Bon anniverchaire, Mô !

En me baladant il y a quelques jours dans les plus anciennes archives de ce blog, je me suis aperçue fortuitement que

“Ce blog n’a que deux ans, mais des lecteurs en masse

Déjà  Mô perce sous Bilger et Eolas …”

Je me suis également rapidement rendu compte que faire des vers n’était manifestement pas la bonne façon de célébrer l’événement, rassurez-vous.

Nous fêtons en effet aujourd’hui les deux ans du blog de Maître Mô, probablement à  l’insu du principal intéressé, dans la mesure où le cerveau masculin est ce qu’il est en la matière, et où j’ai plus ou moins arbitrairement fixé la date anniversaire à  celle de la parution du premier billet en ces lieux, alors que son auteur répliquerait sans doute qu’avant de publier quoi que ce soit, il avait créé un tas de pages hyper intéressantes pleines de php et de css et d’autres choses un peu hermétiques, sous le regard privilégié de Jessy et peut-être, déjà , de certain cabri pastafariste … Lire la suite“Bon anniverchaire, Mô !”

Mandat de dépôt

J’ai tout récemment, par malchance, à  nouveau assisté à  une arrestation, “à  la barre”, comme on dit.

Et comme à  chaque fois que c’est arrivé devant moi, la scène, irréaliste, m’a frappé par son extrême violence, même si elle s’est déroulée doucement, selon la mécanique bien huilée des mandats de dépôt décernés à  l’audience : un homme était libre quelques secondes auparavant, et voilà  qu’il est, qu’il n’est plus, maintenant, qu’un détenu.

En trois minutes, quoi qu’il ait fait pour qu’on lui inflige cette sanction, sa vie bascule et plonge, deux bracelets de métal reliés par une chaînette symbolisent soudain qu’il n’est plus libre, en lui maintenant désormais les mains dans le dos…Lire la suite“Mandat de dépôt”

Dernière s-CEA-nce

(Le 38e appel du pied – dont personne ici n’ignore plus qu’il l’a grand – du Maître, qui a tendance à  diriger lesdits appels virtuels vers mon arrière-train, me pousse à  publier un texte ni émouvant, ni spécialement drôle, probablement aride et pourvu d’un titre moyen, qui n’aura pour mérite que de donner une idée à  ses lecteurs de ce à  quoi ils peuvent s’attendre s’ils se retrouvent poursuivis dans le cadre que je décris, ce qui peut arriver à  tout le monde ou presque1 . Il faudra néanmoins que j’apprenne un jour à  résister aux pressions des avocats, quand même. C’est terrible de toujours céder ainsi.)

8 h 20 : je passe récupérer Eric au greffe correctionnel, et nous descendons ensemble en salle des délibérés après un crochet par le bureau du JAP, qui a rédigé quelques rapports concernant des personnes convoquées à  mon audience dont il assure déjà  le suivi. Dix minutes plus tard, un coup d’oeil en salle d’audience nous apprend que le Parquet est à  son pupitre, que l’huissier semble en voie d’achever l’appel des présents, et que plusieurs avocats sont déjà  en place. Dernière vérification mutuelle, nos rabats2 sont réglementairement sortis, la sangle du parachute ne nous fait pas risquer le vol plané inaugural, nous pouvons lancer un coup de sonnette et entrer en scène.

La salle s’emplit immédiatement de robes noires, ce qui est un mauvais présage en termes de durée d’audience … Lire la suite“Dernière s-CEA-nce”

  1. Surtout si l’on prend en considération le nombre de créatures assoiffées de champagne qui fréquentent ces lieux … []
  2. = cravates blanches plissées []

Monsieur Dupont

On peut tout se dire, maintenant que la relation client/avocat est rompue, n’est-ce pas ?

J’ignore exactement ce que vous me reprocheriez, ou ce que vous auriez dit trouver de bien chez moi, pendant ces deux longues années où vous avez été de douleurs en douleurs, de souffrances en souffrances, sans que, sans doute, parfois, je ne les mesure suffisamment -et je ne le saurai jamais, à  présent que nous ne nous parlons officiellement plus, faute d’en avoir l’occasion, puisque je ne suis plus votre avocat…

En revanche, moi, j’ai besoin de me mettre en règle avec vous, je crois que c’est plus honnête, et que, finalement, ça pourrait même vous faire plaisir -vous n’aviez pas l’air de manquer d’humour, malgré tout…Lire la suite“Monsieur Dupont”

Ah ! Mam…

Un mot rapide, pour une fois c’est promis, juste pour vous livrer, si vous disposez d’un peu de temps et de beaucoup de courage, le texte intégral de l’“Avant projet du futur code de procédure pénale soumis à  concertation”, c’est le titre du pavé en question, qui m’est obligeamment fourni en cette somptueuse version .pdf par Marie, que je nomme derechef Grande Fournisseuse1 de Mots à  Mô, et que je remercie, pour ça et tout le reste, Grand Å’uvre Munificent de Madame Michèle Alliot-Marie, Ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés2, vous dire si c’est du lourd -le projet, veux-je dire…

J’avoue (bien qu’il ne faille jamais le faire sauf si vous êtes assisté d’un avocat ayant accès au dossier en garde à  vue, donc pas en France) que je ne l’ai pas lu, ayant malheureusement quelques dossiers urgents en cours -j’ai seulement été directement regarder, telle la vérole se ruant sur le bas-clergé, les nouvelles dispositions relatives à  la venue dudit avocat en ladite garde à  vue, qui,  croyais-je, toujours naïf et pur comme tous les avocats, dont c’est le métier, ne pouvaient manquer d’être totalement révolutionnaires, et de laisser enfin ledit3 avocat travailler efficacement dès ce stade, et, partant, le justiciable bénéficier de son assistance effective, puisqu’on ne parle que de ça depuis des mois, que la jurisprudence européenne l’exige, et que maintes conclusions de nullité, décisions judiciaires et autres toutes fraîches questions prioritaires de constitutionnalité, le demandent à  tue-tête…

Je ne cache pas une légère déception…Lire la suite“Ah ! Mam…”

  1. Toujours cette féminisation stupide, la vache, “fournisseuse”, c’est vraiment pas beau, on dirait de l’argot de voyou… []
  2. Au prix des cartes de visite, une titulature pareille, moi je dis que ça ne sauve pas la planète… []
  3. “Ledit”, “dudit” … Ne cherchez pas, c’est juste pour faire juriste, bien sûr que dans la vraie vie on ne parle pas comme ça… []

Petit moment de détente du week-end …

… qui vous est offert, une fois n’est pas coutume, par le ministère de l’Intérieur1 .

Quelques erreurs forcément volontaires se sont glissées dans ce communiqué, ou ce compte-rendu, comme on voudra, publié sur le site dudit ministère, et découvert via Eolas2 . Saurez-vous les retrouver ?

Indice : la plupart me paraissent concentrées dans les quelques lignes que, par souci de meilleure accessibilité, je reproduis ci-dessous. Lire la suite“Petit moment de détente du week-end …”

  1. Et aurait dû être mis en ligne dès hier, si je ne m’étais pas fait griller par mon hôte, alors que j’avais terminé mon post avant lui – en même temps, il est chez lui, quand même … – tant pis, ça fera deux billets du week-end. []
  2. Merci Maître ! Que ferait-on sans les avocats, je vous le demande … []

Soleil au Sénat !

Ces dix derniers jours ont été épouvantables à  tous points de vue -certes, j’adore me faire plaindre, mais là , pour une fois, ce serait mérité- et je finis la semaine sous les dossiers, la voix éraillée d’avoir plaidé, les yeux cernés d’avoir guetté une réaction amicale ou à  tout le moins compatissante des tribunaux, et, euh… Le cœur, c’est ça, le cœur brisé d’avoir espéré un geste de survie de mon banquier, ou même un geste humanitaire de mon garagiste

J’ai donc à  peine eu le temps de m’autoriser de temps à  autres une heure de maraude en ces lieux vénérés, sur les coups de cinq heures du matin, histoire d’assurer la maintenance minimale des lieux et de vérifier qu’on n’y disait rien d’insultant pour personne, ou en tout cas pas sans mon consentement -et je tiens à  présenter à  mes millions d’adoratrices mes excuses les plus plates pour cette indisponibilité, que j’espère la plus momentanée possible1, puis, la première cafetière de la journée prenant quand-même un peu de temps à  être vidée, et le premier paquet de clopes à  rejoindre la poubelle et son contenu mes poumons, une demi-heure supplémentaire a parcourir un peu l’actualité du Ouaibe, l’œil  morne et le moral en berne… Jusqu’à  ce jour.Lire la suite“Soleil au Sénat !”

  1. Auprès de mes lecteurs mâles, je ne m’excuse pas, car c’est un signe de faiblesse selon John Wayne, mais le cœur y est ! []

“Sport. Never.”

(très joli titre qui n’est évidemment pas de moi, mais emprunté à  Winston Churchill, un type qui avait tout compris à  la vie et à  qui celle-ci l’a bien rendu, puisque malgré ses dix cigares quotidiens et cette absence totale et revendiquée d’exercice physique, secret selon lui de sa longévité, il a vécu 91 ans)

Note préliminaire : je pense pouvoir assurer à  tous que personne n’apprendra quoi que ce soit de juridico-judiciaire dans ce billet, qui ne contient pas un gramme de droit et se veut purement anecdotique. En vérité, j’étais supposée finir de le rédiger pour jeudi midi, suite à  une injonction du Maître1 qui prétendait vouloir bosser ET éviter de passer une semaine sans rien publier. Mes brouillons plus sérieux n’étant pas prêts à  sortir, nos travaux communs non plus (à  cause de lui), je me suis dépêchée de relancer celui-ci, pour m’apercevoir vers midi que mon hôte avait finalement décidé de sous-traiter son travail éditorial à  un autre magistrat. Pas grave, j’ai quand même décidé de sortir mon billet light, d’autant que nous sommes encore en période de vacances, de week-end, de nuit et de froid, ce qui devrait me permettre de ne pas gêner trop de fans des chroniques judiciaro-législatives. Ca apprendra à  d’aucuns à  lancer des appels au secours multidirectionnels.

Voilà , vous aurez été prévenus. Je m’en vais maintenant vous parler d’un temps que les moins de, disons, 28 ans ne peuvent pas connaître : celui auquel les candidats à  l’entrée par concours2 dans la magistrature devaient prouver qu’ils étaient titulaires non seulement d’une tête bien lourde faite, mais également d’un corps le moins malsain possible3 .Lire la suite““Sport. Never.””

  1. Textuellement, “Tu vas publier, oui ou merde ?”, car il a le sens de la formule énergique – à  croire qu’il a un jour été moniteur à  l’INSEP. []
  2. Les trois premiers concours en fait, mais vu la multiplicité des voies d’accès au métier, je préfère simplifier. []
  3. Avant de se voir offrir moult occasions de démentir ce dernier point au cours de diverses soirées bordelaises alcoolisées, bien sûr. []

Un jeune de quinze ans est-il plus dangereux que le “Gang des Barbares” ?

Par Laurence Bellon, Vice-présidente du tribunal pour enfants de Lille, membre du groupe pluridisciplinaire à  l’origine de la pétition “Quel futur pour les jeunes délinquants ?”1 .

Trois brèves observations introductives à  cet article : d’abord, à  titre personnel, moi, la justice des mineurs, hein, autant vous dire que ça ou rien… Seulement voilà , quand une magistrate de votre ville soudoie votre associé pour vous faire passer un texte avec ordre de le publier, sous peine de ne plus jamais relaxer un gamin défendu par vous, c’est tout, on ne réfléchit pas, on modifie un temps sa ligne éditoriale, et on s’exécute !

Ensuite, plus sérieusement, c’est évidemment bien de l’honneur qui m’est ainsi fait, et ça l’est d’autant plus que le texte qui suit propose une solution limpide, claire, facile, aux difficultés posées par le fait de juger des mineurs accusés de crimes. Et qu’il constitue, ainsi, une preuve de plus que dès que les véritables praticiens réfléchissent, en mettant toute leur expérience professionnelle dans la fameuse balance, on aboutit à  un règle applicable, logique, et respectueuse de tous les intervenants. Élus de tous bords, prenez-en de la graine, ça nous ferait des vacances…Lire la suite“Un jeune de quinze ans est-il plus dangereux que le “Gang des Barbares” ?”

  1. Vous auriez deviné tout de suite que ce texte n’est pas de moi : il est court ! []

Môktoub

Hier, j’ai rêvé à  une histoire rigolote, celle d’un garçon qui commettrait parfois des bêtises1, qui serait très mauvais dans son domaine, puisqu’il se ferait prendre régulièrement, mais qui, inexplicablement, aurait une chance incroyable, à  chaque fois…

Précisément, j’ai dû rêver -je pense que c’était un rêve, parce qu’autant de chance, ça n’existe pas, en principe- que j’assistais, hier donc, toute l’après-midi et une bonne partie de la soirée, l’un de mes clients fétiches2,et qu’il s’agissait de la deuxième fois où il risquait l’emprisonnement dans le même dossier, et la sixième fois en tout dans sa pourtant relativement courte vie -et dans mon rêve, je me disais que cette fois-ci, je pourrais toujours me rouler par terre devant ses juges, ou bien me planter une orchidée dans le rectum pour les faire rire, le résultat serait le même : cette fois, il dormirait en prison…Lire la suite“Môktoub”

  1. Lorsque c’est un pénaleux qui utilise ce terme, traduisez : “des actes criminels lourdement répréhensibles” ! []
  2. Déjà , lorsqu’un pénaleux qualifie un client de cette façon, vous êtes en droit de penser récidive… []

On aurait vraiment mieux fait de ne rien dire !

Comme ce problème [SUITE ET FIN, PROMIS !] est devenu légèrement obsédant, depuis que d’éminents confrères Ouaibesques l’ont mieux expliqué que moi, pour, sous couvert de diverses louanges de pure forme1, venir ensuite me ratatiner le cervelet en en tirant des conclusions différentes des miennes, j’exorcise, et, dans le but avoué de me libérer l’esprit pour aller conclure quelques divorces passionnés, reviens ici, je vous le jure de la façon la plus simple possible, sur la gentille énormité que constitue, en tout cas, la modification légale du code pénal relative à  l’inceste.

Je sais que chacun aura compris qu’il y en a bien un, de problème (et même une demi-douzaine), et peut-être considérerez-vous que les circonvolutions juridiques autour d’icelui importent peu, au fond : c’est assez exact, mais, outre qu’il n’est pas anodin qu’un délit incestueux soit éventuellement réprimé d’une peine maximale divisée par deux (si j’ai raison), il ne sera pas dit que je me rendisse sans combattre, et les thèses en présence me collent une migraine qui mérite traitement, la non-compréhension d’un raisonnement me terrifiant littéralement, surtout quand c’est le mien -et j’y adhère toujours, mais de façon un peu plus claire désormais -enfin, je crois…Lire la suite“On aurait vraiment mieux fait de ne rien dire !”

  1. qui ne sont pas sans rappeler celles du plaideur rendant  un hommage sucré aux réquisitions qu’il vient d’entendre, si rigoureuses, si remarquables, si précises, pour s’empresser dans un second temps de les détruire avec fougue et de n’en laisser que cendres… []

On nous dit rien… Et parfois, on fait bien !

J’ai commencé à  rédiger ce qui devait être une brève le 27 janvier dernier, c’est à  dire le lendemain matin de l’adoption de, devinez quoi, une nouvelle et même néme loi venant partiellement réformer notre droit pénal, en l’occurrence celle qu’on a cru devoir voter pour introduire1 l’inceste dans notre code pénal -le mot “inceste”, j’entends, parce que, comme bien vous le pensez, le crime lui-même y était déjà  prévu et réprimé, aux termes d’un petit groupe de textes dont je vous cause dans quelques minutes -et vous allez voir que pour en causer, on va en causer…

A l’origine donc, je souhaitais juste au passage souligner à  la fois qu’on fait de plus en plus souvent ce genre de choses sans le dire à  aucun praticien, et qu’il est désormais littéralement impossible de travailler en temps réel avec la moindre des nécessaires sécurités juridiques, ce qui devient littéralement ingérable, par tout le monde -tiens, la fameuse Loi Pénitentiaire, là , vous savez, ce gros bazar dont on a parlé sans le faire un peu partout ? Et bien au passage, elle a totalement réformé non pas seulement l’application des peines et leurs modalités, ce qui n’aurait déjà  pas été mal, mais en plus les conditions mêmes du prononcé de ces peines par un Tribunal, y compris en comparution immédiate, et elle dit deux ou trois petites choses passionnantes, cette loi, comme par exemple que tout tribunal condamnant désormais à  de l’emprisonnement ferme inférieur à  DEUX ANS (tout de même) DOIT “aménager” cette peine -c’est à  dire doit expliquer comment le gars en question échappera au trou, rien que ça !Lire la suite“On nous dit rien… Et parfois, on fait bien !”

  1. Ou plus exactement réintroduire, puisqu’il s’agit d’une notion qui y figurait historiquement je pense []

N’ai-je donc tant vécu que pour cette … ineptie ?

Je sais, on ne devrait jamais écrire, ab irato, pour commenter une annonce ministérielle qui ne sera peut-être jamais suivie d’effet. Cela peut amener à  écrire des bêtises, à  créer une catastrophe bloguesque car le dimanche, la vigilance du Maître se relâche, ou pire encore, à  détourner1 l’attention des lecteurs des enjeux et de l’issue d’un concours d’ampleur nationale. Mais que voulez-vous, parfois, ça démange trop, ma fille dort, mon avocat travaille au cabinet, et je déteste m’agacer toute seule.

Un double meurtre manifestement commis dans des circonstances horribles a été découvert, avant-hier. Les victimes étaient deux septuagénaires. Le mobile de ce crime, d’après la Procureur de la République, reste pour l’heure ignoré.

Invité à  s’exprimer au journal de 20 h de TF1, hier soir, le ministre de l’Intérieur a indiqué que trois mesures allaient incessamment être instaurées en vue de protéger les personnes âgées : une “opération tranquillité seniors”, impliquant une surveillance accrue des retraités isolés ou inquiets, le signalement auprès des services enquêteurs de la libération et des coordonnées des délinquants agresseurs de personnes âgées, et l’aggravation des sanctions pénales encourues par les auteurs d’infractions commises à  leur encontre. Lire la suite“N’ai-je donc tant vécu que pour cette … ineptie ?”

  1. très brièvement, bien sûr []