Joyeuse Nouvelle Annie !

Je n’ai presqu’entendu aucune de ses réponses (encore n’aie-je ci-dessus retracé qu’une version courte de cette non conversation kafkaienne, les points de suspension m’agressant trop par leur nombre), et j’ai répondu au minuscule filet de son qui me parvenait d’elle au pif, sans doute plusieurs fois à  côté… Peut-être est-elle constamment demeurée au stade du badinage, peut-être a-t-elle dit des trucs importants, et notamment à  ma première question un mot d’explication, je n’en sais rien… PUTAIN. PUTAIN JE N’EN AI PAS LA MOINDRE IDEE JE SUIS MAUDIT !
J’étais pressé de retourner à  côté pour le gros procès en cours, mais j’ai voulu soigner ma sortie (et du même coup ma déconvenue : une conversation de visu en six mois et il faut qu’elle se déroule comme ça… Dieu n’existe pas, et en plus il est méchant) et ai donc écrit “MECHANTE” en lettres bâtons sur un bout de feuille déchiré de mon dossier et laissé en évidence sur le sien… Moment que bien sur elle a choisi pour revenir s’asseoir à  notre banc pour préparer son dossier. Elle a lu, m’a regardé en souriant pendant que je partais à  mon tour, et m’a dit, vous l’aurez deviné : ” …………………………” !
Donc, disons, à  ce moment là , les sentiments en général, sans doute non.
Mais ceux-là  et cette fille là … Je ne sais pas trop, il va vraiment falloir que malgré son mec, malgré le fait qu’elle m’ait signifié par son silence, finalement, que je pouvais aller me faire enculer (c’est impoli, le silence, moi je trouve, donc je l’exprime grossièrement), malgré toutes ces occasions dont je n’ai rien fait, il va falloir qu’elle me laisse approcher en tête à  tête plus de cinquante secondes…
Voilà , tiens, résolution unique de la Nouvelle Année : je vais lui proposer, tant pis. Si elle dit non je suis foutu mais fixé; si elle dit oui… Je découvrirai soit que je peux l’aimer, soit que pas, et je serai fixé aussi.
Ça paraît évident dit comme ça, n’est-ce pas… Je rigole de ma propre bêtise, malgré tout un peu attendri parce que tant qu’elle demeure, il y a de l’espoir, mon cœur, qui est grand je crois, bat toujours, même si la belle Nathalie ne s’y trouve qu’à  son insu pour quelque chose (je pense qu’elle pense que je suis un gros charmeur de merde, ce en quoi je ne peux même pas totalement la détromper, même si j’essaierai quand même. Je veux séduire, et en même temps suis affligé d’une véritable obsession pour la sincérité, c’est donc assez compliqué, tant il est vrai que Dieu n’existe pas mais s’est plût lors de la Création à  mêler étroitement les jolies choses, non point pour les associer définitivement, mais au contraire pour en faire des contraires irrémédiables ou presque).
En plus, au Palais, je la vois constamment avec un avocat de ma promotion qui est à  la fois sale et con, et pour lequel l’expression “sale con” a d’ailleurs été créée de longue date; ça m’ennuie non pas par jalousie, je le serais volontiers d’un type bien mais là  c’est rigoureusement impossible, je ne PEUX physiologiquement pas l’envier, même d’avoir la chance de la fréquenter quotidiennement; mais parce que ça veut probablement dire qu’elle l’apprécie, ce qui est à  mes yeux une énorme source d’inquiétude. Si ça se trouve c’est lui son mec, et là  croyez-moi il y a littéralement de quoi vomir, si ce gars me remettait un cadeau pour ma secrétaire je ferais renforcer la sécurité d’accès à  mon cabinet, vous voyez le genre…
En même temps, je connais depuis peu une fille pas mal du tout qui vit pourtant avec un laid crétin (car nous avons, les hommes, de la chance de ce point de vue il faut le reconnaître, elles semblent nous choisir sur de mystérieux critères ne passant pas ou pas exclusivement par le physique, voir le mental… Ce qui nous arrange copieusement dans notre immense majorité, je crois bien – moi en tout cas… Passons.), et conserve donc espoir…
Quant à  ce que j’appelle la tendresse sexuelle, pas utile d’y trop réfléchir ce soir, j’ai eu ça plusieurs fois cette année : une courte histoire bien comprise et surtout très bien renseignée en amont, la fille sachant qu’elle n’avait à  attendre de moi que douceur et gentillesse ponctuelles mais peu ou pas de lendemains, et acceptant ou pas (deux refus en tout); en tout cas, “avant”.
L’acceptant parfois beaucoup moins “après”, d’où petites complications, mais dans l’ensemble non. Ceci étant j’y pense quand même, parce que cette solution n’est bien sur pas très satisfaisante, intellectuellement surtout (physiquement ça va, on peut pas dire); et que là , ce 31 décembre vers quatre heures et des, ça fait un petit moment que rien de nouveau ne s’est produit (une mignonne amourette en Guadeloupe où j’étais il y a deux mois avec Xavier, mais sans un geste, et avec le recul probablement unilatérale; je ne vous raconte pas ça là , peu à  en dire et hors sujet, c’était juste très mignon dans ma petite tête, elle avait une façon très séduisante de rater le frisbee que je lui jetais…
La première grande histoire de ma vie qui a refait surface il y a quinze jours, pour enfin commettre avec moi “l’acte”, que nous n’avions pas consommés il y a… Des années, de la Seconde à  la Terminale quand nous étions ensemble et faisions tout sauf “ça”, parce qu’elle voulait le préserver encore ( je ne sais plus comment j’ai pu tenir trois ans, vu le nombre de fois où j’ai été nu, dans ses mains ou sa bouche… C’était les Temps Héroïques où de Musset, je ne disais que : “Ce qu’il écrit est vrai” … Au lieu de l’actuel “Ce qu’il écrit est beau”, et les gloses autour de sa fameuse dualité, vous savez bien, l’amoureux transi / le poète alcoolique, maudit et cynique, que lui était manifestement tous deux à  la fois, quand j’ai moi l’impression de les être à  tour de rôles et plus ou moins l’un que l’autre en fonction des humeurs… Ce soir, définitivement, c’est le deuxième…).
Nous “l'”avons donc fait, et un peu trop somatisé si vous voulez mon avis, ce ne sera probablement pas un très bon souvenir pour elle, bien que l’on continue apparemment à  bien s’aimer (sms de Bonne Année reçu tout à  l’heure, tout est en règle).
Et la petite dernière, que je surnomme affectueusement Glanglan, qui est jeune, très, et jolie, très, et avec laquelle je suis resté trois semaines il y a six mois, pour la quitter parce que j’avais l’impression qu’elle commençait à  m’aimer et que je ne suivais pas la même évolution; elle a rappelé il y a trois jours et est venue “boire un verre” chez moi, sans trop d’arrières pensées a priori; la soirée avançant on s’est caressés et embrassés, et au moment de l’Ultime Etape des Corps Dénudés du Saint Mélange, elle a freiné des quatre fers (si l’on peut dire mais c’est une bonne image compte tenu de notre position favorite) en me disant qu’elle ne voulait pas faire l’amour car avec moi c’était sans lendemain, que je ne recommençais pas une histoire avec elle mais passais seulement un moment de “tendresse sexuelle”, ce qu’elle comprenait parfaitement (peu de temps après notre rupture nous avions échangés un soir les SMS suivants, le premier étant d’elle :
“- SALUT BESOIN D’UN AMI SEXUEL CE SOIR PEUT ÊTRE CHEZ TOI DANS UNE DEMI HEURE
– TENTANT MAIS SERAIS UN ENCULE DE DIRE OUI
– SOIS UN ENCULE !
– NON”.
Evidement, qu’elle comprend…), mais qui ne la satisfaisait plus désormais… Je pense qu’elle s’attendait, compte notamment tenu de nos excitations du moment, alors que nous étions à  moitié déjà  nus et elle trempée, moi très érigé ( ce verbe n’est guère signifiant, je voulais écrire “érecté” mais le correcteur automatique de l’ordinateur le refuse) à  ce que je lui dise que si, qu’on pouvait redémarrer quelque chose, qu’après tout c’est elle qui avait raison à  l’époque les sentiments pouvaient peut-être venir progressivement… Mais je l’ai déçue, toujours foncièrement honnête, je lui ai dit ” Oui, d’accord, je te comprends, je te raccompagne “, ce qui fut fait, pour solde.
J’ai toujours correctement géré mes frustrations de ce côté, et mes nouvelles attitudes (depuis que j’ai quitté la seule femme du Monde Libre qui pouvait tout me donner et avait d’ailleurs largement commencé, et par voie de conséquence enfin découvert que c’est moi qui avait un problème majeur avec l’Amour que pourtant je quêtais sans cesse depuis que je savais parler…) me l’imposent plus que jamais : black out donc, exit ces historiettes, rien de vraiment nouveau.
Ah si, la jeune patronne remplie de charme d’un resto que j’affectionne s’est déclarée : comme me le suggéraient tous les amis et amies (j’aurais du comprendre que c’était vrai lorsque même les filles le voyaient, elles savent, définitivement, elles ont un sens que nous ne possédons que très rarement; le même qui fait que les hommes qui trompent leurs femmes ne peuvent se contenter de ne rien dire, ils sont dès leur laideur accomplie aussitôt questionnés et doivent dès lors mentir de façon positive : elles savent…) que j’y invitais à  partager ma table et qui l’avaient vue avec moi, elle est tombée amoureuse de moi la première fois que j’y suis venu. Comme elle me l’a indiqué sans que je sache si je ne dois pas prendre ça pour tout sauf un compliment (elle est mariée et a des enfants), elle ne “sait pas du tout pourquoi”
Moi non plus, mais de toute façon je n’embrayerai pas, ça a l’air d’être une chouette fille, et comme elle n’a finalement pas fait mystère de ses sentiments, sans trop me connaître (elle m’a appelé au cabinet et m’a dit ” Je tremble, là  ” quand j’ai décroché, après qu’elle ait osé passer le barrage de la secrétaire, et, d’entière bonne foi et sans vouloir être cynique, j’ai répondu ” Oui, tout le monde a la crève en ce moment “, la faisant me répliquer ” Mais non, imbécile, c’est de vous appeler !”, ce qui a commencé de finir de me mettre sur le cul…) je ne profiterai de rien, n,’ayant pas grand-chose à  lui offrir si ce n’est beaucoup de bordel dans sa vie à  elle. Je lui expliquerai -dit-il comme un putain d’abruti prétentieux de Grand Seigneur, mais n’empêche réfléchissez bien, tout ceci n’est que respect…

15 Commentaires

  1. Anaïs
    Ça alors ! C'est un délice, ça m'a tenu en haleine entre deux tableaux Excel et je n'avais vraiment pas vu venir la chute ! Et c'est écrit de façon si réaliste que j'en suis encore à me demander si cette aventure vous est réellement arrivée ou pas...

    Oui je sais, je déterre, mais c'est le Monde qui m'a fait connaître ce blog la semaine dernière, alors je profite honteusement des heures de boulot pour rattraper doucement mon retard.
    Et là je ne pouvais pas juste passer en silence ;)
  2. Bonsoir Maître,

    Un peu de retard dans mon commentaire, mais je ne découvre vos pages que depuis quelques jours!
    Je passe ici dès que possible, pour me déconnecter un peu en parcourant un ou deux billets, toujours savoureux...
    Cette histoire est... comment dire sans sombrer dans le maniérisme?... bon, j'en ai encore des frissons, voilà !...
    Si d'aventure, en rangeant l'invraisemblable bordel le fruit de votre labeur sous lequel doit être dissimulé votre bureau, vous dénichiez d'autres petits trésors de ce genre... pensez à  nous!!!...
  3. "Je n'aime pas écrire, j'aime avoir écrit " (Louis Scutenaire) !
    Merci, en tout cas, mais vous avez raison : ça pourrait être bien mieux écrit, mais je ne suis absolument jamais satisfait, en fait, et donc règle imposée sur ce blog : une relecture et envoi, terminé..!
  4. Mô tus et bouche cousue
    J'ai passé un très bon moment ce matin à  la découverte de votre site.
    Bravo pour la nouvelle : l'intrigue est très bonne mais si j'étais votre éditeur, je vous la referais travailler. Mais attention, « L'écriture est une aventure. Au début c'est un jeu, puis c'est une amante, ensuite c'est un maître et ça devient un tyran. » Winston CHURCHILL
  5. Pingback : World Wild Web | Comme une image

  6. Ouf, voilà , vendredi 29 août, tandis que la journée s'écoulait vraiment trop lentement (j'ai une envie de bosser au plus bas en ce moment, une catastrophe), je suis retourné dans le 10e onglet de mon navigateur qui en compte 25 à  l'heure où je vous parle et j'ai repris ma lecture. J'ai eu du mal à  rentrer dans le texte mais une fois le rythme pris, je suis allé jusqu'au bout, emporté par le récit. Joli coup, ton histoire d'Hômme...
  7. Merci, Jacques-Marie : vous revenez ici quand vous le souhaitez ! C'est très gentil... Et... Oui, ça existe ! La question étant de savoir si je les ai vraiment rencontrées...
    Changer de métier ne me paraît pas indispensable, mais d'étage, ça, tant que les voitures se contenteront de rouler...

  8. Jacques-Marie
    Ah, ben oui, hein. Impossible de s'arreter en cours de lecture.
    Je ne sais pas critiquer les aspects techniques d'écriture, mais ce récit est passionnant. Tout y est : l'humour, la tendresse, l'action, l'ironie, l'intimité. Je veux aussi une Nathalie et une Annie. Ca existe des femmes pareilles ?
    Dites-moi ce qu'il faut faire. Je change de profession, j'apprends le droit et deviens avocat, quitte mon trente-et-unième étage pour un premier ; un rez-de-chaussée en angle s'il le faut.

Fin des commentaires


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