Bienvenu sur ma page d’invités (gérée à l’origine par l’extension WP Wall, malheureusement à l’abandon aujourd’hui, le temps passe…) !
Ceci est un “mur”, public évidemment, sur lequel les lecteurs qui ont bien voulu, et je les en remercie, me laisser trois mots en page d’accueil, le font depuis des années, pour mon plus grand bonheur ! Elle est historique (en toute Mô-destie of course), et le lecteur patient qui remontera les plusieurs milliers de contributions qui s’y trouvent verra comment tout à commencé, puis évolué – merci, vraiment, aux fidèles, ceux qui dès les débuts postaient ici, et le font encore parfois, mô-dèles de patience…
N’hésitez pas à y laisser un commentaire à votre tour, de la même façon que pour les articles, c’est un lieu de dialogue et d’échanges libres comme on n’en trouve plus tant que ça sur le Ouaibe, et j’en suis fier…
Tout peut être dit, sur ce blog (sous les seules micro-réserves du petit avertissement propre aux commentaires en général) ; exactement comme à l’audience, finalement, c’est l’un des avantages du beau métier d’avocat !
Et personne ne s’est privé, voyez ci-dessous ! Alors…
Je ne le connais pas personnellement, je l'ai découvert sur twitter, avec plaisir et amusement je l'ai suivi et quelques fois interpelé et taquiné. Il parlait de son métier, de son quotidien, de ses enfants. Moins de nouvelles ces derniers mois mais avec les algorithmes on n'est jamais sûr de la cause du silence.
Puis l'article ce dimanche.
Merci à la VdN.
Merci Maitre Mô, place au premier jour du reste de ta vie, ailleurs ...
Et toute mon amitié aux proches et amis.
sauf quand tu es venu plaider un dossier d'assises à NOUMEA, on ne s'était pas revu depuis la fac,
j'ai le souvenir que tu me faisais rire, quand tu étais sensé nous surveiller, Juju et moi, sur notre grande plage du Nord comme dans les jardins du lycée ou sévissaient nos pères,
j'ai le souvenir de ton poème publié dans le nouvel obs quand tu n'étais qu'un ado,
j'ai le souvenir que tu étais la coqueluche des étudiantes lilloises, avec ta faluche de président de la corpo,
j'ai le souvenir de cette plaidoirie à NOUMEA au cours de laquelle j'ai retrouvé mon vieux pote, impressionnant mais tellement accessible, percutant mais tellement sensible, brillant mais tellement sympathique, avec ton (discret) accent du Nord et tes blagues sur ton physiques.
Je pleure la mort d'un ami et je pleure la mort d'un confrère qui mérite d'être appelé un ténor.
Je dois dire que cette disparition m'a affecté. Je n'ai rencontré maître Moyart que quelques fois, mais il m'a touché par sa chaleur humaine et son ouverture. C'est son métier, me direz-vous... non. Cette humanité n'est pas le fait de son métier, c'st ce qu'il était véritablement, ce qui le caractérisait, ce qui l'habitait. Il aurait tout aussi bien pu être journaliste ou électricien. Il avait choisi d'être avocat, non pas je pense pour la situation matérielle confortable que cela pouvait lui apporter -et pour le milieu modeste dont je provenais il était très cher! , mais par sincère vocation. Je crois qu'il était plus que tout attaché à rendre leur dignité à ceux qui, après avoir fauté plus ou moins lourdement aux yeux de la société, avaient perdu la leur.
J'ai fait partie de ceux-là. J'étais incarcéré, et j'avais eu une avocate d'office. Ce n'était pas lui, et cette avocate, je ne l'avais vue que le jour de mon arrestation. Aucun échange ou presque. Et d'ailleurs je m'en foutais. J'étais en prison, certes. Et si j'avais encore ma famille avec qui parler, une famille qui m'a toujours soutenu, je m'en foutais. Je m'exprimais seul, je confiais mes pensées dans des carnets que je remplissais vite. Ecrire, voilà à quoi j'occupais mes journées, amateur de mots... et seul, malgré mes proches, parce qu'assez peu enclin à parler de moi.
Ma famille m'a choisi cet avocat, maître Moyart, pour me faire sortir de là. Encore une fois je m'en foutais. Pas envie de sortir, pas envie de parler. Des livres, un magasine d'échecs, et mes carnets et un stylo. C'était suffisant. Je l'ai rencontré. Pour tout dire sortir de ma cellule pour le voir m'ennuyait, il fallait se faire contrôler, attendre, affronter la présence des autres... je ne voulais pas vraiment. J'y suis allé parce qu'il était là, sans attentes ni plaisir.
Il m'a salué, m'a parlé de mon dossier, qu'il maîtrisait encore mal, s'est entretenu avec moi pour faire connaissance, et pour plus tard me faire sortir de ces lieux, qu'il jugeait sordides. Je lui ai dit que je ne voulais pas, que j'étais bien ici. Il a été surpris. Il m'a reposé la question, j'ai confirmé, lui révélant que je me sentais bien ici, seul avec mes livres, mon carnet et mon crayon, que rien ne me manquait véritablement, sinon la vue des arbres et de la nature. Je lui ai dit que j'écrivais. Amateur de mots, il a été intrigué. Je savais qu'il était écrivain, sans l'avoir lu cependant. On a échangé, il m'a trouvé atypique. Peut-être était-ce vrai...
On s'est rencontré plusieurs fois par la suite. Je le voyais avec plaisir car c'était un homme qui faisais du bien. Pour qui l'on existait. Et il avait le goût des mots que je partageais. Il a appris à me connaître, à connaître mon environnement de solitude et d'enfermenent qui m'avait façonné. On échangeait agréablement.
Il lui a fallu plusieurs rencontres pour me donner l'envie de sortir de ces lieux. Oh, pas une envie folle, mais pour me redonner l'envie du soleil et du monde extérieur. La prison brise, elle éteint aussi; Il le savait tout autant que moi, mieux sans doute. Il voulait m'en préserver.
Il y est parvenu, ma détention n'a été que provisoire, juste 4 mois dont il me reste un lointain souvenir mais de nombreuses pages. Je l'ai vu à son étude, le 11 mai 2015. Je ne savais pas pourquoi je le voyais, en fait c'était pour me préparer à mon procès le lendemain, le jour de mon anniversaire. Malgré la convocation du tribunal, j'ignorais qu'il s'agissait de mon procès. J'étais libéré depuis près de trois ans, mais je m'en foutais encore. J'ai parlé de son livre, que j'avais lu, en lui présentant les incohérences que j'y avait relevées. Il m'a répondu qu'il n'était pas surpris que je puisse lui faire de telles remarques. Il m'a laissé une charmante dédicace qui m'a beaucoup touché, une dédicace où se mêlait le respect et l'espoir...
J'ai peu suivi ses conseils le lendemain. Je n'ai pas fait profil bas, mais les fait étant reconnus depuis le début et mes déclarations vérifiées par l'enquête de police, tout s'est rapidement passé. Trois ans de mise à l'épreuve, suivi psychologique, rien de plus. Au final ce jour fut pour moi une sortie agréable, pas stressante. Il faisait beau à Boulogne-sur-Mer ce jour là. On s'est serré la main, on pouvait encore à l'époque. Ce n'est pourtant pas si loin.
C'était la dernière fois que je le voyais. Il m'avait dit qu'il serait heureux de lire mes textes, je ne lui ai jamais envoyé, je les trouve sans intérêt. Mais aujourd'hui, je le regrette. Pas pour moi, non, mais pour lui rendre un peu de ce plaisir qu'il avait pu m'apporter quand j'étais en prison.
Cinq ans plus tard, seulement cinq ans, on m'apprend qu'il n'est plus. Une longue maladie? Comment le destin peut-il infliger à un homme tel que lui un lent déclin alors que moi, je suis encore vivant, après des années d'alcoolisme? Il m'a souhaité une longue vie dans sa dédicace. Et m'a dit que j'étais quelqu'un de bien.
Adieu, Jean-Yves Moyart. D'ordinaire, je ne suis pas homme à rendre si longuement hommage à quelqu'un. Je continue de masquer mes émotions; mais ce dimanche 21 février, le lendemain de ton départ, je veux bien venir pour la première fois chez toi, sur ton mur, pour te remercier une dernière fois. Et te dire que la personne bien, c'était toi. Bon voyage, et à un de ces jours, j'espère qu'on pourra rattraper le temps perdu.
et je parle en psy et non en professionnelle de la justice ... il savait parler aux enfants que j’ai pus rencontrer en entretien...
je me souviens de ce petit Nicolas qui du haut de ces 6 ans voulait voir le monsieur qui lui avait fait du mal « je veux voir le monsieur partir avec les policiers... ». Alors vous avez pris par la main ce petit garçon, vous lui avez fait la visite du grand tribunal de Lille, grande salle toute grise ! « Ah c’est grand !!!... ». Oui c’est vrai que c’est grand mais si tu te perds, tu cherches mes oreilles, tu vois, mes grandes oreilles !!! Nicolas a gardé longtemps ce doux et drôle souvenir de votre rencontre . Merci, merci ...
je suis triste et pourtant je ne le connaissais que si peu...
Ce soir c'est avec une grande tristesse que j'apprends la disparition de Jean-Yves Moyart, que l'on connaissait parfois plus souvent sous son pseudonyme de Maître Mô.
Que dire si ce n'est qu'il a été l'un de mes premiers partenaires dans l'aventure que j'ai commencée il y a plus de dix années déjà avec Objectif-Justice.fr.
Non seulement j'ai bénéficié de sa confiance dans les premières années où j'ai lancé ce site de "vulgarisation de la justice", mais également de sa sympathie à mon égard.
Son verbe et sa lyrique furent exceptionnels, de même que ses sujets qu'il écrivait d'une plume somptueuse et singulière à la fois.
Aujourd'hui c'est un confrère que je perds, et la toile peut s'émouvoir, ce soir, de devoir dire adieu à un poète qui avait toujours à cœur de rédiger ses phrases avec les plus beaux Mô.
"La mort est une surprise que fait l’inconcevable au concevable."
Paul Valéry
Christopher DESTAILLEURS-HENRY
Fondateur et Directeur d'Objectif-Justice.fr
Merci pour votre dévouement, Maître Mô.
Un jeune inconnue, mais néanmoins sincère
Jamais nous n'aurons la fin de l'histoire noire.
Jamais nous n'aurons plus la joie de vous lire ou de vous entendre.
Merci à vous pour tous ces récits ces frissons ces larmes et ces sourires que vous nous avez amené .
Merci de nous avoir permis de créer une petite communauté même si avec le temps nous nous sommes perdu d'écran et de clavier.
J'embrasse ceux qui me reconnaîtront.
Je vous embrasse vous aussi maître.
Vous avez tirez votre révérence.
Votre vie a été votre plus belle plaidoirie.
Cipement votre.
Sophie.
Puisque nous attendrons désormais ad æternam le billet suivant, je voulais vous dire merci et m'incliner pour tant d'humanité et de professionnalisme.
Pouvoir vous lire a été et restera un honneur.
François
Au fait, et la suite d’idées noires, c’est pour quand ? Faut-il qu’on fasse une pétition sur change.org?
Bonne année à tous, que 2021 soit moins pire (ou plus meilleure, au choix) que 2020
vous me manquez maitre ...
à bientot j’espère Lise
Et au passage Maître .... Un p'tit article ? Pour faire passer le temps durant cette période ensoleillée
Pour l'instant tout va bien - et je suis ravi que "mes" anciens passent encore parfois, apparemment en forme aussi..!
Sinon, encore une grosse mise à jour à faire (qui va nécessiter ensuite de réintégrer les modifications effectuées ces derniers mois, donc je ne me lancerai qu'un jour très calme où mes nerfs seront dispos... ), et dès que tout est "propre" promis, je termine et publie un petit quelque chose...
Portez-vous bien et tenez bon (valable pour le confinement et pour la patience dont il a fallu faire montre ici... )
Maître, une bonne résolution pour 2020 peut être ?
Oui, très bonne année 2020 à tous, plus encore à ceux qui passent encore ici malgré mes difficultés à pondre un texte complet... Alors oui, cher PiTRe, sans que ce soit une véritable "résolution" parce que je ne m'y tiens jamais : oui, je vous promets d'essayer encore - la matière ne manque pas, au demeurant...
On y croit !!!