sur la porte de sa boutique à poison, je galopai vers un troisième établissement, où l’on parvint enfin à me fournir 19 euros en quatre timbres fiscaux, de façon particulièrement bienvenue : je commençais en effet à ressembler à une sorte d’hybride de Sid Vicious un jour de manque et de Lady Gaga un jour de ratage capillaire d’audace cosmétique de détresse vestimentaire normal, soit une hideuse créature hérissée, transpirante et énervée.
Je retournai à la mairie. Par chance, la même fonctionnaire était libre, bien qu’une autre soit assise sur son guichet en train de téléphoner à je ne sais qui pour se faire expliquer les modalités du mouvement social du jour (“Ah ? Parce que quand on faisait grève à l’école, on ne procédait pas comme ça … Non … Voilà , c’était plutôt …”).
Je remis le dossier, les timbres, les pièces. Mon interlocutrice reprit la rédaction du formulaire, non sans participer activement à la conversation de sa collègue (“C’est la Marie-Claire au téléphone ? Fais-lui un bisou de la part de Mimi ! – Marie-Claire, y a Mimi qui te fait un bisou … Elle aussi !”).
Elle m’annonça enfin, triomphalement, qu’elle allait pouvoir procéder à l’enregistrement de ma demande, non sans consulter une dernière fois les autres guichetiers et la responsable concernant les photos d’identité.
Elle me remit un récépissé, et me dit qu’elle m’appellerait quand le passeport serait prêt.
Je lui indiquai que ma fille était à sa disposition pour la prise de ses empreintes.
Elle me répondit, l’oeil rond : “Mais on ne leur prend pas leurs empreintes à cet âge-là , ils sont trop petits”.
Je m’échappai de cet enfer administratif sans demander mon reste, et équipée d’un timbre fiscal superflu et légèrement abîmé par un collage prématuré.
Ceci explique donc qu’il y a quelque temps, je me sois de nouveau rendue à la mairie dans le même but (second enfant oblige) avec la joie d’un castrat forcé d’assister aux réjouissances de la Saint Jean-Baptiste2 en se souvenant donc qu’il a souffert aux mains des personnes concernées, et en supposant que psychologiquement, ça risque d’être un mauvais moment à passer.
Afin d’éviter le sketch de la photo dépourvue d’oreille intégrale, j’avais cette fois fait photographier MicroMarie par un professionnel, ce qui m’avait valu de passer un quart d’heure à plat ventre par terre, à plaquer sa petite tête à deux mains sur le sol blanc, dans le plus pur style “Vincent Clerc crucifiant l’Irlande à Croke Park”3 .
Pour me prémunir des risques de péripéties liées au montant du timbre fiscal, j’avais cette fois consulté le site du Ministère des affaires étrangères, que l’on peut pourtant supposer à la fois bien renseigné et équipé du nombre de techniciens suffisant pour procéder régulièrement à son actualisation, mais qui s’entêtait à affirmer que le tarif en vigueur s’élevait à 20 euros. Comme j’étais toujours détentrice de mon timbre précédent, j’en avais acquis d’autres pour 19 euros, au cas où.
Comment savez-vous que c’est précisément sur ces deux points que je me trompais ?
Pourtant, apercevant Mimi-la-Terreur derrière l’un des guichets, j’avais bien pris la précaution de m’aligner devant un autre, où siégeait une dame4 qui m’a accueillie d’un “C’est pour quooooâââ ?” croassé d’une voix de rogomme5 immédiatement suivi d’un “Attendez, j’suis occupée, là “. Et c’était vrai : elle a consacré les huit minutes suivantes à expliquer à l’une de ses collègues qu’elle était “ballonnée, en ce moment”, avec force gestes et anecdotes à l’appui.6 Délai qui m’a permis de constater que le service de l’état-civil était pourvu d’un défibrillateur (c’est bien) et d’une œuvre d’art réalisée par les enfants de la commune aux fins de représenter leur ville (c’est laid)7 et d’apprendre que le directeur local des services de la Protection judiciaire de la jeunesse avait formé une demande de carte d’identité, traitée par la redoutable Mimi (“Dis, à son métier, il a marqué Directeur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, mais à mon avis il faut pas de majuscules, parce que c’est pas une partie de son nom – ou alors, c’est comme la SNCF ?…”).
Juste au moment où je m’étais décidée à réveiller ma rejetonne afin qu’elle pleure un peu, ce qui aurait accéléré le processus de traitement de mon cas (ou, du moins, ne l’aurait pas ralenti), la fonctionnaire s’est finalement intéressée à moi. A peine avais-je résumé ma requête qu’elle m’a répliqué “Elle a pas une carte d’identité ?
– Non.
– Et pourquoi elle a pas de carte d’identité ?
– Parce qu’elle a huit semaines.
– Ah. Bon, on va faire le passeport alors.”8
J’ai ensuite produit mon propre passeport, à la grande insatisfaction de mon interlocutrice car “c’est pas pratique à scanner, vous n’avez rien d’autre comme pièce d’identité ?”. Si, j’ai : une belle carte avec un bandeau bleu-blanc-rouge, justement marquée d’un “carte d’identité” écrit en toutes lettres, numérotée et tout, mais peine perdue : la formule comminatoire apposée sur cette carte me permettrait, je suppose, d’obliger la dame à me céder son poste de travail si je décidais d’y tenir une audience foraine, mais pas de justifier de mon identité.
Ultime péripétie : l’ordinateur régnant en ces lieux a jugé “non conforme” la photo d’identité fournie, au motif probable, d’après l’officiante, que les deux oreilles de ma progéniture n’y apparaissaient pas intégralement. Mais est-ce ma faute à moi si les poupines joues de ma fille cachent ses lobes d’oreille ?…
Je pensais triompher en dégainant enfin mes timbres fiscaux à 19 euros, mais la fonctionnaire en a repoussé une partie du doigt (pas de l’orteil, mais le coeur y était manifestement) en m’indiquant, les yeux levés au ciel-c’est-pas-possible-de-tomber-sur-des-blaireaux-pareils-qui-ne-savent-même-pas-se-renseigner-sur-les-tarifs, que désormais, la taxe sur le passeport pour mineur de quinze ans s’élevait à 17 euros.
Vous l’aurez compris, là réside l’info du jour.
Finalement, moi aussi, je pourrais rédiger des circulaires …
- J’ai bien fait attention à ne pas oublier le R … [↩]
- Saint patron des couteliers, tant il doit tenir ceux-ci en haute amitié. [↩]
- Pas la peine de râler, Mô, c’est du rugby, pas du foot, j’ai donc le droit d’en parler ici … [↩]
- Enfin, je suppose, je n’en suis en réalité pas certaine, mais il faut bien trancher – comme on dit à la Saint Jean-Baptiste. [↩]
- J’aime beaucoup ce terme, “rogomme”, parce que sa seule sonorité exprime sa signification, tout comme “pingre”, “remugle” ou “glaire” … Je suis sûre que cette catégorie de mots porte un nom précis, mais il m’échappe. [↩]
- Vous voyez la pub pour les yaourts à emballages verts, avec une grande flèche jaune pointant vers le bas dessinée sur le ventre du sujet ? Ce genre de gestes, cascading style shit, pourrais-je dire si j’étais geek. [↩]
- L’observation attentive de l’œuvre m’a d’ailleurs permis de déduire que les enfants de cette ville sont persuadés d’habiter un amas de crottes de lapin et de bouts de corde de couleur beige. [↩]
- Ne me demandez pas, je n’ai pas compris où était le problème. [↩]
Les citoyens s'en prennent toujours aux fonctionnaires sans comprendre qu'ils ne font qu'appliquer les lois.
Pour le reste, on retrouve les mêmes types de comportements dans le privé, mais il n'y a jamais personne pour le regretter...les gens acceptent de patienter 1h30 dans un cabinet de médecin mais pas dans l'administration. Pourtant dans le même temps ils souhaitent leur disparition et s'étonne par la suite. Mais ils ne se posent de questions quant au fait que le officines aurait pu refuser quelques consultations de trop dans son cabinet...
Relater un fait lorsqu'il paraît pertinent pour appuyer une idée, une vérité, d'accord. Mais là je ne vois pas où vous voulez en venir...
Signé : un juriste...mais dans l'administration.
C'est pire que ça, en fait : là , ce n'est même pas un avocat qui a commis ce texte, mais une magistrate - "assimilée fonctionnaire", donc !
Comme elle est je crois en vacances, je vous réponds à sa place : je suis, pour une part, celle de l'énorme masse de lois successives et souvent contradictoires entre elles, d'accord avec vous : ça ne simplifie rien.
Mais au-delà , convenez que, justement, l'on puisse considérer a fortiori qu'il convienne de les appliquer avec un tout petit poil de souplesse...
Je le dis avec le même humour que Marie a mis dans son texte (l'humour, au fait, n'a de sens que si on commence par se l'appliquer à soi-même, non ? ), on sait et comprend que les fonctionnaires, souvent, "ne font qu’appliquer les lois" : c'est exactement ce qu'on leur reproche !
Et croyez-bien, et si vous ne le croyez pas lisez le reste de ce blog, qu'on ne cesse, Marie comme moi, de s'appliquer à nous-même ce genre de regard critique, nous sommes les derniers à afficher que tout irait bien dans nos mondes à nous...
Marie ne voulait, je crois, "en venir" à rien d'autre que 1) raconter une historiette savoureuse, et 2) donner ainsi un exemple (entre mille : vous avez lu les commentaires ?) des situations administratives kafkaïennes dans lesquelles on se retrouve parfois, et parfois pour trois fois rien...
Autant les libéraux feraient effectivement parfois bien de se "réguler" un peu plus (mais en même temps il faut qu'ils mangent, et eux c'est aux chiffre que ça leur est permis, ça n'est pas automatique, hé hé...), autant l'administration, en particulier en contact avec le public, donc les "administrés", ne perdrait rien à s'humaniser un peu : c'est nous qu'on paye !
Les greffiers, d'ailleurs, sont un excellent exemple, la plupart du temps, de la passerelle qui peut exister entre un fonctionnaire et le monde des humains : ils la constituent ! (Amis greffiers, et surtout greffières, la bise au passage !)
Jamais vu d'iceberg par ici, du mazout, des algues vertes oui ou alors étiez-vous dans les côtes d'armor (ex côtes du nord) ?
Tcho
Les personnes placées à ces endroits sont souvent "briefées" par leur chef pour appliquer une procédure stricte, qui n'a voir avec la loi que de très loin. Dès que vous sortez du cas standard, ou lorsque l'explication de la procédure est mal faite ou mal comprise, il y a problème.
On rencontre la même chose dans le privé, dès qu'il y a des procédures à suivre dans un cas particulier: c'est un mélange entre respect de la hiérarchie, abandon de l'esprit critique en milieu professionnel, refus de s'impliquer dans son métier, désintérêt pour celui-ci, mépris plus ou moins visible de la part du chef pour les capacités (parfois limitées) de ses employés... bref, c'est explicable, pardonnable, mais insupportable malgré tout!
Et j'ajoute à l'adresse des législateurs qui nous liraient qu'avant de voter une loi compliquée pour appliquer une nouvelle procédure "géniale", il conviendrait de s'interroger sur la façon dont la base saura l'appliquer.
Ils ont refusé ma photo sous prétexte que l'on voyait mes deux épaules et pas de tissu (un col bateau quoi...). Il y avait donc une sérieuse présomption que je sois allée faire mes photos d'identité nue... et ça "c'est susceptible de poser des problèmes dans certains pays" (sic).
(Il y avait eu pas mal de vraies fausses cartes d'identité délivrées au vu des extraits d'actes de naissance, l'identification visuelle du demandeur n'étant pas possible -- les faussaires pirataient les bans de mariage pour obtenir les informations d'état civil et se faisaient faire des vraies cartes avec des extraits d'actes de naissance obtenus par correspondance, mais avec leurs propres photographies --, ce qui avait déclenché un flottement quelques temps dans les services...)
Je me permets de plussoyer un autre commentateur plus haut : à quand la suite d'Histoire Noire ?
Quant à Histoire noire, je n'en suis pas l'auteur, mais je promets de faire passer le message !
- je passe toujours les douanes avec un peu d'appréhension avec mon fils de 14 ans. Son passeport montre un espèce de garçon un rien poupon, avec de bonnes joues et des cheveux longs et un regard angélique, et il faut au minimum deux profileurs aguerris du FBI pour faire le rapprochement avec l'ado aux cheveux "en-gelé", à la mâchoire carrée et l'œil ché-guevaresque...
- je vis une partie de mon temps au Maroc. Il ont hérité de notre administration ubuesque, à laquelle ils ont ajouté la leur. Imaginez... Mais l'avantage, là -bas, où tout est source de business, il y a des "faiseurs de queue"... Le principe est simple. Pour quelques dirhams, un individu, muni d'un téléphone portable, va s'emparer de tous vos papiers et faire le parcours du combattant de l'administré à votre place. Vous vaquez à vos occupations et régulièrement, quand votre présence est indispensable, pour une signature, par exemple, il vous appelle et vous passez quelques secondes au guichet... L'administration crée de l'emploi...
Merci
Vous ne les voyez qu'une fois tous les 36 du mois ces fonctionnaires territoriaux indignes du qualificatif de service public. Moi, je bosse avec.
Tous les jours.
Toute l'année.
Depuis 12 ans.
Et j'en ai vus et revus parce que j'ai à peu près fait tout ce qu'il était possible d'expérimenter statutairement dans un parcours professionnel d'archiviste territorial. J'ai même tâté du privé. Et je puis vous assurer qu'il y a partout des feignasses, des nuisibles. Au Nord (8 ans entre Mulhouse et Beauvais) au Sud (4 ans entre Marseille et Montpellier) et, scoop, dans les mêmes proportions.
Ils ne travaillent pas, bon, c'est un problème de recrutement et de gestion de la collectivité qui souvent fait du social dans sa politique d'embauche (c’est plus le fait des élus qui, s’apercevant de leur erreur de casting, n’auront à les supporter au pire que la durée d’un mandat alors que la collectivité et les collègues de travail en prennent pour 40 ans et plus).
Ce que je ne supporte pas, c'est leur incapacité à prendre en compte l'autre. Si l'usager s'adresse à l'administration, c'est parce qu'il en a besoin et parfois un besoin vital. Ben, ils s'en foutent. Les autres sont au mieux des cons ou des emmerdeurs (donc encore des humains), mais plus généralement des objets ou des numéros. Je l’ai constaté outre dans les services divers et variés des mairies, les services départementaux (y compris et je dirais même surtout dans les services sociaux) ou les services sociaux, dans les hôpitaux (combien d’infirmières engueulent les patients parce qu’ils ont vomi ou fait pipi avant d’avoir pu appeler de l’aide ?).
Je comprends que le travail créé des névroses (d’ailleurs nous devrions tous arrêter ). Je comprends qu’il y ait de la souffrance. Je dis toujours que l’administration est une machine à fabriquer des fous. Parce qu’on nous fait payer très cher la sécurité de l’emploi, que celle-ci devient une prison, un jeu pervers. Quand le constat est posé, si on a suffisamment de recul sur soi-même, il avoir le courage de partir, de changer. Sinon, on se déshumanise en se cachant derrière les procédures et on devient pervers en maltraitant les usagers.
Dans votre article, Marie, à aucun moment on ne fait risette à vos petites. C’est ce qui me choque, ce manque d’humanité basique. Vous a-t-on au moins dit bonjour ?
Tout ce que vous dites est en partie vrai, et j'ai pu aussi signaler une situation cocasse. Cependant, on ne retient jamais que les trains qui n'arrivent en retard et pas ceux qui sont à l'heure. Globalement, les sondages montrent que les citoyens sont à peu près satisfaits de leurs services publics...sauf exception.
Autre petit détail difficilement apréhendable par le commun des usagers : la plupart du temps, vous avez face à vous, aux guichets, des gens qui font un travail profondément ch..., payé des cacahuètes (parce que ch...) bien que capital. Ils sont formatés (c'est dommage mais c'est le cas) à exécuter les directives sans réfléchir. Leurs supérieurs leur soufflent d'ailleurs vigoureusement dans les bronches dès qu'il font preuve d'un minimum d'esprit d'initiative. Car ces initiatives seraient susceptibles d'entrainer des conséquences politiques pour leurs élus ou leurs supérieurs.
Enfin, dernier détail, sans faire d'angélisme vis à vis de mes contemporains territoriaux, ceux qui ont rendu l'obtention des passeports et des CNI aussi difficiles à trouver que la toison d'or, certaines rares infirmières agressives parce qu'épuisées par manque de personnel dans les hopitaux, certains services sociaux blasés car ne pouvant accomplir leur missions, ce sont nos députés. Vous voyez là , en bout de chaîne les conséquences des décisions politiques. Ne vous trompez pas de cible !
Mais si vous allez à la permanence du vôtre, il se montrera sûrement affable, voire abondera dans votre sens pourvu que cela serve son camp. J'ai même entendu un maire essayer d'obtenir le nom du guichetier "fautif" alors que le pauvre hère s'était contenté, d'appliquer strictement comme son statut le lui impose, la note de service de service parue la semaine précédente...et signée du député-maire. Mais bien sûr; il avait du mal comprendre ou pire, tenter de saboter la politique municipale
Mais des cas ubuesques, il y en a aussi dans le privé, et des aimables-comme-des-portes-de-prison aussi et des planqués aussi ! bon d'accord, souvent les planqués du privé sont mieux payés que ceux du public !
Quelqu'un saurait-il pourquoi il est interdit de sourire sur les photos d'identité ? pour ne pas faire de publicité à certains dentistes ?
par peur que le sourire soit pris pour une injure ou une insulte à l'ordre public ?
Les feignasses existent bel et bien, arrêtons de nous voiler la face et de crier à la vertu outragée dès qu'un embryon de critique apparaît. Celles -là sont blindés contre les élus (quelle plaie, si vous saviez !), les supérieurs hiérarchiques (anges 30% ou démons 70%), la sauce affective dans laquelle votre service est pris (et se perpétue malgré le renouvellement, c’est à pleurer), les horaires à la noix, les usagers mal embouchés. Ils n'en ont rien à faire. C'est bien de ceux là dont on parle ici.
Parce que je sais combien la vie au travail et le travail peuvent faire mal, je ne traiterai jamais un collègue qui a baissé les bras, de feignasse. Simplement il faut aussi arrêter de souffrir et de rendre un mauvais service à soi et aux autres.
Oh, je n'en veux pas particulièrement aux fonctionnaires, le même comportement se produit avec des guichetiers du privé, des réceptionnistes d'entreprises, etc. N'empêche, dans mon pays étranger, les gens passent plus de temps avec la personne en face d'eux que le nez dans leurs papiers, leur ordinateur. Et je ne parle ici que des gens qui, par ailleurs, font bien leur boulot (i.e. pas de ceux qui passent leur temps à bavarder avec leurs collègues, ceux-là existent partout).
Quant au "petit détail difficilement apréhendable par le commun des usagers", il me fait penser à cette syndicaliste française que j'entendais récemment s'indigner à propos des retraites en disant qu'elle voyait bien que déjà à 60 ans, les gens étaient épuisés, alors les faire travailler encore plus, hein, quelle idée ! Sans penser un seul instant que dans bien des endroits, pouvoir s'arrêter à 60 ans serait déjà bien beau (je ne critique pas l'a propos, ou non, de la réforme des retraites, juste le fait qu'elle semblait trouver aussi incongru de vouloir faire travailler des gens "fatigués" que de vouloir faire respirer des gens dans l'espace)... Ici, c'est pareil : ben oui, c'est pas facile tous les jours, ils ne font pas un métier facile, mais c'est pas une raison pour ne pas faire un minimum d'efforts pour faire, oh, pas du zèle, non, juste pour ne pas donner l'impression à la personne en face qu'elle ne fait que déranger.
J'ai quant à moi eu plus de chance quand j'ai fait faire une carte d'identité + passeport à ma fille il y a 2 ans.
La Mairie m'avait conseillé nomément pour les photos un photographe professionnel, qui, je l'ai crains pendant toute la séance, aurait pu faire tomber ma fille.
Elle n'avait en effet que 6 jours sur la photo (et mesure donc sur ses papiers 0,47 m..). ! J'ai eu les papiers à temps pour partir à l'étranger (1er grand voyage à 1 mois et demi, la classe, non ? ) - Je vous dit pas la tête sur la photo et la CNI est valable 10 ans !!
Quant aux employés de mairie, de la sécu, de la préfecture (ceux-là c'est quelque chose !) et de l'administration en règle générale, PITIE : un sourire ! (d'ailleurs, les plus sympas et souriants sont souvent les plus compétents)
Il faut toujours avoir des photocopies de ses pâpiers d'identité (j'ai perdu tous mes papiers il y a 5 ans, je fais refaire mon permis de conduire -délai 6 semaines, je fais refaire ma CNI, et là , on me dit qu'il leur faut un doc avec photo prouvant mon identité (déclaration de perte, acte de naissance, livret de famille : rien à foutre), sauf que je n'ai plus rien, et que mon permis ne me sera donné que sur présentation d'une pièce d'identité..
le serpent qui se mord la queue, vous connaissez ? l'employé reconnaissait le casse tête, mais campait sur ses positions. Elle a fini par accepter une photocopie de ma CNI, mais moi j'en avais pas non plus (bon, j'ai retourné mon appart et j'ai fini par en trouver une).
Bref, on se marre bien dans les administrations
ensuite, j'ai déposé les 2 demandes, eh bien 3 semaines après on m'a appelé pour me dire qu'il manquait 1 signature dans le dossier de CNI de ma fille... c'est sûr ça prend bien 3 semaines de s'en rendre compte... et du coup le délai d'un mois pour faire la carte repartait du jour où je suis venue signer...
bref, on se croirait dans un mauvais film caricatural, mais c'est la réalité...
Déjà la référence à Dune d'un billet précédent m'avait laissé l'impression soudaine d'avoir pris 100 ans d'un coup (les magistrats - qui ont le pouvoir de vous mettre en prison - connaissent et manipulent les références culturelles que vous aviez acquises à 12 ou 13 ans et qui étaient complétement en dehors de la vue du monde des adultes normaux avec des responsabilités à l'époque)
(le pouvoir de vous mettre en prison s'entendant au sens théorique bien sûr, je suis sage comme une image).
Enfin bref faut pas faire ça, je vais finir par pas m'en remettre.
– Demandez aux renseignements, ils vous renseigneront:mrgreen:
Sa cousine a trouvé le truc...leur grand Mère commune ayant toujours la nationalité Italienne, ils (elle et ses enfants) vont a l'ambassade d'Italie qui avec leurs simples anciens papiers Français et leur livret de famille, leur délivre immédiatement un magnifique .... Passeport Italien !!!!
Ce sont donc des Français qui voyagent en tant qu'Italiens... c'est beau l'Europe !!!
Et au passage, ta geekerie est excellente !
Au fait, dans ses multiples brouillons, tu ne pourrais pas réussir à publier, par "inadvertance", la suite d'HN, en prétextant un bug de WP ?
Quant à HNV, à ma connaissance, il n'est pas encore à l'état de brouillon, à moins que le Maître n'ait encore fait son timide en le stockant ailleurs pour que je ne le voie pas, ce qui lui arrive désormais (pfff ...).
La différence avec un enfant de trois ans c'est que ça remue nettement plus qu'un bébé. En plus, ce jour-là il avait décidé d'emmener un appareil photo (sans pellicule) et arrêtait pas de mitrailler les fonctionnaires avec son flash. Du coup je pense que ça a légèrement accéléré le temps de procédure !
Sinon, si MiniMarie ou MicroMarie avait décidé de passer en mode "alarme de bagnole" pour manifester son ras-le-bol d'attendre, est-ce que cela aurai pu être considéré par l'agent de mairie comme une agression et donc porter plainte ?
Cette somme est un forfait du timbre fiscal + la photo pour les enfants âgés de 14 ans. Cela veut dire qu’ils auraient pu même se passer des phots que vous leur avez présentées en prenant les enfants en photo sur place.
Récemment j’ai renouvelé ma carte d’identité. J’ai fait la queue pour récupérer la nouvelle sans même présenter le récépissé. Il s’est perdu.. A la différence des 4 personnes qui faisaient le queue devant moi ,est que ,j’avais accordé deux mois et demi à l’administration pour le renouvellement et non 5 semaines comme il m’a été dit. C'est logique : Quand on aime on doit pas compter. Les 4 personnes devant moi sont parties bredouilles. Je ne vous dis pas la tête angoissée de celles qui étaient dans la longue file après chaque recherche qui se soldait par un échec. Lorsqu’elles ont vu qu’en ce qui me concerne ,lorsque mon tour était arrivé que ma carte était bien là ,toutes et je vous dis bien toutes les personnes ,m’ont sauté dessus certaines curieuses de savoir quand j’avais déposé le dossier et d’autres simplement pour me féliciter .
Sinon ,j’avoue que lorsque je me déplace dans certaines administrations ,je le fais et je le dis sérieusement ,avec beaucoup de plaisir et je suis persuadé que ça se voit sur ma tête. Ce sont des moments rares que j’affectionne particulièrement . Bien entendu ,je m’arme à chaque fois d’un journal ou d’un livre pour ronger le temps en cas d’échec de mon attente mais en réalité j’ai rarement eu l’envie de me détourner de ce qui se passe devant moi dans la salle .
Je me souviens ,lors d’un renouvellement de mon passeport il y a une dizaine d’années, la discussion avec l’agent devant moi était partie très loin . On était arrivé à parler de Chirac alors qu’il était le président à l’époque. Un autre agent s’était levé pour venir susurrer à mon interlocuteur qu’il ne pouvait se concentrer sur ce qu’il avait à faire à cause de nous tout en lui rappelant de faire attention car il était soumis à l’obligation de réserve. On a fait attention en baissant le volume sonore ce qui compréhensible.
La deuxième a été la demande de carte d’identité pour petite fille n°3 âgée de 6 semaines. Demande faite avant d’en avoir besoin, histoire de ne pas se faire avoir cette fois-ci. J’ai donc fait une photo chez le photographe. La photo a été retouchée, ce qui est strictement interdit par la loi ! Mais ainsi, ma main qui soutenait la tête a été effacée. Et puis j’ai rempli le dossier, indiqué la taille mesurée à un mois, dont je savais qu’elle était déjà largement dépassée, et certifié que les informations fournies étaient exactes. Et l’employée de mairie a pris l’empreinte du minuscule petit doigt, tout en s’exclamant que c’était tout à fait ridicule de faire une carte valable 10 ans pour un bébé de quelques semaines, même si ce bébé doit passer la frontière belge pour aller voir ses grand-parents.
ah oui, le CSS, il fallait oser, mais j’adore
Bon c'est mon premier commentaire ici, mais je tenais à exprimer à quel point j'apprécie de vous lire, Mô et Marie !
C'est quand même fou de voir à quel point un simple renouvellement de papiers d'identité peut tourner à la galère, aussi bien pour le demandeur que pour l'employé/fonctionnaire qui n'a pas l'air d'en savoir plus (à force de changements tous les 15 du mois ?)
Plus de clarté dans les démarches arrangerait tout le monde (... à moins que cela n'enlève du travail aux fonctionnaires qui du coup serait trop efficaces ?). Je m'étonne toujours (je ne devrais peut-être pas) des lourdeurs de l'administration française quand je vois le niveau et l'efficacité du service en Asie (en tous cas au Japon, où je vis, et à Hong Kong, où je suis passée).
Mais bon. On finit par s'y faire, j'imagine