Dans 1,6 %, je vous disais il y a quelques jours mon dégout pour la récupération d’un drame, et aussi que les politiques de tous poils allaient sauter dessus à pieds joints et les sabots crottés, ça avait déjà commencé…
Et ça continue, ah s’il y a une chose qu’on ne peut pas enlever au Gouvernement actuel, c’est sa rapidité, et on atteint très vite des sommets insoupçonnés…
Tinotino, qui se tient évidemment scrupuleusement informée des nouveautés proposées par son ministre, c’est bien normal, vient de me faire parvenir ce lien, où Monsieur Serge Portelli, magistrat et représentant syndical, s’effondre dans un beau texte à la lecture de la dernière invention géniale en date en matière de délinquance sexuelle, celle de Monsieur Brice Hortefeux, qui voudrait que les gardes à vue des auteurs supposés de tels actes passent du régime général, deux jours maximum, au régime spécial de quatre jours, actuellement réservé on le sait notamment au terrorisme…
Il en a d’autres, d’ailleurs, Monsieur Hortefeux, des idées géniales -et pour un type qui ne connaissait rien au droit positif il n’y a pas trois mois, je trouve qu’il avance à grands pas : il proposerait également que la libération conditionnelle des condamnés dans ce domaine1 soit subordonnée à une castration chimique obligatoire -l’article relatant cette inénarable et audacieuse proposition traduit en parlant d’un traitement chimique irréversible anéantissant la libido, ce qui me surprend, je pensais que le côté irréversible n’existait pas justement, mais passons.
Vous savez quoi : je risque de plier, à force de démagogie et de conneries en tous genres qui me vérolent ma belle et bonne Justice, qu’il est de moins en moins possible de se représenter en Déesse immaculée, mais de plus en plus en Grande Catin de la République…
L’article d’origine, commenté par Monsieur Portelli, est affligeant pour des tas de raisons, et on y relèvera avec une sorte de délectation morbide, comme un légiste rassemblerait les membres épars d’un cadavre :
– que cette belle idée provient en droite ligne des policiers, et du fait que les enquêteurs déplorent le manque de temps qu’une garde à vue leur laisse pour obtenir de beaux aveux, car “plus elle dure, plus elle est efficace”, on ne peut mieux dire, et j’imagine déjà celle qu’a dû subir le meurtrier supposé de “la joggeuse”, compte tenu de la pression médiatique et de l’espoir qu’on devait avoir encore de la retrouver vivante…
– qu’on “peut raisonnablement penser que le Ministère de la Justice aura voix au chapitre, s’agissant d’une disposition de droit pénal” … Oui, on peut, on peut même aussi et avant se demander depuis quand le Ministère de l’Intérieur les fait, les lois de droit pénal…
– que ladite proposition novatrice et efficace en diable a été suggérée parce que ledit meurtrier supposé n’a pas avoué, pendant toute sa garde à vue de deux jours, mais seulement à l’issue, devant le juge d’instruction, lors de ce qu’on appelle l’interrogatoire de première comparution. Le raisonnement n’est pas banal, on en déduit que l’aveu serait intervenu en garde à vue si elle avait été plus longue, et on souhaite donc qu’elle le soit !
J’ai un autre raisonnement, qui me semble évident, mais je ne suis pas Ministre, ça doit être pour ça : trois choses manquaient en garde à vue, réunies au contraire devant le juge : un avocat, un accès complet au dossier, et un juge, justement.
Les aveux sont intervenus après entretien avec l’avocat, qui a eu accès à tout le dossier et bien sûr a indiqué à la personne ce qu’il y avait dedans, s’en est entretenu confidentiellement avec elle en long et en large, et devant un juge courtois, qui interrogeait en vouvoyant et en appelant le futur mis en examen “Monsieur” …
Son avocat, Maître Carruso je crois, que je regrette de ne pas connaître, m’a d’ailleurs fait un énorme plaisir sur France Info le lendemain par ses déclarations, qui ne reniaient rien de mon petit texte d’origine2 et étaient, surtout, celles d’un confrère droit dans ses bottes qui fustigeait les carences de moyens dont avaient pu pâtir son client jusque là , et osait prendre la parole dans un milieu et un contexte incroyablement hostile : bravo à cette radio pour la lui avoir donnée, et bravo, Confrère, tout court -c’est le genre d’avocat qui m’a fait l’impression que son entretien avec son client pouvait être vraiment utile à celui-ci, et qui, sans doute, n’est pas pour rien dans le fait que celui-ci ait accepté de dire ce qu’il avait à dire…
Si vous voulez mon avis, la garde à vue pouvait durer cent ans qu’elle n’aurait rien donné de plus, justement dans ce cas précis.
Enfin, bref, tout ça, en tout cas, je regrette d’avoir à le dire, est d’une mollesse affligeante, je suis profondément déçu.
Trois mesures simples à la place de ces mesurettes, pour ces salauds de délinquants sexuels, récidivistes ou pas :
1) D’abord, il paraît qu’on avait l’ADN de la victime sur la personne en question : moi je dis que devant une telle preuve, une telle évidence, il suffit de dire qu’elle suffit, et on n’interroge pas le type, la loi prévoirait dans ce cas une légitime défense sociale, au terme de laquelle on lui met une balle dans la tête et c’est terminé, on n’en parle plus, sauvés.
2) Ensuite, toujours dans ce domaine, si on ne dispose pas de telles preuves, qu’est-ce que c’est que cette histoire de quatre jours de garde à vue ? Et pourquoi pas un lit et de quoi manger normalement, aussi, et une douche, tant qu’on y est ? Non, moi je dis que dans ce cas, garde à vue illimitée, qui ne cesserait que lorsqu’on aurait obtenu des aveux -c’est exactement ce qu’on dit couramment aux gardés à vue, d’ailleurs, sauf que là ce serait vrai. Puisque personne ne prétend que la garde à vue permet l’utilisation de méthodes coercitives illégales, pourquoi la limiter dans le temps ? Sauvés.
D’autant que, puisqu’on aurait des aveux à présent, mon 1 deviendrait applicable…
3) Enfin, la libération conditionnelle soumise à castration, je dis bravo3, mais bon sang, pourquoi “chimique”, avec tous les risques que ça comporte et le coût d’un traitement médicamenteux pour la société ? Moi je dis, et après tout c’est ce dont rêvent beaucoup de détenus vis-à -vis des pointeurs au vu et au su de tout le monde depuis tant d’années, pourquoi leur refuser ce plaisir, la vraie castration, physique, au couteau, cautérisée au gros sel et hop, là , on pourra les mettre dehors -avec leur bracelet électronique définitif à la cheville, leur obligation de pointage journalier et l’interdiction de croiser un mineur le reste de leur vie, évidemment… Sauvés.
Les gars, là , les Hortefeux, les Lefébvre, je vous le dis, sans vouloir vous manquer du respect que je ne vous dois pas, mais enfin, sur cette affaire, vous faites les couilles molles -justement…
Mesdames, Messieurs, je suis effondré. Je n’avais miraculeusement pas d’audiences ce matin, je voulais rattraper mon retard à l’écrit, mais finalement je vais faire la tournée des popotes dans les maisons d’arrêts où croupissent mes pointeurs à moi, tiens -quelques nouvelles du dossier, et tâcher de les rassurer un peu, aussi, ils ont rarement d’autres visites…
On leur reproche souvent, à juste titre, notamment d’avoir considéré leurs proies comme de simples objets, de leur avoir dénié leur personnalité humaine…
Et on, comprendre de misérables opportunistes légaux, se propose très exactement de faire la même chose avec eux.
Sauve qui peut.
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Alan Turing. Génie incontesté et père de l'informatique moderne a eu le malheur d'être homosexuel dans l'après-guerre britanique. Il a été condamné à une castration chimique. Celle-ci ne lui a pas juste supprimé la libido mais lui a fait pousser les seins et autres effets secondaires. Il a fini par se suicider avec une pomme empoisonnée (pourquoi Apple avait-il comme logo une pomme croquée aux couleurs du drapeau homo ? => Turing) et c'est une grande perte pour l'humanité.
Je ne compare pas un meurtrier-voleur avec un homosexuel, je veux juste dire que la castration chimique n'est pas une solution. Du tout.
Que dira-t-on le jour où on aura libéré un violeur le croyant castré chimiquement mais qu'en fait, chez lui, le traitement n'est pas efficace ? On ira faire des procès aux sociétés pharmaceutiques ?
je mets ci joint le lien vers le site de l'ARTASS, association internationale de psychiatres qui travaillent sur ce sujet
http://www.artaas.org/
Le communiqué de presse sur ce sujet est en page d'accueil
Parce qu'il faut quand même se poser la question du POURQUOI ? pourquoi ces commentaires haineux, pourquoi ces propositions démagogiques et irréelles ? Dans quels buts ?
Bon je vois que vous avez tous la réponse.