Garde, oui, à  vue, non.

Je crois que c’est l’âge, mais je constate que j’ai de plus en plus de mal à  supporter la bêtise, qu’il s’agisse des gens ou des règles -et celles qui encadrent les gardes à  vue et l’intervention de l’avocat dans le cadre d’icelles me frappent tout à  coup plus nettement encore qu’avant quant à  leur idiotie crasse, leur totale inanité, et, pour le dire simplement quoi que très en colère, le fait qu’elles ne constituent en réalité qu’un simple et pauvre gargarisme -droits de l’homme, droits de la défense, présomption d’innocence, et tout ça et tout ça… Il faut dire…

Lourd Léger !

Voilà , ça y est, la Commission Léger, dont le vrai nom1 est “Comité de réflexion sur la justice pénale”, a déposé hier son fameux rapport. Je l’ai lu -si la version qui m’en a été adressée est bien la bonne- et j’ai du mérite, car je plaidais, hier, et qu’il fait 59 pages bien tassées tout de même : il fallait bien ça pour bouleverser la procédure pénale française, car c’est en gros ce dont il s’agit. Il est assez compliqué à  résumer, sans tomber dans le travers consistant à  n’en retenir que les propositions-phares, déjà  éventées et débattues un…

No smôking !

Voilà  qu’éreinté par les vacances, et profitant du fait que mes deux Petits Môs, dont l’appétit a cru et embelli pendant icelles, ont pour une fois terminés leurs agapes du soir avant vingt heures1, il m’a soudain pris hier soir de regarder le Journal Télévisé sur TF1 -je ne nie pas qu’à  force de voir les condamnations judiciaires ornant les premières pages de Voici cet été, j’ai aussi voulu enfin savoir à  quoi ressemblait Madame Ferrari. C’est ainsi que j’ai découvert ce reportage, dont on peut peut-être être surpris qu’il figure parmi les titres d’un grand journal national, mais Sarkozy…

De minimis curat parfois praetor quand-même…

Je sais bien que c’est l’été, que tout le monde est en vacances ou presque, mais je me demande parfois si les membres du Parquet ne comptent pas un peu trop sur cette circonstance pour poursuivre tout et n’importe quoi -les bons avocats, comme chacun sait, ne prenant en réalité jamais de vacances, ou alors demeurant en contact permanent avec leur cabinet, même au fond de leur piscine préférée… En tout cas, voici que je tombe sur des poursuites non seulement rares, à  ma connaissance, mais qui me semblent totalement incongrues, voire, faisons fi  du beau langage, constituer une aberration…

En rouge ou noir…

Dans la vie en général, je n’aime pas trop la couleur rouge, mais ça n’y regarde que moi. Mais aux Assises, en revanche, j’ai toujours trouvé assez étrange, et pour tout dire un peu déloyal, que des magistrats, et non des moindres, puisque très souvent mon adversaire déclaré, l’Avocat Général, et par ailleurs toujours le Président, et parfois ses assesseurs juges, portent des robes écarlates, qui plus est ornées de pans de fourrures divers, là  où moi, l’avocat, je ne suis qu’en robe noire… Et bien ça ne va plus durer.

Dors min p’tit Quinquin…

Je m’étais juré de ne pas dire ou écrire un mot sur “notre” scandale judiciaire national récurent, Outreau. Parce que tout le monde a tout dit sur le sujet, la plupart du temps n’importe comment, ce qui était certain puisque plus de gens que ceux qui connaissent le dossier en ont parlé -comme toujours. Et parce que tout ce qui touche à  cette triste affaire, comme d’ailleurs au “procès” de son principal acteur, le tout aussi fameux juge Burgaud, me flanque désormais des boutons -pour différentes raisons, que j’étais décidé à  garder pour moi afin de ne pas venir grossir…

E Thémidos ménis !

(Ce titre, je l’indique pour les rares… Béotiens (justement !) qui me lisent, est en grec ancien, et signifie : “La colère de Thémis”. C’est aussi une petite allusion à  la toute première ligne de l’Illiade, qui annonce que l’on va chanter la colère d’Achille… Je trouvais ça opportun !)1 Oh, pas grand’ chose… Il semblerait juste, pour faire très simple, que nous soyons à  deux doigts de l’implosion judiciaire tous azimuts !! Je remercie mon géniteur, ancien professeur de grec ancien apparemment pas trop décati, pour l’instantanéité de cette traduction, ainsi que m’avoir éclairé sur Thémis, en réalité non…

Dépendez les pointeurs !

Une fois de plus, j’entends que le suicide en “milieu carcéral”, pour reprendre l’expression pudibonde employée par les gens qui en parlent, est soudain d’actualité, au point que, paraît-il, des Officiels en recherchent les causes… Comme si c’était un problème nouveau, comme si, passant mon DEA1, il y a dix-sept ans, le titre de mon mémoire de l’époque n’avait pas déjà  été “Le suicide en prison”, comme si je n’avais pas déjà  pu constater, avec stupéfaction, que l’on s’y tuait exactement quatre fois plus, statistiquement, qu’en milieu libre…2 On apprend donc, puisque tout-à-coup l’on en reparle, comme très périodiquement, qu’onze…

Sanibroyeur judiciaire

J’ai commis une idiotie, une de plus, dans cette pénible affaire : j’ai pris la défense, pénale, de quelqu’un que je connais. Pas un ami, non, nous ne nous étions pas revus depuis longtemps, mais quelqu’un qui a été un copain autrefois, et cette circonstance aurait du suffire à  m’interdire de m’en mêler. Non pas parce que je l’ai mal défendu, ou bien d’ailleurs, ce n’est pas la question, pas assez d’attaches entre nous pour que ça ait joué, mais parce que le fait même de le connaître, de l’avoir vu “petit”, et la forme d’intimité existant dès lors dans…

Misérable

Elle est l’une des neuf détenus qui comparaissent ce jour là  devant la Cour d’Appel. Elle est assise avec les autres sur son banc, prostrée, le regard vide et la bouche ouverte, son vêtement de pluie jaune vif et trop grand pour elle boutonné jusqu’au cou, tâche de couleur dans l’océan de bleu des gendarmes des escortes, qui attire immédiatement le regard; elle est beaucoup trop frêle, beaucoup trop jeune, beaucoup trop “absente”, beaucoup trop menottée, on se dit d’emblée qu’elle ne devrait pas être ici. L’avocat d’une autre affaire s’assied à  côté de “son” gendarme de droite, sur les…