Un vieux (et bref) souvenir d’audience, remonté à la surface il y a deux jours, pour des raisons évidentes …
“Ce dossier-là , je vais le garder. Il risque d’être un peu délicat à gérer, pas techniquement, mais émotionnellement. Les homicides involontaires, c’est souvent un peu dur, mais les circonstances de celui-ci …”.
Pas de problème. Je suis auditrice de justice, je préside déjà les trois quarts des dossiers prévus sur cette journée d’audience correctionnelle. Si la présidente veut conserver ce dossier, je ne vais pas le lui disputer.
L’audience s’ouvre sur ce dossier, qui devrait selon les prévisions du Parquet occuper une bonne partie de la matinée. A l’appel de son nom, Mme X s’avance, élégamment vêtue, manifestement très âgée mais droite comme un I. Elle décline son identité, et notamment sa date de naissance : elle a 83 ans. Pas de casier judiciaire, évidemment.
La présidente indique qu’elle est poursuivie du chef d’homicide involontaire sur la personne de Thierry L. et expose les faits, survenus alors que, comme chaque jour, Mme X était allée se recueillir sur la tombe de son défunt mari. Ayant satisfait à ses devoirs, elle a repris son imposante berline, garée devant le cimetière, et pour s’épargner d’aller faire demi-tour au rond-point situé à 50 mètres à droite, a traversé perpendiculairement la voie de circulation et la ligne blanche pour partir directement à gauche.
Le cimetière est situé peu après une sortie de virage, et Thierry L., qui arrivait en moto à une vitesse que les témoins estimeront normale, a tenté de freiner en voyant la berline traverser sa voie de circulation, mais n’est pas parvenu à éviter de percuter son aile arrière gauche.
Mme X, après avoir parcouru quelques mètres, a aperçu un homme courant après sa voiture en faisant de grands gestes. Elle s’est arrêtée sur le bas-côté, et en allant à sa rencontre a réalisé qu’un attroupement s’était formé devant le cimetière. Tandis que l’homme l’informait qu’elle venait d’avoir un accident avec un motard, elle est revenue avec lui au niveau du groupe, qui entourait un jeune homme gisant dans une mare de sang, le visage visiblement ensanglanté sous son casque, inconscient, la jambe droite arrachée.
Les secours sont très rapidement arrivés sur place mais n’ont pu que constater l’état désespéré de Thierry L., qui est décédé durant son transport à l’hôpital.
Mme X n’a pas bronché en écoutant, debout à la barre, le résumé des faits qui lui sont reprochés.
Une femme et deux adolescents, assis au banc des parties civiles, pleurent doucement, presque sans bruit.
“Pourquoi avez-vous traversé la voie et la ligne blanche, Madame ?
– Parce que tout le monde le fait. Je le fais tous les jours.
– Vous n’ignorez pas qu’il est interdit de faire demi-tour comme ça ?
– Non, mais comme tout le monde le fait … Et puis, je n’ai jamais été arrêtée par la police à cet endroit-là . D’ailleurs, je le fais encore aujourd’hui. (frémissements dans le public, le Procureur sursaute et lève les yeux au ciel)
– Pourquoi ne pas faire demi-tour au rond-point, qui est prévu pour ça et situé tout près ?
– Parce que ça ne sert à rien, on voit très loin à droite, et suffisamment à gauche.
– Manifestement pas, Madame, car outre le fait que la ligne continue ne peut en aucun cas être franchie, je vous le rappelle, si vous aviez eu une visibilité suffisante, vous n’auriez pas manqué de voir le motard arriver sur votre gauche.
– Effectivement, je ne l’ai absolument pas vu. Il devait aller trop vite. Les motards, ils sont imprudents, aussi …
– Ce n’était pas le cas de Thierry L., l’enquête l’a établi. Comment se fait-il, Madame, que vous n’ayez pas senti, ni même entendu la moto vous percuter, d’après ce que vous avez déclaré ?
– En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. J’ai senti un petit choc, mais je me suis dit que ce devait être un chien ou quelque chose comme ça, j’ai donc poursuivi ma route, ce n’était pas important.”
Durant les cinq secondes que la présidente, comme le reste de l’assistance, je crois, met à déglutir après cette déclaration, l’un des adolescents sort en tremblant de la salle, tandis que sa mère et sa soeur laissent échapper un gémissement. L’avocat de Mme X semble quelque peu rétrécir aux côtés de sa cliente …
La déposition de Mme X se poursuit, avant que la présidente ne donne lecture des témoignages. La mère de Thierry L. est ensuite appelée à la barre, et décrit sa douleur lorsqu’elle a reçu l’appel de la police, lorsqu’il a ensuite fallu annoncer la mort de leur frère à ses deux autres enfants, à son mari, qui est “trop abattu pour venir aujourd’hui”. Elle a dû prendre en charge l’éducation de la petite fille de Thierry, qui était veuf, à qui elle a dû expliquer que son papa ne reviendrait pas et qu’elle vivrait désormais chez ses grands-parents. Elle tient une photo à la main, sans nous la montrer. Je suppose alors que c’est pour se donner du courage.
Mme X, pendant ce temps, est assise auprès de son avocat et n’écoute manifestement pas la partie civile. Elle semble éprouver un profond ennui, regarde fréquemment sa montre.
L’instruction de l’affaire prend fin, l’avocat de la partie civile plaide pour la famille de Thierry L., soulignant qu’ils n’éprouvent aucune haine envers la prévenue, mais seulement envers le destin qui leur a brutalement enlevé leur fils, frère et père. Le Ministère public requiert une peine d’emprisonnement avec sursis, et une annulation de permis de conduire à l’encontre de Mme X, dont il fustige l’insouciance et le défaut total de remise en question de son comportement. L’avocat de Mme X plaide son âge, son casier vierge, la configuration délicate des lieux, son honorabilité …
Mme X revient à la barre à l’invitation de la présidente, qui lui demande si elle a quelque chose à ajouter pour sa défense.
“Oui. Je regrette.
– Vous regrettez d’avoir tué ce jeune homme ou vous regrettez de passer devant le Tribunal, Madame ?1
– (Regardant la présidente droit dans les yeux) Je regrette d’être là .”
L’audience est suspendue, Mme X retourne dans la salle, sans un regard pour la famille L..
Tandis que nous délibérions sur cette affaire est survenue la scène suivante, qui m’a été racontée par un avocat tiers : Mme L. s’est approchée timidement, sans agressivité aucune, de Mme X qui discutait avec son avocat et lui a montré la photo de son fils. Elle lui a dit, doucement : “Madame, regardez mon fils, s’il vous plaît. Je ne peux pas dire que je ne vous en veuille pas, parce qu’il me manque tous les jours et que je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il serait encore avec nous si vous n’aviez pas croisé sa route. Et je crois que je vais avoir du mal à oublier, à partir d’aujourd’hui, que c’est juste parce que vous ne vouliez pas prendre la peine d’aller jusqu’au rond-point qu’il est mort. Mais ce n’est pas ce que je voulais vous dire, parce qu’un jour, on vous pardonnera. L’important, c’est que vous ne pouvez manifestement plus conduire, Madame. A votre âge, c’est normal, il faut trouver d’autres solutions, sinon on peut créer des drames. Madame, s’il vous plaît, regardez mon fils, et dites-moi que vous allez arrêter de conduire. S’il vous plaît, Madame, je peux supporter la peine, mais pas l’idée que vous allez peut-être tuer un autre jeune homme comme lui. S’il vous plaît, ne conduisez plus.”
Mme X l’a regardée, assez froidement, n’a pas jeté un cil à la photo que lui tendait la mère de Thierry L., et a fini par marmonner quelque chose qui ressemblait à “oui, bon, on verra bien”.
L’audience a repris. Nous avons condamné Mme X à 18 mois d’emprisonnement avec sursis et prononcé l’annulation de son permis de conduire, avant de passer à l’examen d’une autre affaire.
Mme X a fait appel du jugement.
Quelque temps après, j’ai eu l’occasion de discuter avec son avocat, et nous en sommes venus à parler de Mme X “cliente difficile”, comme il la qualifiait. “Je n’ai jamais compris son indifférence, m’a-t-il dit2 . Et quand je la vois passer depuis, chaque jour, devant mon cabinet avec sa grosse BM, elle me fait froid dans le dos.”
Il y a des jours, comme ça, où on perd un peu foi en l’humanité. Ces jours-là en particulier, on est heureux de lire le récit de Maître Mô …
Terrifiante histoire ou vraiment je ne comprends pas le requisitoire du Ministere Public: homicide involontaire consequent au manquement a des regles (code de la route) Le CP prevoit jusqu'a 5 ans d'emprisonnement et 75000 euros d'amende.
Cette femme non seulement n'affiche pas de remords (pas même hypocritement), mais au contraire fait montre d'une indifference totale probablement liee a un trouble de la personnalité (qui n'est pas necessairement la resultante d'une pathologie mentale).
Du sursis certes au vu de son grand age, la suspension du permis de conduire pour eviter un nouveau drame, mais pourquoi pas des dommages et interets d'au moins du montant de son vehicule? Pour que cela lui coute au moins symboliquement!
Je suis une neophyte en matiere de Droit, aussi ma remarque ne tend elle pas a remettre en question le jugement rendu mais plutot a le comprendre.
Et surtout, pourquoi annuler l'annulation du permis en appel ? Une petite argumentation me "rassurerait" sur le bienfondé de cette décision.
Et si cette X habite une ville moyenne, que la police locale est au courant de ses antécédents, de sa condamnation et de son grand sens civique, ne pourrait-elle la choper au croisement quotidien de la ligne jaune ?
Et pour en faire quoi ? Ca, c'est une autre question.
Une petite histoire bien racontée, qui fait froid dans le dos... Travaillant en EHPAD en tant que psychologue, je suis étonnée que l'état mental de cette personne âgée n'ait pas été évalué. Saviez-vous que 80% des personnes âgées en maison de retraite souffrent de troubles cognitifs? Et les 3/4 du temps (voire plus), ils ne sont pas diagnostiqués à leur entrée... Impulsivité, comportement stéréotypé qu'elle n'arrive pas à remettre en question (la visite, tous les jours, le croisement de la ligne blanche, tous les jours aussi), avec des capacités langagières relativement préservées mais qui cachent peut être des capacités conceptuelles bien moindres (d'où une partie de "l'indifférence"?)... je miserais plus sur un syndrôme frontal que sur un cas de psychopathie mais je trouve dommage que cela n'ait pas été vérifié. Et je ne comprends pas qu'on n'ait pas de moyens légaux d’empêcher réellement ce genre de personne de conduire, déjà que les réflexes diminuent avec l'âge, une fois que le cerveau flanche cela ne fait que s'aggraver...
je ne suis pas médecin mais la description de cette personne fait fortement penser à une psychopathe: http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychopathie
dixit wikipedia
Pour moi, les symptômes évoquent plutôt ceux de l'égouïsme.
même source
Pour Algernon : dura lex sed lex.
Et en plus on la laisse reconduire... le comble..
Mme X. a "fait comme tout le monde" (ce sont ses mots), et en vient à tuer une personne se trouvant là au mauvais moment.
Même si ce n'est pas réellement en rapport avec la justice (c'est plus de l'ordre du comportement responsable -ou pas- que l'on est tous censés avoir), je trouve que c'est un élément notable de ce billet.
En tous cas, ça laisse plus de marbre que le billet précédent qui, je dois l'avouer, m'a arraché une larme. =)
Mais peut-être son attitude est-elle sa manière à elle de se défendre psychologiquement ? Une sorte de déni de quelque chose qui lui est insupportable ?
D'accord, j'ai souvent tendance à trouver des excuses à tout le monde...
Tiens, j'ai lu "les actualités" ce matin et j'ai appris qu'une compagnie de CRS s'était fait mettre en arrêt maladie pour protester contre la fermeture de la caserne où ils avaient leurs petites habitudes... Donc, en fait, ils sont dans une forme de grève, ce qui est interdit par la loi, ils ont simulé une maladie en vue d'obtenir un arrêt (à moins qu'ils aient fait pression sur des médecins en usant de leur fonction), et nous ont spoliés, nous les assurés sociaux.
J'y vois matière à au moins trois délits. Qui portera plainte contre eux ? Seront-ils radiés de la police ?
Je me soigne, mais je ne suis pas à l'abri d'une rechute...
Ils n'ont pas refusé d'obéir. ça va sans doute se finir par une petite prime et la mise en place d'une cellule psychologique pour les aider à passer le cap si douloureux du déménagement et pour nombre d'entre eux les affres de la séparation, après de longues nuits passées ensemble dans l'ambiance si virile des chambrées de CRS....
Mme X est une citoyenne ordinaire, qui comme tout citoyen ordinaire a peu de chances de se retrouver devant une cours d'assises ou un tribunal correctionnel. Parce qu'elle n'est pas tentée par la commission d'infractions
En revanche comme tout citoyen ordinaire, elle peut se retrouver auteur de violences routières involontaires. Je ne suis pas de nature à commettre des infractions et pourtant, cela peut m'arriver aussi.
Et par un acte aussi quotidien que prendre sa voiture, je peux me retrouver devant un juge.
Peut on expliquer sa réaction ou son absence de réaction par le fait qu'elle n'assume pas le fait d'avoir causé la mort, ou tout simplement par le fait qu'elle ne comprenne pas que cela a pu lui arriver, à elle, citoyenne au dessus de tout soupçon et qu'elle ne supporte pas le fait d'avoir a été rattrapée par la patrouille ?
même si on peut y prendre des leçons ...
Mais je partage assez votre analyse de la réaction de Madame X. Ce qui me frappe, c’est qu’elle ne se contente pas d’être insensible humainement à la situation, mais plutôt qu’elle tient des propos dont elle doit savoir qu’ils sont de nature à l’enfoncer. Éviter de regarder cette souffrance en face, ça suppose de revendiquer qu’elle a agi normalement, que tout ça n’est que le fruit de circonstances qui ne la regardent pas...
Et sérieusement, ô Thémis de notre cœur, y-a-t-il une excuse de sénilité comme il y a une excuse de minorité ? A partir de quand le grand age devient il un facteur minorant de la peine appliquée aux justiciables ?
On est déjà lundi, donc 3 jours après ce texte, et l'on n'a toujours rien à se mettre sous
la dentles yeux. Maitre et Marie, on s'est habitué à une histoire tous les 2 joursSinon, n'est-il pas possible de rendre la décision de 1ère instance exécutoire nonobstant appel?
Compte tenu de la dangerosité, ça n'aurait ptêt pas été superflu...
Et une saisie du véhicule (objet du délit) n'était-elle pas envisageable?
Que dire, cette personne n'a peut être plus les affects d' un être humain, qu'elle se laisse vivre, tout simplement; son attitude est inexplicable, toutes les hypothèses avancées par les commentaires peuvent être justes.
au responsableà l'assureur du responsable, ce genre d'attitude ?D'ailleurs l'avocat de l'avocat, qu'a-t-il plaidé ?
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Non, parce que, c'est bien joli, les ronds-points, mais ça oblige à consommer de l'essence dans la berline, alors qu'un minuscule demi-tout sur place, trois fois rien : résultat, bilan carbone hyper-favorable à cette manœuvre, ce d'autant plus que du même coup, une pétrolette en moins...
Bon, je vous demande pardon, c'est vendredi...
Je repars me terrer.
J'ai aussi pensé au problème des retraites et des prisons.
auto-suffisance...?
(pas taper, merci......)
N'empêche, si j'étais avocat je préfèrerais, d'un point de vue personnel, défendre des minables malfrats plutôt qu'une bonne femme de ce genre. D'un point de vue matériel, j'imagine qu'une bonne femme comme ça, j'imagine qu'un client comme ça doit permettre de faire aussi dans le malfrat fauché sans trop encourir de foudres financières diverses.
Et j'ajoute que je pense que ce qu'à fait cette femme est plus grave que pour le cas de Noël: elle elle a parfaitement conscience de la gravité de ces actes et n'en a rien à faire...
Ca me fait un peu penser aux personnes en Enfer: ils ont le même comportement intérieur de refus de considérer autre chose comme pouvant être plus important qu'eux (ici rien n'est plus important que le confort de la dame de pouvoir conduire...)
Quant au fonctionnement psychologique des damnés, là , vous me passionnez ! Dans quel père de l'Église avez-vous été chercher cela, à moins que vous n'ayez personnellement une ligne directe avec la Géhenne ?
Enfin, à ma connaissance, le Jugement Dernier étant fort heureusement remis aux calendes grecques, sans jugement point de damnés. Ainsi raisonnait audacieusement un autre pontifiant, votre ligne serait donc aux damnés absents...
Pax et laeticia tecum
Pour le reste, "l'a pas fait exprès, l'est vieille..." c'est un peu léger sur ce coup là . La présidente n'a pas voulu la faire parler davantage, lui faire comprendre la gravité des faits, ou c'était peine perdue ?
Un sachet de sucre dans le réservoir devrait éliminer le problème (également l'héritage si vous vous faites surprendre), le perçage du réservoir (avec un poinçon en bronze pour éviter de se faire sauter la tête), le crèvement des 4 pneus aussi. En bonus, vous risquez d'augmenter le CA de Maître Mô.
Sinon, une demande d'HDT ou d'HO mais ce sera dur à crédibiliser.
Rule n°1 : ne JAMAIS avouer !
La "Guy Mardel rule" !
ça c'est de la "culture" !
Quant à cette dame... il faut simplement souhaiter qu'elle ait, un jour, un instant de lucidité... et de repentance sincère.
Mon grand-pere (maintenant decede) tenait absolument a sa mobilite apres une operation, mais apres avoir ete dans une voiture qu'il conduisait, je me suis rendue compte qu'il etait tres distrait et voyait mal, et un danger pour les autres sur la route. Je ne savais pas vers qui me tourner pour l'arreter... Que peut-on faire dans ces cas la?
Mais je vous imagine fort bien en dentelier :p
Une solution "light", décharger la batterie.
Quant à faire dans la dentelle, et bien, comment dire, quand on a affaire à ce genre de situation, on se rend compte qu'il vaut mieux prendre des mesures concrètes que de discuter gentiment. Ne plus pouvoir prendre la voiture, c'est, pour certains, un symbole terrible très difficile à accepter.
D'où l'intérêt du sabotage de voiture. Je n'avais pas suggéré de retirer la courroie de distribution mais c'est efficace.
La responsabilisation devrait l’emporter sur la peur du gendarme mais c’est hélas l’inverse. On s’inquiète des amendes, des pertes de points, des suspensions de permis que nos comportements peuvent entraîner, rarement des victimes potentielles de nos excès de vitesse, de notre fatigue, de nos verres de trop, de nos appels téléphoniques au volant etc etc
Ce comportement de la vieille, c’est le nôtre. Prendre la voiture est un acte quotidien qui peut faire basculer la vie de nos familles. On n’imagine pas en prenant sa voiture le matin que l’on va tuer quelqu’un, ça ne peut arriver qu’aux autres, et pourtant Comme tous, je suis persuadé de conduire correctement, et d’ailleurs j’excelle dans l’art de constater les erreurs de conduite des autres (ah, vous aussi ?) sans remarquer les miennes.
Reste que le comportement de la vieille au tribunal est insupportable. J’y vois le refus d’admettre qu’elle a ôté la vie de quelqu’un. Cela ne pouvait pas lui arriver, pas à elle, elle est trop bien pour ça.
Comme souvent, je trouve la sanction légère, malgré son âge, un petit TIG à Berck lui aurait fait le plus grand bien.
La dame a continué de franchir la ligne blanche tous les jours même après l'accident ! Au propre et au figuré
Je suis très étonnée par la différence de ton des commentaires. Autant Beaucoup voyaient en Noël un monstre, et soulignaient le mérite de Maître Mô d'y avoir cherché et trouvé de l'humanité (ah que les mots sont peu précis finalement), autant beaucoup ont ici de la "compassion" pour la "vieille" dame et cherchent une explication à ses actes et ne songent pas un instant à la qualifier de "monstre".
Il me semble pourtant qu'il y a aussi quelque chose du même ordre ! du "pas beau" du tout !
Je l'imagine bien cette vieille dame pensant ou disant "place, manants". Comme une certitude d'avoir tous les droits.
Aussi étrange que cela puisse paraître, je pense que dans chaque "monstre" que la societé désigne on voit sa part d'humanité, c'est ce qui nous les fait appeler monstre. Ils nous font peur, parce qu'on voit en eux ce que l'on pourrait être. Alors quand on peut se rassurer, excuser, on le fait. Au cas où...
Membre des glorieuses forces de l'ordre de ce magnifique pays ( ou des magnifiques forces de l'ordre de ce glorieux pays), j'ai eu le devoir d'aller annoncer à plusieurs reprises ( 5 exactement, mais c'était bien assez) à des parents, des épouses, des enfants, qu'ils ne verraient plus jamais leur enfant, leur mari, leur père parce qu'ils avaient eu un accident. Quand on les revoit quelques jours plus tard c'est l'inverse: les femmes se sont redressées et les hommes se sont effondrés. Plus tard, quand vous les croisez, ils vous saluent à peine, ou s'effondrent à nouveau parce que vous êtes celui qui leur a annoncé le drame.
Je ne suis donc pas vraiment du genre à prendre les auteurs en pitié, sachant dans trois des cas j'avais moi même constaté l'accident.
Mais il se trouve que ce blog traite de justice et pas de morale.
Et comme on donne du sursis à des auteurs de violences volontaires aggravées, je ne vois pas pourquoi on sanctionnerait plus lourdement l'auteur d'un acte involontaire, quand bien même celui-ci a entraîné la mort.
Cela me froisse de dire cela mais c'est la vérité.
Est-elle plus coupable par son comportement au tribunal que si elle y avait fait bonne figure. Je ne pense pas, ou alors il suffit au délinquant de se raser et de mettre en costard pour changer la donne. Ce qui est fait est fait. Ce qui compte, c'est la manière dont cela s'est passé le jour J, pas l'apparente façade de l'auteur des faits à l'audience.
Mais une fois encore... c'est nous que nous regardons au fond et pas eux. Cruella se fiche, dans sa berline, que sur un blog nous la blamions ou la plaignions.
Voilà pour le coup de grogne de la soirée !
Je préfère notre compassion, notre empathie de comptoir à l'indifférence qui ne fait avancer personne. C'était mon coup de grogne du dimanche.
Enfin, je vous expliquerais sans doute mieux ma pensée exacte si je récupérais quelques heures de sommeil avant !
Je me rappelle (au risque de raconter ma vie, mea culpa) d’une période où ma sœur était vraiment au plus mal, la société l’avait clouée au pilori pour une maladie qui la tuer petit à petit. Elle en voulait à la terre entière et ne comprenait pas que l’on puisse essayer de les comprendre les gens qui lui faisaient tant de mal. Victime de leur méchanceté, elle tempêtait. Ma mère m’a toujours dit, peu importe qu’aujourd’hui elle ne nous écoute pas, qu’elle ne nous comprenne pas, il ne faut pas baisser les bras, parce qu’un jour sans qu’on sache pourquoi, il y aura un déclic et elle comprendra. Et effectivement le déclic a eu lieu, la personne ne lui disait rien de plus que nous mais ce jour là elle était prête à l’entendre.
C’est en cela que faire preuve de compassion, quoi qu’il m’en coute, me semble important. Ces personnes peuvent se moquer de nous, jusqu’au jour où ils auront le déclic, et qu’ils se mettront à voir les choses autrement. Ce ne serait pas la victoire de celui qui ce jour là a dit la phrase clé, mais bien de tous ceux avant qui ont espéré. On a abandonné trop souvent des gens jugés irrécupérables par facilité, je m’y refuse.
Je ne sais si ma pensée est correctement transcrite, mais c’est ma politique de vie : on n’abandonne pas les gens qui croisent nos vies sous prétexte qu’on condamne leurs actes, on les soutient pour qu’un jour ils aient une chance de comprendre.
En matière de crémation sorcelière, il n'est pas question de sauver quelque âme que ce soit car l'âme est déjà perdue lorsqu'on en arrive à cette extrémité. Ces dames ont été jugées sorcières ou hérétiques (on peut joindre l'utile à l'agréable) par le tribunal du Saint-Office, elles sont donc exclues du peuple de Dieu (ne reçoivent donc pas l'absolution ni la communion) et remises au bras séculier, Ecclesia sanguinem abhorret dixit "Sub Lege Libertas".
Lequel bras séculier n'ayant rien à faire de ses dix doigts s'empresse de se les rôtir toutes grouillantes histoire, de les retrancher du monde des vivants en les initiant au feu éternel, de distraire le badaud, de faire marcher le commerce ambulant, (Chichis ! Pommes d'amour ! Merguez ! Demandez les merguez...) et enfin d'édifier le peuple de Dieu par ce spectacle réjouissant et hautement éducatif. En effet, n'est-il point bon de de faire brûler quelques têtes pour que les autres réfléchissent...
Si ces braves dames, avaient réchappé aux douceurs
de la garde à vue, de la question ordinaire et/ou extraordinaire et qu'avouant leurs erreurs, elles faisaient repentance, leurs âmes étaient en effet sauvées et elles échappaient au feu pourrepartir chez elles sur leur moignonspour finir recluses dans quelques couvent où elles servaient d'exemple moins récréatifs mais plus durables.Par contre, mon cher évêque, auriez-vous de quoi étayer vos propos, je n'arrive pas à les confirmer et cela me dérange.
Pour les plus jeunes d'entre nous, vous y apprendrez (en anglais, mais cela ne peut se concevoir qu'en anglais ... Ne parlez pas de traduction, bande d'hérétiques ! ) comment démontrer, sans trop de torture, l'état de sorcitude
Quant à Madame O'Donnell, sorcière et relaps ; hop ! Son compte est bon.
Je ne comprends pas ce que vous avez voulu dire en parlant des femmes qui se redressaient.
C'est le manquement à l'obligation de sécurité (le non respect du code de la route) ci-dessus qui est volontaire, pas l'homicide. Il n'y a pas intention de tuer, mais bien intention d'enfreindre le code de la route
Les femmes perdent tout contrôle à l'annonce du drame mais quelques jours plus tard elles font preuve d'une force surprenante. C'est l'inverse pour les hommes. C'est un constat empirique, pas une étude scientifique.
Et pour ce qui est du manquement eu respect du code de la route, savoir que cette femme, malgré ce qu'elle a provoqué, continue à traverser la ligne blanche en quittant le cimetière me fait penser que c'est plus qu'un manquement.
La réitération postérieure à l'acte n'a rien à voir avec l'acte (hélas) pour lequel la personne a été jugée (en dehors de l'état de récidive, qui ne s'applique pas ici,
Nous pourrions en discuter des heures mais hélas ( je fais parmi de ceux qui en sont choqués) : le droit n'est pas la morale.
Cela tranche avec une femme manifestement d'une intelligence normale, en pleine possession de ses moyens, largement capable de comprendre, responsable, qui se montre glaciale, qui n'éprouve aucun regret, aucun remord, aucune volonté de s'amender, aucun changement de comportement (cette femme présentait, au procès, toujours un risque, et continuait à commettre une faute, et l'avouait franchement). Aucun effort, même, pour simplement épargner plus de douleurs que cela à la famille du défunt pendant le procès. Alors qu'elle en était manifestement capable.
Je pense que presque n'importe quelle faute, n'importe quelle horreur, peut être au moins à demi pardonnée pour peu qu'elle s'accompagne d'un regret, d'un remord, d'un repentir sincère, d'une volonté sincère de s'amender, enfin... de quelque chose qui puisse se comprendre comme étant une forme de désapprobation de son acte passé. Laisser entendre, même maladroitement, "je désapprouve mon propre acte" suffit souvent à adoucir fortement les velléités de ceux qui voudraient marquer la même désapprobation mais plus durement. "S'il se condamne déjà tout seul, je n'ai pas besoin de le faire pour lui".
Quand on ne fait même pas cela, alors qu'on a l'aptitude intellectuelle de le faire, il faut s'attendre, clairement, à se le voir reprocher - autant son acte initial que son refus de s'amender - avec d'autant plus de force.
On peut avoir ses raisons de ne pas exprimer ou ne pas ressentir de regrets. Mais il faut savoir assumer la rage que ça a tendance à produire chez l'autre.
De la même manière, il est nécessaire qu'il y ait une sanction appropriée. Cela évite la vengeance (à la Corse comme je l'ai lu plus haut)
Je ne sais pas comment je réagirais si l'un de mes proches disparaissait dans un tel drame, mais certainement pas comme nos amis belges (reste que dans beaucoup de cas, l'alcool, la drogue , la vitesse ou autre faute sont prouvés, le pardon est donc plus difficile...)
Pour moi, j'ai tout autant de mal à comprendre et admettre son indifférence qu'à tenter de comprendre le comportement du protagoniste du récit précédent.
J'ajoute que si j'étais parent de la victime, j'aurais été fortement tenté d'augmenter les ventes du concessionnaire BMW local en détruisant la voiture à coups de batte devant cette absence totale de prise de responsabilité de la "carne". Tant pis pour la bienséance, et pour le passage subséquent devant le tribunal du coin.
Pour ma part cette femme est juste une vieille peau, une conne ordinaire, peut importe son âge, je la trouve méprisable.
J'espérais à la fin qu'elle prenne de la prison ferme.
Pas parce qu'elle a tué un homme, mais parce qu'elle se moque des conséquences de ces actes, parce qu'elle ne fait preuve d'aucune humanité envers la famille de la victime.
C'est le manque total de remise en question qui met en évidence qu'elle pourrait tout à fait tuer de nouveau en attendant son appel puisque si je ne dis pas d’ânerie l'appel est suspensif donc elle conduit toujours pour le moment.
Peut être que du ferme l'aurait secouée. Puisque pour moins de 2 ans il y a des aménagements de peine j'avoue que j'aurai trouvé cela normal.