Aiguillage

8 heures 30, Louise enfile son blouson en jean et se prépare à  sortir. Elle ne sait pas encore ce qu’elle va faire de sa journée – probablement marcher sans but dans le froid de décembre, explorer les ruelles de sa presque nouvelle ville, dans laquelle elle a emménagé il y a trois mois seulement. Elle va peut-être chercher aussi un petit boulot, qui l’occupera quelques heures ou quelques jours, mais ce n’est pas pour cela qu’elle sort tôt : elle aime être matinale, elle aime marcher, elle déteste rester enfermée.

Elle sort de son minuscule appartement, jette un dernier regard à  l’intérieur et referme simplement la porte derrière elle, sans la verrouiller. Il n’y a strictement rien à  voler dans son deux pièces. Rien d’intéressant.

Elle croise dans l’escalier sa voisine Katia, qui rentre de l’école où elle vient de déposer ses enfants. Les deux jeunes femmes se saluent, sans échanger davantage qu’un bonjour. Louise émerge enfin à  l’air libre, et s’élance dans le matin ensoleillé et glacial. La journée est tellement belle, se dit-elle, qu’elle ne rentrera probablement pas ce midi.

Arrivée chez elle, Katia commence à  vaquer à  son ménage, ne pensant évidemment déjà  plus à  sa nouvelle voisine.

Une demi-heure plus tard, Mme R., assistante sociale, se présente à  la porte de l’appartement de Louise, bien décidée, cette fois, à  ne pas se laisser éconduire. La semaine dernière, elle a parlementé une bonne dizaine de minutes avec elle à  travers la porte, sans même que la jeune femme ne daigne l’entrebâiller. “Je ne veux pas vous voir, je n’ai pas besoin de vous, tout va bien ici, allez-vous-en” lui a-t-elle répété en boucle. Cliente difficile, s’est-elle dit alors. Elle doit cependant la convaincre de la laisser entrer, prendre la mesure de la situation : cela fait maintenant plusieurs semaines que le dossier de Louise a été transmis à  son service depuis le département dans lequel elle résidait précédemment, et aucun contact n’a encore été possible. Elle a, jusqu’à  la semaine dernière, toujours trouvé porte close.

Elle se met à  toquer résolument à  cette fameuse porte, pas vraiment poliment, puis carrément très fort, voire brutalement. Elle est persuadée que certaines fois précédentes, Louise s’est tue à  l’intérieur, jusqu’à  ce qu’elle abandonne, mais aujourd’hui, pas question d’abandonner.

Le vacarme finit par alerter Katia, qui sort sur le palier, et se dirige vers cette dame afin de l’informer que Louise n’est pas chez elle, et n’est d’ailleurs que rarement là  le matin.

C’est alors qu’elles entendent une plainte terrible, un cri inarticulé, au sens propre, juste derrière la porte : colère, douleur, probablement les deux à  la fois. Le hurlement monte dans les aigus, de plus en plus fort, de plus en plus désespéré, leur semble-t-il. Elles se regardent, brièvement. Mme R. est désemparée. Katia, elle, n’hésite qu’une poignée de secondes : elle attrape la poignée et l’actionne. A la surprise des deux femmes, la porte s’ouvre et dans le salon, elles aperçoivent Guy.

Elles supposent du moins qu’il s’agit du salon, puisqu’une télévision, sur laquelle Guy vient manifestement de tomber et de s’ouvrir la lèvre, est posée au sol. La pièce ne comporte aucun autre meuble.

“Appelez la police” dit Katia. “Moi, je m’occupe du petit”. Elle s’approche de Guy, qui hurle toujours, et parvient à  l’emporter dans ses bras, non sans qu’il ne se débatte violemment – très violemment même, pour un enfant aussi petit. Elle va réussir à  lui tamponner la lèvre d’un mouchoir imbibé de désinfectant, mais récoltera un certain nombre de griffures et de coups dans la manœuvre.

Les policiers arrivent sur place en quelques minutes, trouvent l’assistante sociale sur le palier, et la porte de l’appartement béante. Ayant lancé un avis de recherche aux équipages en patrouille, à  l’aide du signalement sommaire fourni par Katia, ils reçoivent au bout d’une vingtaine de minutes un appel de leurs collègues, qui ont découvert Louise arpentant les abords de la gare ferroviaire et l’ont invitée à  les suivre chez elle. Elle a simplement soupiré, dit “OK”, et est montée de bonne grâce dans le véhicule de police.

Dans l’intervalle, les policiers ont appelé la permanence Parquet, et m’ont communiqué les rares informations dont ils disposaient sur la situation. A l’arrivée de Louise, ils lui demandent son accord pour entrer dans son logement, qu’elle leur donne sereinement, sans se préoccuper du sort de Guy, que Katia a fait sortir sur le palier afin de rassurer sa mère. Quelques instants après, ils me rappellent : “Madame, on a fait le tour de l’appart’, et on n’a jamais vu ça.”

Le salon, qui ne comporte donc pour unique mobilier qu’un vieux téléviseur, est jonché d’excréments et de déchets, alimentaires pour l’essentiel, même si quelques couches sales s’y ajoutent. Une odeur révulsante y règne.

La chambre est meublée, si l’on peut dire, d’un vieux lit à  une place auquel manquent plusieurs lattes, et d’un carton dans lequel sont entassés des vêtements féminins.

La salle de bains est crasseuse, mais a manifestement été utilisée récemment.

Les placards de la cuisine sont quasiment vides, à  l’exception de quatre petits pots pour bébé, d’un paquet de biscottes, de quelques biberons, dont certains n’ont pas été lavés depuis un certain temps. Deux bouteilles de lait et des yaourts constituent le seul contenu du frigo.

Les policiers photographient chaque pièce en détail, puis Guy, qui ne manifeste aucune envie de rejoindre Louise. Vêtu d’un t-shirt d’adulte maculé de multiples taches, dans lequel son corps malingre flotte, il ne porte ni couche, ni sous-vêtement. Ceux qui assistent à  la scène remarquent qu’il ne semble pas savoir marcher, ou du moins pas très bien : il préfère apparemment se traîner plus ou moins par terre, en s’appuyant éventuellement aux murs. Le petit garçon tente visiblement de s’éloigner, en grognant, de quiconque tente de l’approcher. Interrogée sur son âge, Louise répond qu’il a 4 ans et demi et qu’elle est bien sa mère. Elle n’amorce aucun geste, affectueux ou autre, à  son égard.

Louise est amenée au commissariat de police, et placée en garde à  vue, pour violences volontaires sur mineur dans un premier temps, tandis qu’on transporte Guy aux urgences pour un examen complet. Le pédiatre constatera que son poids est très nettement inférieur à  la courbe moyenne pour un enfant de cet âge, qu’il présente diverses carences alimentaires, que son développement est insuffisant, qu’il ne sait notamment pas bien marcher, et surtout pas parler. Il relèvera également une méfiance permanente envers l’ensemble du personnel soignant, et une certaine agressivité. Aucune trace de violences physiques directes, en revanche. L’enfant, précisera-t-il enfin, n’a apparemment jamais été vacciné, ni n’a fait l’objet du suivi pédiatrique classique depuis sa naissance.

Les enquêteurs, eux, n’ont pas spécialement de problème de communication avec Louise, cette dernière acceptant de répondre à  toutes leurs questions, quoique plutôt sèchement, et avec un détachement absolu. Ayant pris connaissance des quelques renseignements portés au dossier communiqué par Mme R., ils réussissent à  établir que Louise n’a cessé, ces dernières années, de circuler à  travers la France, ne restant jamais plus d’un an dans la même ville, ce qui explique que son suivi par les services sociaux ait été difficile. La jeune femme a 28 ans, a plus ou moins coupé les ponts avec sa famille, n’a aucun ami. Joints par téléphone, ses parents ignorent même qu’elle ait eu un enfant, et indiquent qu’elle a rejeté toutes leurs tentatives de contact depuis bien des années. Ils se sont résolus à  la laisser revenir d’elle-même … ou pas.

Louise explique s’être retrouvée enceinte par hasard, sans trop savoir comment, même si elle sait qui est le géniteur de Guy, un type avec lequel elle n’a eu qu’une brève relation, et encore … Lorsque l’enfant est arrivé, elle lui a donné le prénom de son propre père, un prénom un peu vieillot, par défaut : aucun autre ne lui est venu à  l’esprit, elle a été prise au dépourvu, elle n’avait pas vraiment approfondi ce genre de questions pendant sa grossesse … Après quoi, elle a pris son enfant sous son bras, et a poursuivi le tour de France entamé quelques années auparavant, un peu encombrée de cette créature non désirée, mais pas tant que ça, finalement. Elle a soigneusement évité les services sociaux tant qu’elle l’a pu (“Ils ne servent à  rien, juste à  créer des ennuis et à  vous ficher”), a été, une fois, poursuivie pour vol, elle ne sait plus trop devant quel tribunal – son casier judiciaire me confirmera qu’elle a été condamnée à  un mois d’emprisonnement avec sursis, un an auparavant.

Interrogée sur l’état du petit garçon, Louise leur répond inlassablement qu’il va bien, qu’elle le nourrit suffisamment (“il a ses petits pots, ou bien il mange comme moi, ça dépend”), qu’elle n’a pas réussi en revanche à  lui apprendre la propreté. Elle le laisse donc circuler dans l’appartement tout nu, lorsqu’il fait chaud, ou vêtu de vieux habits à  elle, qui lui permettent de se soulager par terre “comme une bête, c’est vrai, mais en même temps c’est comme un petit animal, il ne veut pas apprendre … J’ai baissé les bras, je ne peux pas y passer ma vie.” Elle ramasse et nettoie quand elle y pense. Non, ce n’est pas très propre, mais les policiers ne sont quand même pas là  pour s’occuper de la façon dont elle fait le ménage, si ? Oui, elle a coutume de le laisser tout seul, assez régulièrement la journée entière, parce qu’elle “ne supporte pas de rester trop longtemps dans une pièce, alors que lui, il ne veut pas spécialement sortir, il est mieux dedans …” Mais il n’y a jamais eu de problème, il est “très autonome, très solitaire, très calme”.

Les policiers s’étonnent tout de même que l’enfant n’ait jamais crié au cours de ces heures quotidiennes durant lesquelles il était livré à  lui-même. Louise leur dit, assez froidement notent-ils, qu’il “criait des fois, au début, mais pas très longtemps. On habitait à  la campagne à  l’époque, il n’y avait pas de voisins proches … Je lui ai appris à  ne pas crier pour rien, de toute façon.

– Comment ça ?

– Quand il était plus petit, je lui mettais ma main sur la bouche quand il se mettait à  crier, jusqu’à  ce qu’il arrête. Il a compris, au bout d’un moment.”

Concernant son défaut d’acquisition du langage, Louise admet immédiatement qu’il est vraisemblablement dû au fait qu’elle ne lui adresse pratiquement jamais la parole. Guy ne lui inspire aucune tendresse, ne lui réclame aucun câlin, qu’elle n’a au demeurant aucune envie de lui prodiguer : pourquoi, dans ces conditions, irait-elle lui parler ? Ce serait un peu contradictoire, non ?

Tenue informée en permanence par les policiers des développements de l’enquête, je sais, au bout de quelques heures, que je vais ordonner le défèrement de Louise à  l’issue de sa garde à  vue. J’hésite encore entre une convocation par procès-verbal avec placement sous contrôle judiciaire, qui me permettrait de faire diligenter une expertise psychiatrique, et une comparution immédiate, que justifie la gravité des faits. J’ai évidemment délivré à  l’égard de Guy une ordonnance de placement provisoire avec saisine du juge des enfants, et il rejoindra la pouponnière dès la fin de sa période d’observation à  l’hôpital.

Les heures passent, les interrogatoires tournent en rond : non, Louise n’aime pas cet enfant, elle le garde parce qu’elle est bien obligée de l’assumer, mais rien ne l’oblige à  l’aimer. Et elle ne le maltraite pas, elle n’a rien à  se reprocher.

Les journalistes ont subitement vent de l’affaire, et me réclament des informations. J’apprends que l’AFP a publié une dépêche relative à  “l’affaire Guy”, ce qui me promet vraisemblablement les attentions de la presse télévisuelle locale. Je reste laconique, mais dois m’expliquer bien plus longuement auprès du Parquet général, qui m’indique que la Chancellerie souhaite être tenue informée des développements de l’affaire.

Entendue dans la journée, Katia confirme avoir très occasionnellement entendu une voix d’enfant dans l’appartement voisin, mais avoir supposé, sans vraiment se poser plus avant la question, qu’un tiers restait avec lui au domicile lorsque Louise sortait, elle sortait si souvent … Katia culpabilise, dit qu’elle aurait dû s’en douter plus tôt, qu’en tant que mère, elle aurait dû savoir … Mais en tant que mère, elle n’a jamais imaginé, justement, qu’on puisse avoir l’idée de laisser seul, aussi longtemps, un enfant si petit.

Je parviens à  joindre l’un des experts psychiatres de mon ressort, qui peut voir Louise et réaliser une expertise dans le temps de sa garde à  vue, le lendemain matin.

Je me rends au commissariat afin de prolonger la garde à  vue de Louise, qui prend place face à  moi très tranquillement, en me saluant avec politesse. L’apparence de la jeune femme, d’une extrême minceur, ne montre aucun signe de négligence. Son niveau intellectuel me paraît tout à  fait normal : elle comprend mon rôle, mes questions, y répond posément, par petites phrases concises. Je remarque certes que son regard fuyant ne rencontre que rarement le mien, mais c’est une attitude plutôt commune parmi les personnes amenées, dans ce genre de cadre, à  rencontrer des procureurs.

Je lui explique que j’ai l’intention de la poursuivre devant le Tribunal correctionnel, ce qu’elle admet d’un hochement de tête. Je lui demande si elle a conscience de la gravité de ce qu’elle a commis. “Gravité … me répond-elle, oui, on peut dire que c’est grave, d’une certaine façon, mais en même temps, je ne l’ai jamais frappé, quand même. Ce n’est pas comme si c’était un enfant battu. On ne peut quand même pas m’obliger à  l’aimer !

– Mais c’est votre enfant, pourquoi le rejetez-vous comme ça ?

– C’est peut-être mon enfant, mais je ne l’ai pas voulu, c’est surtout un accident.

– Pourquoi ne pas l’avoir confié à  votre famille ou au services sociaux, alors ?

– Ma famille, pfff, ça fait longtemps qu’on ne se parle plus, ils ne me comprennent pas. Et les services sociaux, d’abord ils m’auraient contrôlée tout le temps, je n’aurais plus été libre de rien faire, et puis c’est quand même mon enfant, c’est à  moi de l’assumer. Il n’a pas mal vécu avec moi, on a voyagé …

– Mais … vous réalisez qu’il n’a jamais mené une vie normale avec vous ? Qu’il ne parle pas, à  cause de vous ?

– Mais à  la fin, pourquoi tout le monde me demande de lui parler ? Pourquoi je lui aurais parlé alors qu’il ne m’intéresse pas ? Je ne parle pas beaucoup, moi, et jamais aux gens pas intéressants. Ce n’est pas parce que c’est mon fils que je dois le trouver intéressant.”

J’ordonne la prolongation de la garde à  vue de Louise, qui me salue en quittant le bureau de l’OPJ, non sans lui avoir précisé qu’elle allait rencontrer un psychiatre (“Et pourquoi un psychiatre ? Je ne suis pas folle … Mais bon, comme vous voulez”).

L’expert examine Louise, rédige un rapport concluant à  l’existence de troubles de la personnalité, à  une personnalité borderline, mais également à  l’absence d’altération de son discernement ou du contrôle de ses actes.

Estimant que je détiens désormais tous les éléments nécessaires au jugement des faits, je décide d’orienter Louise en comparution immédiate.

Son défèrement se déroule de façon un peu mouvementée, un certain nombre de mesures devant être prises pour soustraire Louise à  la curiosité des journalistes. Ils la verront bien assez tôt, dans le box. Je rédige ainsi son procès-verbal de comparution dans le bureau d’un juge d’instruction absent, la porte du mien étant prise d’assaut par les caméras de France 3 … J’informe la jeune femme qu’elle est poursuivie pour privation de soins et d’aliments ainsi que pour délaissement de mineur. Elle apprend sans ciller qu’elle encourt sept ans d’emprisonnement.

Le dossier s’arrête là  en ce qui me concerne : une audience correctionnelle étant en cours, ma collègue parquetière y soutiendra l’accusation dans le dossier de Louise comme dans ceux qui étaient déjà  prévus au rôle de cet après-midi. Elle m’informera, lors d’une pause, que Louise a été condamnée à  deux ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis assorti d’une mise à  l’épreuve pendant trois ans, comportant une obligation de soins, que le Tribunal a décerné mandat de dépôt à  son égard, et qu’il lui a retiré l’autorité parentale sur le petit Guy. Louise n’a, d’après ma collègue, manifesté aucune réaction à  l’énoncé de la condamnation.

J’apprendrai, quelques jours plus tard, que Louise, après une première période de mutisme, a sévèrement “décompensé” à  la maison d’arrêt : attirés par ses hurlements, les surveillants ont dû entrer dans sa cellule pour l’empêcher de se fracasser la tête contre les murs et les meubles. Elle a été immédiatement transportée, délirante, aux urgences psychiatriques, puis a fait l’objet d’une hospitalisation d’office. D’après les renseignements transmis par le juge de l’application des peines, les cris de Louise avaient trait à  un enfant qui n’était pas le sien, qui avait été “planté là “ par des extra-terrestres, dont elle n’était pas sûre d’avoir ensuite accouché, qui n’était pas vraiment un garçon, pas vraiment un humain, et qui l’avait “menacée” pendant toutes ces années, ensuite …

L’année suivante, Guy a fait l’objet d’une procédure d’adoption plénière. Dès son placement en famille d’accueil, il avait acquis la parole et la marche à  une vitesse considérable.

Quant à  moi, j’ai toujours gardé de cette affaire le sentiment d’une erreur d’aiguillage.

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112 Commentaires

  1. olivE
    Bonjour,

    Doit on en déduire qu'elle n'avait pas d'avocat ?
    Ou que l'avocat qui représentait Dame Louise n'a pas vu, ou pas su ou n'a pas été écouté par le Tribunal, quand il plaidait l'extrême folie de Louise?
    Car votre récit depuis le début laisse effectivement deviner, presque avec certitude aux dire du psy'...
    - Mme Louise était "Borderline" ...
    C'était une façon de dire qu'elle était complétement déjantée et que si elle troublait l'Ordre public , il fallait certes l"écarter de la société, mais aussi pour la protéger d'elle même.
    Ahh! Mais j'oubliai, que votre histoire est racontée a posteriori ...Ce qui change tout!

    Respectueusement
    Oo
  2. krominet
    Je n'ai pas lu tous les commentaires ... je n'ai pas envie de peser les pour et contre de quelque valeur que ce soit ....
    Mais je pense que cette Louise a réussi à faire tout ce qu'elle pouvait faire avec ce dilemme qui lui a bouffé l'âme pendant quatre ans ...
    Et puis les seuls faits sont : on a trouvé un enfant seul dans une pièce ... TOUT le reste n'est que conjectures ...
  3. Pierre
    Bonjour,

    Je viens de finir la lecture d'une grande partie des 20 pages de votre blog, qui en dehors de l'intérêt qu'il suscite de part les situations présentée, permet d'avoir un aperçu de la manière dont "fonctionne" la machine judiciaire (même si un citoyen lambda tel que moi arrive parfois à en douter).

    Il est assez malheureux que les seuls exemples donnés au grand public du métier d'avocat soit quelques individus dont le soucis principal semble être d'être le plus connus possible. Votre implication dans les cas de ceux que vous appelez les "réprouvés" fait plus que vous honorer. En bref, il est toujours rassurant de constater que l'espèce des types biens n'est pas totalement éteinte.

    Bonne continuation et bon courage
  4. Res Privata
    Chere Marie,

    On peut naturellement s'interroger sur l'erreur d'aiguillage une fois que l'on sait ce qui s'est produit in fine. Une convocation par procès verbal avec placement sous contrôle judiciaire aurait peut être abouti à la même situation... ou à une autre, on ne sait pas. Evidemment, je ne peux qu'être d'accord avec Maître Mô concernant son constat sur la comparution immédiate qui est une procédure ayant tout de même beaucoup d'inconvénients. Je pense, pour ma part, modestement en tant que jeune étudiant en droit, que ces situations illustrent malheureusement l'imperfection du système judiciaire. Imperfection que je ne blâme pas puisque comme tout système, le système judiciaire est en perpétuelle évolution à la recherche d'un équilibre jamais atteint. J'imagine qu'il faille parfois se résoudre à prendre les décisions qui nous semblent les plus adaptées sur le moment avec sa conscience, son environnement, ses obligations..., sans en connaître exactement les conséquences.

    Quoi qu'il en soit, soyez assurés, vous et Maître Mô, de ma plus profonde admiration pour l'implication que vous semblez mettre dans l'exercice de vos nobles et difficiles professions. Vous travaillez tout deux "sur l'humain" ce qui implique, encore plus qu'ailleurs, le doute et l'incertitude liés à cette espèce si étonnante ! Vous semblez déjà faire preuve de beaucoup de recul et d'autocritique ce qui me laisse à penser qu'avec des personnes comme vous le système judiciaire, aussi imparfait soit-il, ne tournera pas si mal.

    Bien cordialement
  5. romydiams
    Louise n'a pas sut aimer son petit garçon .
    Alors qui ?qui ne lui avait pas transmis l'amour.
    Elle ne savait pas, que ce qu'elle faisait n’étais pas bien "je pense".
    Mais elle ne l'avait pas abandonné cette enfant non désiré.
    Comment à été l'enfance de louise ?
    Nous sommes si nombreux sur terre, et il arrive encore aux gens de vivre comme des bêtes.
    Après quoi louise courrait elle toute la journée ? ,
    A fuir surement ce petite être, qui ne voulais rien d'elle soit disant .
    Qui est responsable ?
    Heureusement cette histoire finis bien , pour ....
    Qu'elle adulte sera t-il ?
    Il faut reconnaître que l’espèce humaine n’évolue pas de la même façon.
    Pauvre innocent , pauvre louise aussi.
    Ne sachant pas s'occupé de l'animal qu'était son fils.
    Pas une caresse, pas de tendresse , pas d’hygiène pour elle et pour lui.
    Pas d'am ies , de parent,
    Enfin quand même une assistante sociale.
  6. Anne
    Bonjour,
    J'ai une question peut-être naïve, mais qui vient de ma connaissance très superficielle des procédures pénales. Louise ne semble pas, tout au long de la procédure, avoir été assistée d'un avocat, Pourquoi?
    Merci en tout cas de ce récit si humain.
    1. Merci à  vous, Anne.
      Je vous rassure, Louise était bien assistée d'un avocat. Elle n'aurait d'ailleurs pas pu accepter d'être jugée en comparution immédiate hors la présence d'un avocat. Mais comme il n'était pas présent lors du défèrement (ni de la garde à  vue - la préhistoire, ou presque), et que je n'ai pas suivi le dossier à  l'audience, je n'ai pas pu en parler.
  7. GlaceNoisette
    PS : Marie croyez bien que j'admire votre profession tout autant que celle de Maître Mô, et que le choix de mon orientation a été plus que difficile, mais d'une part, je crois que je pourrais devenir une avocate pas trop mauvaise alors que je ferais sûrement une mauvaise magistrate, et d'autre part (bien que j'ai conscience que la porte de l'EDA ne soit pas non plus grande ouverte), je ne suis pas assez folle pour oser tenter d'entrer à  l'ENM et m'y préparer avec acharnement pour qu'au final (parce que cela arrivera forcément), quelqu'un se rende compte de mon premier point.
  8. GlaceNoisette
    Justement Maître Mô et Marie, ce que j'admire surtout c'est le fait que malgré l'implication que vous mettez dans vos dossiers et la façon dont ils vous touchent, vous ne soyez pas déjà  devenus fous ! J'ai exactement la même opinion que vous à  ce sujet, il me semble qu'il est impossible d'être bon si l'on arrive à  se détacher de son dossier et surtout du client qui va avec, mais je pensais qu'en contrepartie on devenait forcément insomniaque (ceci dit Maître, vue l'heure à  laquelle vous écrivez vos billets parfois... ;) ), ou complétement cinglé.
    Vos billets à  tous les deux sont la preuve que non et surtout me font penser que les inquiétudes, les doutes et les déceptions, sont le prix à  payer pour être fier de son métier et surtout de la façon dont on l'exerce, ce qui n'est pas rien en particulier lorsque qu'on exerce des professions telles que les votre.
    Je ne sais pas si vous aviez eu mon mail Maître Mô, à  propos de mon inquiétude concernant mes capacités à  devenir avocate, j'y avais certainement oublié de mentionner à  quel point venir sur ce blog est rassurant et encourageant.
    C'est fait :)
    En tous cas merci à  tous les deux.
  9. GlaceNoisette
    Marie et Maître Mô, je dois vous dire que l'une des choses que j'admire chez vous deux (et il y en a plein d'autres), c'est la conscience avec laquelle vous semblez exercer votre métier. J'interprète peut être mal vos propos à  tous les deux, mais vos billets me donnent l'impression que vos métiers vous empêchent souvent de dormir la nuit, par peur de mal faire ou d'avoir mal fait... Encore une fois j'interprète peut être mal, mais c'est l'idée que je me fais de l'implication et de la passion que vous semblez tous deux avoir mis dans l'exercice de votre profession. Je me destine à  la même profession que Maître Mô et j'espère avoir les épaules pour me sentir autant impliquée et concernée par mon futur métier que vous semblez l'être, sans pour autant devenir folle ! Bref, il est bien évident que l'admiration d'une petite étudiante en droit ne vaut pas grand chose, mais je tenais à  vous en faire part :)
    1. Marie vous répondra sûrement de son côté, mais en ce qui me concerne, votre admiration me touche, sans échelle de valeur, je vous assure..!

      Pour l'aspect avocat de ce que vous relevez, en fait, l'implication dans chaque dossier, je vous confirme d'abord qu'une constante, c'est, presqu'à  chaque fois, la peur d'avoir mal ou insuffisamment fait ; et que l'un des fondamentaux du métier, puisque vous allez nous rejoindre, si ne qua non pour ne pas devenir fou, effectivement, est le suivant : implication totale et immédiate tant qu'on exerce le métier ; et capacité proportionnelle à  "en sortir" le plus rapidement possible, dès qu'on ne l'exerce plus -c'est à  dire, en clair, tous les soirs...

      Et ce précepte est très théorique, et plus dur à  mettre en œuvre qu'à  dire...

      On vous dira sûrement, en formation, qu'il faut conserver une part de retenue, ne pas s'impliquer totalement : je professe moi que c'est faux, et qu'il faut faire exactement l'inverse, en défense, impossible d'être "bon" sans ça ; mais il faut idéalement savoir ensuite se détacher, ou au moins gérer ses propres doutes et peurs ; vous verrez que le plus dur reste la "digestion" d'une mauvaise décision, parce qu'on se l'impute forcément peu ou prou...

      Bref, que du bonheur !

      Merci, en tout cas, et bonne chance ! :lol:
    2. Presque tout pareil que Maître Mô, à  un détail près : je dirais bien que le plus sûr moyen de s'éloigner de la folie, c'est de ne pas devenir avocat du tout et de s'orienter plutôt vers le plus beau métier juridique qui soit, à  savoir le mien - je sais, c'est facile ...
      Plus sérieusement, je crois que nous serions assez idiots de nous mettre à  mépriser les étudiants en droit que nous avons été, non ?
      Pour ce qui est de "ramener" les dossiers le soir dans sa tête, je crois que malheureusement, nous en sommes tous là , même si nous aimerions bien l'éviter. C'est un peu la contrepartie presque obligatoire des deux métiers (si, si, les juges aussi s'impliquent fortement dans leurs dossiers), à  mon avis. On s'y fait ...
      Donc merci pour tous vos mots, et bon courage et bonne chance (il en faut) !
  10. Pat
    Incroyable la fin de ce récit :"Quant à  moi, j’ai toujours gardé de cette affaire le sentiment d’une erreur d’aiguillage". Eh bien mon vieux, si vous n'avez que le sentiment d'une erreur d'aiguillage... Mais bien entendu que la place de cette malheureuse n'était pas la prison !
    1. Ce qui me paraît surtout incroyable, c'est que la Chancellerie n'ait pas encore pensé à  équiper les parquetiers de permanence de votre numéro de téléphone, "mon vieux". Vous vous rendez compte ? A l'époque, j'aurais passé un simple coup de fil avant de prendre ma décision sur l'orientation de la procédure, et hop ! Vous m'évitiez une erreur judiciaire !
          1. - Commentaire n° 24.1.1.1.1
            Bah... Sans parler d'irresponsabilité, encore que, elle fait très manifestement partie de mes "réprouvés" préférés, tu sais...

            Ce qui me touche dans ton texte est que tu n'avais guère de moyens efficaces de le savoir vraiment ; et pour le reste, je t'ai déjà  parlé de ma haine totale des comparutions immédiates en général, et en particulier de celles qui concernent "ces gens là " (brouillon en cours... Encore un !) ?

            Maintenant, à  part pour te charrier très tendrement, je ne porte strictement aucun jugement sur ce que tu as décidé à  l'époque, dans le contexte et dans l'urgence ; je crois sincèrement que l'un des gros dilemmes du métier de parquetier réside dans la théorique obligation que l'on a d'appliquer ou proposer d'appliquer la loi pénale, alors qu'on est en face de personnes qui manifestement ne sont pas des "délinquants", au sens où le Législateur, notre Père à  tous comme on sait, l'entend communément...

            Elle était facile à  défendre, à  mon sens ; je porterais plus facilement un jugement sur le jugement, à  vrai dire, je trouve la peine exorbitante, et le mandat de dépôt particulièrement rude -je ne le comprends tout simplement pas ; mais toi, tu n'as fait que saisir la juridiction -et si ça se trouve, en pensant même qu'un jugement rapide était adapté, mais qu'il ne devait pas obligatoirement l'assommer...

            Tu t'es jetée en pâture, en écrivant ce texte, à  ce genre de jugement tout fait, sinon : chapeau une fois de plus, donc ! A charge de revanche !!
            1. - Commentaire n° 24.1.1.1.1.1
              Hélas ! Ce n'était pas cette partie-là  de ton intervention que j'aurais souhaité que tu développes, ni à  propos de laquelle je trouvais que tu avais raison ...! ;)
              Suis une incomprise, moi. :cry:
            2. - Commentaire n° 24.1.1.1.1.2
              Au fait, tu auras noté que j'avais devancé ton "étiquetage" concernant Louise, par le choix des mots-clés ... :lol:

              Sinon, ne t'inquiète pas, je ne suis pas susceptible quant au jugement que l'on peut porter sur mes décisions - quelque part, c'est même pour en discuter que tu m'as fait venir ici, n'est-ce pas ? Et c'est probablement parce que je suis convaincue que ma profession crève de ses faiblesses en termes de communication que j'ai accepté (et aussi parce que tu étais sympa, bien sûr).
              Simplement, "c'est évident", je trouve ça un peu léger, comme argument/démonstration/conclusion ...
              1. dan
                - Commentaire n° 24.1.1.1.1.2.1
                Je suis désolée Marie. C'est exactement ce que j'ai fait avec mon jugement à  l'emporte-pièce. Mais c'est la chute de votre récit qui m'a fait réagir ainsi et comme l'a dit ensuite un commentateur : quand on connait la fin de l'histoire c'est facile de rejouer la pièce, et de trouver que Louise avait plus besoin de soins que de prison. :?
                1. Pom l'AJ
                  - Commentaire n° 24.1.1.1.1.2.1.1
                  Dans le même sens que Dan et Qsmb (cf. "c’est toujours plus facile de rejouer la partie quand on connaît la fin)
                  Aussi bon écrivains soient-ils, Marie et Mô ne sont pas des auteurs de polars (enfin tant qu'HN ne sera pas finie et reliée par un bon éditeur :D :D ).
                  Je crois que la façon dont vous relatez les faits est moins objective, parce que vous, Marie et Mô (cf. culpabilité d'Ahmed), connaissez déjà  la fin. L'écriture, les mots ne sont pas anodins, inconsciemment, vous mettez certains détails en exergue (détails qui à  l'époque son restés superflus) , ainsi il peut arriver que vous sous entendiez parfois déjà  la fin de l'histoire. Enfin pour les très intelligents.. moi la fin me scotche à  chaque fois. :lol:


                  Pas sûre d'être super claire.. :? :?

                  Et puis oser dire "mon vieux" à  Marie, la voilà  l'erreur d'aiguillage - parce que pour le coup, ce qui est évident c'est que Marie est une femme. Et puis, elle est forcément jeune puisque son avatar est celui de Thémis d'Ulysse 31 :) :) - grand dessin animé de nos jeunes années ;)
                  1. Pom l'AJ
                    - Commentaire n° 24.1.1.1.1.2.1.1.1
                    je me reprends (je viens de relire votre histoire) : en fait, si vous êtes des auteurs de polards (mais pas de fiction). Vous semez des indices, des menus détails, dans vos histoires, qui, pour les plus fins lecteurs, peuvent donner un avant-goût du "dénouement".
                    De là , à  parler d'évidence ! Si c'était aussi facile, pourquoi s'embarrasser d'êtres humains pour juger leurs semblables, des bonnes machines pour juger et aiguiller les affaires quoi de mieux .. :?:


                    En revanche, les machines pourront pas commenter chez Mô : qu'est-ce qu'on deviendra alors :P :!:
  11. Jalisco
    Heureuse que Guy ait pu finalement connaître finalement un développement "normal".
    Et sur l'aiguillage de Louise, qui pourrait dire ce qui serait arrivé si elle n'était pas passée en CI?
    Je ne m'y risquerais pas...

    Et pour voir "de l'autre côté du miroir": Maître, dans un cas de ce genre, j'imagine que vous auriez demandé un renvoi pour creuser l'histoire familiale et la situation psychologique de Louise, qu'auriez-vous plaidé ?
  12. anthropo-sociologue
    Bonjour Marie,
    ce que votre post me semble montrer est la difficulté de l'association du système du droit (dont Luhmann affirme qu'il fonctionne sur le dilemme légal/illégal) et du "système" de la psychologie à  résoudre des problèmes qui ne sont pas vraiment de leur ressort. De mon point de vue d'enseignant-chercheur dans une autre discipline que les deux sus-citées, cette difficulté provient, en partie, de leur croyance commune en l'existence d'un sujet (sauf exception) libre et conscient qui s'associerait avec d'autres sujets libres et conscients pour former un ensemble social : la société. Cette croyance est également partagée par certains sociologues, en particulier, ceux qui se reconnaissent dans l'individualisme méthodologique.
    En revanche, si nous renonçons à  ce postulat, il est possible d'analyser le cas présenté comme une faillite du lien social autour de Louise et donc de ne pas la laisser seule (ainsi que la parquetière) assumer cette responsabilité collective. Par ailleurs, il ne sert pas plus d'en rejeter la faute sur ses parents mais plutôt d'interroger notre modèle social et juridique qui conduit à  faire traiter des problèmes sociaux par des systèmes qui sont fondés sur l'individu.
    1. Res Vilis
      Cher Anthropo-sociologue, est-ce que les deux thèses que vous avez exposé sont exclusives l'une de l'autre?
      En d'autres termes, ne peut-on pas affirmer qu'un groupe d'individus est composé de personnes dont la liberté et la conscience varient de l'un à  l'autre et que, partant, le lien social se forme ou se défait en partie à  cause de cette disparité de niveaux de liberté et de conscience? De plus, n'est-ce pas, en fait, l'interaction permanente qui existe entre les individus-mêmes et entre les individualités et le lien social qui les unit, qui constitue une société?
      1. anthropo-sociologue
        Effectivement, les deux positions ne sont pas exclusives mais mon propos ne porte qu'accessoirement sur cette vaste question dont je me sens incapable de discuter sur un blog (même de la qualité exceptionnelle de celui-ci :)
        En revanche, votre pertinente interrogation me permet de préciser que l'association exclusive - droit plus psychologie - ne devrait pas être utilisée pour régler des problèmes comme celui évoqué dans ce post, .
        Pour faire simple (et quelque peu caricatural) on demande à  un tribunal qui ne peut que répondre noir ou blanc (coupable ou non, circonstances atténuantes ou non...) de juger d'une culpabilité collective "grise". Le juge demande au psychiatre de répondre si l'accusée est blanche ou noire et ce dernier lui répond :"du côté que je vois elle est un peu noire mais je ne sais pas pour l'autre". Il y a un petit côté jugement de dieu dans la soumission du juge au psychiatre car le juge condamne le côté noir et acquitte le côté incertain en fonction d'un résultat d'expertise biaisé par la connaissance des faits.
        Question subsidiaire pour les juristes : quel est le niveau de connaissance préalable des faits ou de l'histoire de l'individu mis en cause dont les experts nommés disposent ?
        Ce que je pense c'est que ce type particulier d'affaire ne relève ni du juge ni du psychiatre mais du corps social dans son ensemble car il interroge tous nos comportements d'évitement et de relation avec des personnalités distinctes de la norme sociale. En d'autres termes, que Louise n'a pas à  être soignée ou punie individuellement mais aurait dû être réinsérée avec les individus qui l'entourent et ça les psychiatres de notre société individualiste ne savent pas faire ou pas très bien.
        1. Mor
          - Commentaire n° 22.1.1.1
          Excusez-moi d'intervenir dans votre discussion, mais je me pose souvent la question : la société actuelle est-elle réellement individualiste ? J'aurais plutôt l'impression qu'elle est égouïste et égocentrique car, comme les récentes découvertes des neurosciences et les théories élaborées par la psychologie cognitive, à  mon sens, le montrent, le réel individualisme est très à  même de construire une société respectueuse des personnes alors que le collectivisme a la fâcheuse habitude de confondre l'intérêt général avec la moyenne, presque arithmétique, des aspirations de chacun.
          1. anthropo-sociologue
            - Commentaire n° 22.1.1.1.1
            Là  nous dérivons complètement hors du sujet :shock:
            mais la théorie de l'égouïsme et des vices individuels qui font le bonheur collectif date un peu. La publication la plus connue est la fable des abeilles de Bernard Mandeville, parue en... 1714. Pour le dire abruptement plus personne n'y adhère sauf, à  vous croire car je n'en suis pas spécialiste, les neurosciences et la psychologie cognitive. Je ne serais pas étonné que vous ayez raison sur ce point, tant l'histoire des techniques modernes montrent qu'elles sont souvent basées sur des idées, disons, discutables.
            Pour revenir au sujet, c'est justement l'idée utilitariste, selon Bentham (e.g. 1823) un juriste, nul n'est parfait :P ) que le calcul cumulé des bonheurs et des peines individuels devrait permettre à  une société de se doter de lois justes. Or, le cas de Louise nous montre que cette vision utilitariste, individuelle et économiciste aboutit, dans notre société, à  mettre en prison, en respectant au mieux la procédure, une femme dont il semble évident pour la plupart des intervenants et peut-être de Marie elle-même qu'elle serait mieux à  sa place partout ailleurs sauf en prison. Son crime ? n'avoir pas su résoudre le dilemme suivant : c'est ton enfant donc c'est à  toi de t'en occuper (injonction sociale) je ne l'ai pas voulu donc je ne m'en occupe pas (injonction individualiste).
            Bon j'arrête là ... je suis en train de fournir des "éléments de langage" pour plaidoirie sur le blog d'un avocat. Il faut savoir rester à  sa place d'invité. :D
        2. Res Vilis
          - Commentaire n° 22.1.1.2
          N'ayant qu'une connaissance très relative de la pratique des prétoires, parce qu'encore théorique, et absolument nulle en matière d'expertises psychiatriques, je vous répondrais que l'expert ne peut remplir sa mission qu'à  partir des éléments délivrés par l'individu objet de son expertise.
          Un psychiatre m'avait affirmé qu'il était possible de catégoriser rapidement les individus selon des critères de diagnostiques établis par la communauté médico-psy internationale. Ces grilles rassemblent des comportements-types (on va dire ça, ça simplifie) qui correspondent à  l'archétype d'une pathologie.
          Partant de cette grille, l'expert psychiatre va déterminer lesquels des critères sont réunis chez l'individu à  expertiser et selon quelle intensité. Ce qui peut varier d'un expert à  l'autre. C'est cette légèreté de l'expertise qui me dérange un peu, à  vrai dire.
          Après, dans les dossiers au pénal la personnalité des parties en causes (plaignant et prévenu/accusé) sont établies par les enquêtes de personnalité, les expertises psychiatriques et psychologiques et les éventuelles auditions des personnes de l'entourage.
          Dès lors, on comprend l'importance de la collégialité d'une formation de jugement en correctionnelle (trois cerveaux valent mieux qu'un) et la présence du jury populaire aux assises, ainsi que l'intervention, bien entendu, des avocats, voire celle du ministère public.
          L'acte est jugé à  la lumière des éléments relevant de la personnalité du mis en cause.

          Toutefois, je ne suis pas d'avis qu'il faille donner aux expertises psychiatriques ou psychologiques une place supérieure à  celle de simple avis; ne serait-ce parce que l'expert connaît l'infraction reprochée à  la personne poursuivie (et donc, l'infraction dont s'estime être victime la partie plaignante)... à  mon sens, insidieusement, ça biaise.
  13. chamomor
    Bonjour Marie
    Je suis complètement sidérée et hébétée par ce genre d'histoire. Je sais que ça existe, mais chaque fois je me dis que c'est exceptionnel, genre une fois par siècle. Et à  vous lire, et à  entendre les faits divers, je sais bien que non.
    Vous dites :
    Quant à  moi, j’ai toujours gardé de cette affaire le sentiment d’une erreur d’aiguillage.
    Je n'y connais rien, donc je ne sais pas ce que vous sous-entendez par là . Quelle erreur ? Quel aiguillage eut été mieux ?
    ça a l'air évident pour vous, mais pas pour moi.
    Merci pour ce partage, et bon courage pour supporter toutes ces affaires abominables.
    1. Merci !
      Pour l'aiguillage, je l'ai expliqué ailleurs, mais il aurait été concevable de poursuivre Louise suivant une procédure moins "immédiate", donc moins brutale, à  savoir la convocation par procès-verbal avec placement sous contrôle judiciaire. Il n'y avait à  mon sens pas suffisamment d'éléments dans le dossier pour justifier son classement sans suite pour troubles mentaux.
      Pour vous rassurer, sinon, je dirais que si ces affaires se produisent plus d'une fois par siècle, elles ne surviennent pas non plus tous les quatre matins ...

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