Pour inaugurer cette nouvelle catégorie des “boulettes” en tous genre, l’évidence commandait de vous livrer un exemple (mal) vécu de ce qui est toujours un grand moment, et arrive assez fréquemment quand-même, au point d’en être devenu une blague rituelle entre avocats : le client qui, ayant la parole en dernier comme chacun sait, la prend effectivement, contre votre avis (aie aie…), et ruine d’une phrase la totalité de ce que vous venez de plaider, pendant que vous grimacez au Tribunal une sorte de sourire torve en essuyant votre sueur…
Ça n’est malheureusement pas seulement une blague…
Ainsi frémis-je encore au souvenir de cette homme que je défendais aux Assises, et pour lequel je venais de commettre une longue plaidoirie exténuée, un homme qui ne parlait pas le français, accusé d’avoir voulu tuer sa femme, cinquante coups de couteau, pas morte, un miracle.
Thème de mon propos en défense (banal mais on fait ce qu’on peut, et j’y croyais réellement), en m’adressant largement à l’heureuse épouse, histoire de la rassurer (et du même coup les jurés, espérés-je quand-même un peu…) :
“Trois ans de détention l’ont radicalement changé, Madame : vous n’avez rien à craindre, il est sorti de votre vie, ce n’est plus le même homme, il regrette profondément ses actes…”
Trois ans que je lui parle via un interprète, comme il en a fallu un pendant toute l’audience, du coup fort longue.
Je m’assois, espérant avoir un peu convaincu, notamment de son absence de dangerosité désormais…
Et lui se lève, juste après, à ce moment fatal toujours redouté, prend calmement le micro et dit en un français très pur, un doigt soudain pointé vers sa femme, avec une très seyante grimace de haine :
“Toi, salope, t’es morte, je sors et je t’égorge” …
J’étais, je ne sais pas comment l’écrire… Mortifié.
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A nouveau désolée de revenir sur un billet aussi ancien (je poursuis mes séances de rattrapage en Mô), mais je me suis dit que vous n'auriez que ça à faire (ben oui, entre un job comme le vôtre, une famille, des commentateurs actifs sur les posts récents, et autres "broutilles", pas de quoi se fouler, hein ?! ). Et puis je voulais voir si le truc de l'avatar marchait (soi-disant que c'est mieux que le magnifique logo avocatesque...).
En tout cas,
votre style déchire Môvotre plume est tout à fait admirable maître (oui je sais, ne jamais faire de compliment à un avocat, des fois qu'il le croirait ).Si je comprends bien, on peut continuer à
mettre le ouaillecommenter dans tous les sens, sans cohérence aucune, dans ce blog si bien organisé (by the way, super la version iPhone)...pfff...ça valait bien la peine de créer une imbrication des com', des classifications chronologique et par catégorie, et tout ces trucs compliqués, hein ?Mon dernier président d'Assises a bien aimé l'histoire, lui aussi !
C'est ce qui s'appellerait de l'amour vache : Je te hais, meuuuuh!
Quinze en première instance (c'était une Cour d'Assises d'Appel), vingt requis cette fois, il a pris dix-huit...
Je crois qu'il est libre, depuis peu : à suivre dans la presse lilloise (humour noir pour humour noir !)
Et s'il est sorti, a t il mis sa menace à exécution? (humour noir...)