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Grand O tôt, Grand O râles…

[J’ai récemment lu cet excellent récit sur ce joli blog, et ça m’a donné envie de vous raconter la mienne, d’Épreuve… Merci donc, @eclatdavocat (petit nom de l’auteur sur Twitter) !]

Il y a maintenant, euh… un certain temps1 , à l’issue de cinq années harassantes d’études attentives2 j’ai passé l’examen d’entrée à l’École de Formation des Avocats du Ressort de la Cour d’Appel de Douai.

A l’époque, la scolarité dans cette école durait un an, à l’issue duquel il n’y avait pratiquement pas d’échecs : parvenir à y entrer, c’était très concrètement être assuré d’en sortir avec en poche le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat, le splendide CAPA ; c’était donc, tout simplement, la seule vraie dernière marche avant de devenir avocat…

Et devenir avocat, je le voulais, vraiment, je n’avais “fait Droit” que pour ça…3

J’avais eu les écrits, tout juste, dix aux deux épreuves comme la moitié des candidats encore vivants après, on “rattrapait” manifestement déjà beaucoup à l’époque4 ; j’avais ensuite passé quelques petits oraux, dont je n’ai strictement aucun souvenir, pour me trouver, finalement, non pas au pied du mur, mais de la Ténébreuse Gigantesque Muraille de la Fin du Monde des Vivants, j’ai nommé l’épreuve-reine, celle dont on pensait, à tort ou à raison, qu’elle décidait en réalité de tout vu son coefficient majeur : le Grand Oral, Grand O pour les intimes5 .

J’avais vingt-trois ans, et non seulement je n’avais jamais eu aussi peur de ma vie (n’ayant et pour cause encore jamais plaidé aux Assises, ce Grand Oral permanent qu’on repasse chaque fois…), mais encore j’avais la certitude que je la jouais, ma vie. Je ne voulais plus être étudiant, je ne voulais plus des petits boulots que j’avais fait pendant tout ce temps, je voulais, je crevais d’envie de, devenir A-VO-CAT ! Je n’avais fait ces études que pour ça… Et tout se jouait… Maintenant.

Ou plus exactement demain.

Parce que là on était la veille, et qu’à l’issue de cette semaine carcérale que j’avais passée, jours et nuits, à bachoter comme un tâcheron tout ce que je possédais ou avais loué de bouquins, Que-Sais-Je et polycopiés de cours, ce qui comme à chaque fois m’avait surtout convaincu que je ne savais absolument rien et n’étais pas prêt du tout, “savoir qu’on ne sait pas” t’inquiète c’était bien acquis, il me fallait résoudre l’impérieuse question de ma vêture, indispensable non pas pour passer l’Épreuve, mais pour simplement oser mettre un pied dans la salle, publique, où se déroulerait demain la corrida dont je serai non le taureau, mais craignais-je le bœuf.

Équation simple : je n’avais de ma vie encore jamais porté, donc moins encore acheté, le moindre veston ou costume, ni la moindre cravate, je n’avais en poche que quelques dizaines de francs6 et aucun de mes amis, pour les rares d’entre eux qui en possédaient un, n’était assez bien foutu pour me le prêter et qu’il m’aille7

Donc direction Auchan.

Je n’ai jamais compris ce qui s’est passé exactement, outre ce relatif manque de moyens : je n’étais plus habitué à la lumière du jour, mon cerveau n’enregistrait plus rien qui ne touche pas au Droit, j’étais fatigué, dépressif, terrorisé… Bref, j’ai choisi, dans les deux rayons “habillage” de ce somptueux magasin (non sans être passé saluer tous mes anciens collègues du rayon “produits frais” dans lequel j’avais sévi pendant quelques mois, sans savoir encore qu’un autre jeune homme, du même âge, travaillait aussi pour Auchan au même moment, en qualité de pompiste dans la station essence intégrée, un certain Denis, que j’allais défendre des années plus tard – la vie est une sorte de boucle tordue, non ?) , d’abord une veste en moquette violette légèrement rehaussée d’un quadrillage rosâtre, qui avait la double particularité d’être trop grande et de gratter furieusement (mais je croyais que TOUS les vestons faisaient ça !), ensuite une cravate assortie – oui, tout à fait, violette striée de rose. En nylon, je crois : elle tenait presque toute seule verticalement…

A vrai dire je n’avais pas eu de réel choix : je possédais une seule chemise et elle était rose, et je n’avais pas les sous pour en acheter une neuve – mais quand même, avec le recul, je me dis que si c’était à refaire, j’en volerais une blanche…

De retour dans le giron parental pour la durée des épreuves, je refis un essayage devant ma mère et ma petite sœur : la première me dit que j’étais magnifique, c’est ma mère – et aussi qu’elle ne pouvait rien faire pour la carrure, qui aurait été mieux adaptée à deux déménageurs, mais qu’elle pouvait tenter de raccourcir les manches, trop longues de cinq centimètres ; la seconde, futur médecin qui avait déjà adopté la légendaire habileté de cette profession en matière d’annonces fatales, se contenta gentiment d’éclater de rire.

Je découvris aussi ce jour-là que la cravate en nylon possède une particularité agaçante : le nœud glisse et s’ouvre, fatalement et constamment, quelle que soit la manière de le serrer ; mais il fallait faire avec cet attirail, je n’avais plus d’autre possibilité, car pendant que maman tentait de réduire mes manches (elle y parvint, femme admirable et patiente, mais mieux à gauche qu’à droite, où la doublure s’obstinerait à pendre comme je le découvrirais le lendemain), pendant que j’entassais en piles thématiques les ouvrages de droit disséminés dans ma chambre pour essayer ensuite de dormir un peu – de loin la meilleure chose à faire une veille d’examen, réviser encore ne servant qu’à oublier tout le reste, quelques mots me revenaient en boucle dans la tête, de plus en plus fort : c’est demain, c’est demain, C’EST DEMAIN PUTAIN !

Je n’ai pas dormi.

Et demain est venu, vers quatre heures du matin (et non pas minuit et une minute, car je suis un rebelle), quand la petite phrase obsédante est devenue “c’est tout à l’heure”…

Confrères qui “montez aux Assiettes” régulièrement, ça vous rappelle quelque chose, n’est-ce pas, ce “petit matin blême”, cette aube du jour où nous allons plaider aux Assises, où tout coûte un effort effroyable, le simple fait de s’habiller et de remonter dans la voiture pour aller à la Cour, en plaidant par avance en boucle pour tenter de maîtriser la peur, en sachant qu’on arrivera un peu trop tôt, que même un café ne “passera” pas, qu’on entrera le premier dans la salle et qu’on y attendra dans une sorte d’état second qu’enfin la Cour et les jurés soient là, comme par hasard en retard, avant le dernier effort surhumain mais libérateur, se lever, se tenir droit, regarder les juges et les jurés avant de dire son premier mot, ce putain de tremblement mettant plus de temps que prévu à cesser…

C’est à cause de ces moments qu’on se jure souvent qu’on n’y retournera plus jamais, aux Assises ; c’est sans doute aussi grâce à ces moments qu’on y retourne toujours…

Là, toutes proportions gardées, pareil ; et de la même façon, l’idée en tête, effrayante, que c’est maintenant ou jamais, qu’il n’y aura pas de deuxième chance…

Un mot sur ce qu’était, à l’époque, cette épreuve, le Grand O, parce qu’il a beaucoup changé désormais.

L’épreuve se déroulait dans la salle prestigieuse de la Fac, la “Salle des Actes”, en public et en continu sur trois jours.

Sur l’estrade, il y avait neuf personnes chargées de vous juger, toutes en robe : le Président, et huit universitaires et praticiens du droit, dans mon souvenir majoritairement avocats mais on s’en fout et j’ai la flemme d’aller vérifier.

En contrebas et quatre mètres devant l’estrade, une chaise et une petite table ; sur la chaise, le candidat – vraiment très seul.

Trois mètres derrière lui, des rangées de sièges pour le public, jusqu’au mur du fond ; la salle était pleine pendant trois jours, pleine des familles et amis des étudiants concernés et des candidats eux-mêmes, ceux qui n’étaient pas encore passés et qui venaient gratter les questions fréquemment posées par les membres du jury.

Cette année-là, ils avaient choisi l’ordre alphabétique pour celui du passage : Mô, ça faisait que je passais quatrième le matin du troisième jour ; ça m’avait fait long à attendre, mais ça ne me ferait pas poireauter longtemps pour les résultats, qui seraient proclamés tard dès le soir – si bien sûr après mon passage il restait le moindre espoir…

A noter, outre donc le caractère très impressionnant de l’endroit et du jury, un petit coup de vice supplémentaire : le candidat passait de la salle de préparation à celle de son exécution par une porte située tout au fond, et devait donc d’abord, épreuve dans l’épreuve, remonter tout le public pour aller s’asseoir…

L’examen lui-même était “simple” : vingt minutes exactement (le Président avait devant lui un énorme réveille-matin, à l’ancienne, dont il réglait l’alarme sur vingt minutes pile à chaque nouveau candidat, et dont la sonnerie tonitruante était je crois attendue par nous comme la dernière délivrance par une maman accouchant de quintuplés), dix que le candidat devait consacrer au cas pratique de droit qu’il avait tiré au sort une heure plus tôt, dix ensuite pendant lesquelles il devait répondre à des questions juridiques lui arrivant en rafales de tous les membres du jury – et comme le disent les avocats de toutes les victimes de crimes de la Terre, “Dix minutes, Mesdames et Messieurs les jurés, ça ne fait pas beaucoup, mais en fait, je vous l’assure, dix minutes c’est long“…

Le “grand sujet” pouvait tomber dans n’importe quel domaine du Droit.

Les “petites questions” pouvaient tomber successivement dans n’importe quel domaine du Droit.

Mes connaissances rachitiques s’étendaient à quelques domaines du Droit, et étaient néant dans plusieurs – notamment Commercial et Droit Public, toujours détesté ça…8

Nous disposions d’une heure pour préparer le grand sujet, avec tous les documents que nous souhaitions, ceux de la bibliothèque de la Faculté et ceux que nous aurions nous-mêmes apportés avec nous – ce qu’on voulait.9

De même, dans la salle de préparation, des “anciens” avaient le droit de nous aider – pas en nous parlant du sujet, mais à trouver toute documentation s’y rapportant – c’était très intelligent je trouve, et ça soudait des gens (je n’oublierai jamais le “mien”, d’aide-documentaliste, Vincent, avocat comme moi que je salue).

Bref, c’était terrorisant, et tout pouvait arriver. A plus forte raison que mon Président n’était rien de moins que Maître Soinne, mandataire-liquidateur, figure juridique lilloise, et même nationale, éminent commercialiste ayant pondu the traité de référence sur les procédures collectives (On disait “Le Soinne”) (Et je ne l’avais pas lu en plus…), également enseignant de Droit Fiscal – dont la réputation n’incluait pas tout à fait les mots “tendresse”, “douceur” ou “compréhension”…

Je n’ai pas déjeuné, pas possible.

J’ai empilé tout ce que je pouvais des documents vaguement classés la veille dans deux énormes valises parentales et un sac ; il ne restait sur le sol de ma chambre que la pile des journaux “Le Monde” de l’année, je m’étais abonné pour faire comme les autres mais je n’avais que peu lu, trop peu d’images, je la laissai là.

J’ai mis mes habits de lumière – en me jurant in petto que ce serait la première mais aussi la dernière fois que je porterais cette cochonnerie de veste grattante (j’ai tenu parole, elle a dû finir tapis de sol dans une Renault Fuego, véhicule très en vogue à l’époque).

Porter une cravate est une horreur, surtout lorsqu’on n’y est pas habitué – par exemple lorsqu’on n’est pas notaire10 ; face à la sensation d’étouffement, j’ai finalement laissé le nœud se desserrer un peu ; face à la sensation d’étouffement qui perdurait, j’ai même été jusqu’à défaire le premier bouton de ma chemise rose, tant pis, adviendrait ce que pourrait, c’était ça ou dégueuler ou m’asphyxier, et je suis un rebelle ; face à la sensation d’étouffement qui s’accrochait décidément, j’ai finalement compris que c’est moi qui étouffais, tout seul comme un grand, et qu’il faudrait faire avec, exactement comme avec les auréoles géantes qui déjà transformaient mes dessous de bras en oreilles de Mickey11 , ma veste étant d’une telle qualité spongieuse qu’elle les laissait déjà apparaître un peu, cette scène authentique ayant d’ailleurs inspiré par la suite au slameur Victor Hugo un de ses tubes mondiaux – “Cette épreuve avait deux heures | Le Barreau remplaçait Auchan | Déjà la sueur de trouille perçait sous l’étudiant” – bref, paraphrasons pour en finir les clients des pénalistes pendant l’attente d’un délibéré criminel avec réquisitions à vingt ans : “C’est pas que je suis mal, mais je suis pas bien“…

J’étais prêt, si l’on peut dire.

Ma mère avait insisté pour me conduire à la fac (“Tu mettras ta main gauche dans la poche, on voit la doublure“), j’avais insisté pour que d’accord si et seulement si elle ne me disait pas un mot, rien, et repartait aussitôt.

Trajet silencieux, quelques minutes sous des trombes d’eau – nous sommes dans le Nord.

Sortie du petit véhicule à l’entrée de la Fac, deux valises de trente kilos au bout des bras et un sac en bandoulière, pas de parapluie, trombes d’eau, ma tenue de gala se transforme immédiatement en emballage froissé de fraises Tagada.

Ma mère me regarde par la fente de sa vitre baissée, je pense qu’à cet instant elle regrette de m’avoir mis au monde en constatant que son fils est devenu un clochard tremblant, elle me fait un pâle sourire, mais elle a la bonne idée de juste me dire “Gros merde hein !”.

Je remonte l’allée au pas de course, croisant des étudiants12 compatissants : costard, les valises, ce jour-là, ça ne peut être que le Grand O…

Je suis devant la salle de préparation une heure trente avant mon passage – une gentille femme me trouve une serviette éponge verte pour m’essuyer le visage plein de pluie, la teinture de ce linge aura un peu débordé sur ma chemise mais je ne le constaterai qu’après et de toute façon, comme disent les juges d’instruction aux auteurs de crimes passionnels :”C’est le geste qui compte“.

On arrive à échanger quelques mots, avec les deux candidates avant moi, elles aussi bardées de trois fois leur poids de bouquins – elles disent qu’un premier candidat a tiré un sujet de Droit Public, c’est une bonne nouvelle sauf s’il y en a d’autres, j’aime autant le Droit Public qu’enfoncer des clous avec mon front à la place du marteau ; on patiente, comme on peut, on redevient mutiques…

 

Et puis c’est mon tour. J’entre avec mes valoches, on me tend une petite corbeille, il y a des feuilles pliées en quatre dedans, j’en prends une.

Les cas pratiques, c’est ainsi, sont développés sur une page, et sont tous titrés en gras, gentiment je trouve, de façon que le candidat sache immédiatement de quoi ça cause…

Tiens, je ne deviendrai jamais avocat, finalement” est ma première pensée en lisant le mien, de titre ; ce n’est pas qu’il soit écrit en Aztèque, ou qu’il fasse référence à une matière honnie, non… C’est juste que je n’ai à cet instant rigoureusement pas la moindre idée de ce que ça veut dire :

“LE DROIT DE GAGE DU SECOND VOITURIER”.

Très sincèrement, autant je suis très facilement stressé, autant je n’ai que très rarement éprouvé de sentiment de panique ; ben là, si…

Si on m’interrogeait à l’instant même sur ce sujet, je serais uniquement capable de dire que s’il y a “second voiturier”, en tout cas, j’en suis certain, c’est qu’il y a aussi un autre voiturier, le premier – mais je crains fort que ça ne fasse un peu court pour tenir dix minutes, tout à l’heure…

C’est avec un léger râle d’agonie et le cerveau comme pris en glace que je gagne ma table, avec ce bout de papier parfaitement étrange dans la main, qui vient de ruiner une immense carrière de pénaliste.13

Le cas pratique expose en gros qu’un quelconque abruti a commandé je ne sais où des marchandises onéreuses, et qu’une chaîne de transporteurs successifs, si je comprends bien les uns étant les sous-traitants des autres au travers de différents “contrats de voiture”, eux-mêmes encadrés par un contrat général, devait les acheminer d’un point A vers ses entrepôts, mais qu’elles n’y sont jamais arrivées, qu’il y a non-paiement général malgré certaines prestations effectuées, alors hein jeune étudiant votre client c’est le second transporteur qui a transporté et il a quels recours et quelle action lui conseillez-vous étant précisé que des pourparlers sont en cours depuis onze mois ? En gros…

Je patauge dix bonnes minutes sur l’énoncé de ce douloureux problème, essayant de refouler mes larmes autant que l’envie que j’ai de crier comme un forcené que moi je veux faire avocat pour défendre des violeurs et des assassins, des gens normaux objets de poursuites encadrées par quelques textes parfaitement lisibles et compréhensibles du code pénal, mais en aucun cas des imbéciles qui ne vont pas chercher eux-mêmes leur matos et délèguent à des gens qui subdélèguent, sous l’empire de dispositions contractuelles et sans doute légales dont je ne sais rien et dont je me moque totalement…

Je cherche dans mes codes, dans des traités de Droit Commercial, partout, je ne trouve rien – la panique n’aide pas le feuilletage de pages fines écrites petit, chacun le sait…

Et puis…

Et puis… Ô méandres infinis du cerveau, ô magie de la mémoire, ô coup de cul chéri : la Grande Vision apparaît brusquement. J’ai lu, il n’y a pas très longtemps, j’en suis certain, un article traitant exactement du même problème, une cochonnerie de chaîne de transport et les responsabilités en découlant, et je me souviens d’un coup de ce que j’en ai retenu, raison unique du fait que je m’en souvienne : ça parlait de “prescription annale”.

Oui, cette expression m’avait fait sourire, parce qu’évidemment, possédant entre autres qualités cette finesse d’humour, ce côté ciselé de la blagounette, ce très léger granulé du jeu de mot qui toujours m’attireront vers le pipi-caca si cher aux enfants, ça m’avait fait penser à des suppositoires sur ordonnance médicale, et que je m’étais même dit en cette occasion qu’il existait un bon moyen mnémotechnique de ne pas confondre les orthographes des mots “anale” et “annale” : il suffisait de se souvenir que l’on possède un seul trou du cul – donc un seul “n” quand on parle de lui.

Bref, j’ai lu un papier qui traitait pratiquement du même cas, je le sais, c’est relativement récent, et je revois le journal, c’était “Le Monde”. Dont tous mes numéros sont actuellement classés par ordre chronologique en une pile sur ma moquette de chambre. Loin d’ici.

Mais je demande à Vincent si ce journal providentiel est également trouvable ici, il me dit que oui, et nous menons ensemble la Frénétique Recherche de la Vérité comme si ma vie en dépendait – ça tombe bien, elle en dépend vraiment.

Et on trouve, et effectivement l’article est très proche du cas qui m’est posé, à tel point que je pense que le rédacteur l’a littéralement pompé dans le journal.

Donc je fais pareil – il me reste vingt minutes et plus d’eau dans le corps – avec tout de même un peu d’apport personnel de-ci, de-là, comme je peux, et pour aboutir à ma brillante consultation d’avocat spécialisé en droit des affaires pile terminée à mon sens lorsque la dame dit :”Monsieur Mô, c’est à vous.

 

Je me lève, et ça me bouscule, ça me réveille bien, pas l’habitu-de.

J’ai deux feuilles à la main, j’ai rédigé petit et recto-verso, deux erreurs que je ne commettrai plus jamais plus tard mais qui n’auront pas d’importance cette fois-là.

J’entre par la porte du fond, le regard braqué sur mes jurés en robe, là-bas, qui regardent le nouveau Sacrifié s’avancer, tremblant, vers l’autel – le public aussi me regarde, je sens vaguement les bustes se tourner au passage, mais je ne vois absolument pas les visages, tunnel mental.

Je parviens,debout, à côté de la petite chaise devant la petite table et personne n’a ri pour l’instant : rien que pour ces deux raisons je mérite cet examen.

Sont-ce mes feuilles tremblotantes, la lassitude du troisième jour, la volonté toujours présente en chacun d’avilir un être humain plus faible au moins une fois dans sa vie, qui lui donnent cette idée ? Toujours est-il que le Président dit : “Monsieur Mô, bonjour… Tiens, vous aussi avez des notes, vous allez nous les lire comme les autres, ça peut devenir ennuyeux… Bon, vous le connaissez ce sujet passionnant, non, vous venez de plancher une heure dessus… Donc si cette fois nous faisions sans notes, hein, qu’en pensez-vous ?

Je réponds : “CE QUE J’EN PENSE VIEUX DÉBRIS, TORTIONNAIRE DE MERDE AVEC TON SOURIRE DE CUL ?”

Je plaisante. Je réponds quelque chose comme “Ah… Euh… Grhhllllreuhhhh…” mais sans avoir le loisir de développer plus avant, “dommage ça partait bien” comme disent les pénalistes à une partie civile dans un dossier d’acquittement, parce qu’une rapide discussion s’engage entre les membres du jury, certains reprochant gentiment au Président la dureté de son idée, d’autres l’approuvant – tout ceci pendant que j’essaie, très simplement, de ne pas m’évanouir.

Il tranche : “Allez, sans notes, Monsieur. Asseyez-vous, posez-les sur la table.” Il règle le réveil fatal, énorme, devant lui, vingt minutes. “Nous vous écoutons.

Je n’ai plus le moindre souvenir de ce que j’ai pu raconter, ni comment ; mais je sais que j’ai tenu assez longtemps (pour ceux qui ne plaident pas tous les jours, parler neuf ou dix minutes sans interruption, surtout sur un sujet aussi captivant où les sentiments et l’Humain se mêlaient dans une cascade chatoyante d’émotions variées, c’est extraordinairement long) et que personne ne m’a posé la moindre question – à mon avis essentiellement parce que personne ne comprenait rien à ce sujet à part son auteur.

C’est d’ailleurs inexact : je cesse de parler et Maître Soinne me dit : “Vous semblez bien sûr de vous, Monsieur…” Et je fais ma première et avant-dernière vraie bonne, je crois, réponse de la journée : “En face de ce jury, j’essaie, Monsieur le Président.” Il sourit, demande aux autres s’ils ont des questions, néant, regarde le réveil, et annonce que l’on peut passer à la seconde partie de l’épreuve.

Il me demande ma matière préférée, je fais la première d’une longue série de mauvaises réponses de la journée, je lui dis la vérité : “Droit pénal“. Ça le fait sourire : “Bien. Une petite question de droit fiscal, alors, pour commencer : pouvez-vous me citer les cinq cédules de l’impôt sur le revenu, à l’origine – et c’était quand, d’ailleurs, tiens ?

Vous n’allez pas le croire, et là je ne me souviens plus du tout, mais à l’époque je le savais, par cœur. J’ai bon, il me lâche.

Sa voisine est la future Doyenne de la Faculté, prof de Droit Administratif et surtout l’une des cibles favorites des étudiants lors de la géniale revue de fin d’année, la “Revue de la Balance”, organisée par l’association étudiante Le Gégène (surnom d’un appariteur alcoolique)14 où on y va franchement, très franchement… “Trop peut-être”, me dis-je en la voyant sourire sans que cette expression ne lui parvienne aux yeux en ouvrant sa bouche crispée pour poser sa question – il faut dire que voilà cinq ans que j’en suis un des piliers, de La Balance, et j’y ai entre autres chanté une chanson qui parlait d’elle, réécrite sur l’impérissable Tata Yoyo, avec quelques gros mots, vous savez comment sont les jeunes…

Monsieur, on construit par erreur les Colonnes de Buren dans votre jardin : que faites-vous ?

Ah, j’ai bien ri, à La Balance. j’étais une star, on chantait devant une salle de trois mille personnes, tout le monde se fendait la poire, un écran géant dehors en plus, et une fois descendu de scène sous les vivats des étudiants en liesse, le champagne coulait à flots, les filles étaient folles de mon corps… Que ça me semble loin, tout à coup, que ça me semble, même, indigne, cet humour grivois et vengeur, ces parodies, cette façon bien coupable que j’avais eu de la comparer à une “petite rate méchante jamais dépucelée”… Que j’aimerais le lui dire, lui jurer que je ne le pensais pas vraiment, à cet instant…

Je n’ai pas la réponse à cette question. Ni à l’époque, ni maintenant d’ailleurs, et j’espère mourir sans la savoir jamais, tant je m’en tamponne.15

Je balbutie, les autres jurés sourient d’un air entendu (alors que plusieurs, je le sais parce que ce sont des confrères avec qui j’en ai parlé depuis, n’en ont pas non plus la plus petite idée – bande de lâches), et j’arrive tout de même à dire une chose valable, l’une des seules que je connaisse en Droit Public, un adage ou une règle ou ce que vous voulez peu importe : “Eh bien… Euh… Partant du principe que “immeuble public mal construit ne se détruit pas”…

Elle acquiesce, bon début, mais hausse un sourcil interrogateur, “allez vite la suite petit misérable”, genre, et la suite je ne la sais pas, et on peut rester cent ans dans cette pièce que je le la saurai toujours pas, et je, et puis… Quelques secondes passent en silence, je me lance, pas d’autres solutions, allô Houston j’ai un gros problème, Mayday, Mayday, Zéro à six heures, t’en fais pas Buck je te couvre, oui je sais Ben, l’important est de faire ce qui est juste, Choubaka il faut réparer le séparateur d’impédance vectorielle maintenant, l’hyper-vitesse est coincée –  et je fais ma seconde et dernière vraie bonne, je crois, réponse de la journée, en souriant pâlement :

En Droit, je ne sais pas. Donc je vais répondre en fait : je pense que j’ouvre une buvette et que je les fais visiter aux touristes…16

Il y a une seconde de silence. Puis le Président éclate de rire, la salle un peu aussi, et aussi la plupart des jurés – je fais une grimace un peu souriante mais embarrassée, pour bien montrer que je n’ai pas voulu être irrespectueux ou fanfaron17 et assez sincère d’ailleurs, parce qu’embarrassé je suis, jusqu’au fondement, sudation des aisselles en mode radical…

Et un avocat, devenu par la suite Bâtonnier et ça se sentait déjà, me sort de là, je lui en suis définitivement reconnaissant18 : “Vous vous en tirez bien, Monsieur… Allez, puisque vous aimez le droit pénal : je trouve un porte-monnaie dans la rue avec de l’argent, je le garde : est-ce que je suis un voleur ?

Je ne me souviens plus des autres questions, je sais seulement qu’il y en a eu une vingtaine du même genre, tous azimuts, y compris celles posées par un brillant prof de Droit International Privé dont le polycopié de cours avait cette particularité que je n’en comprenais pas une ligne ; et que j’ai, cahin-caha, tenu, jusqu’à ce que la sonnerie stridente du réveil-matin m’interrompe net en plein bafouillage…

Merci, Monsieur. Vous pouvez y aller.

Je me levai enfin, vieilli de dix ans, avec dans les vêtements assez de sueur pour fertiliser le Sahara, et traversai à nouveau la salle par l’allée centrale, face au public cette fois, m’apercevant alors seulement du monde qui était là, et parmi lui19 , très gentille et divine surprise, tous mes copains, du Gégène et les autres, et en prime ma petite sœur chérie, qui avait abandonné ses chers QCM de deuxième année de médecine pour être là… Je remontai l’allée, hagard mais soulagé même si sûr de rien du tout, et l’un de mes amis, Ghislain, que j’embrasse, m’a discrètement fait un signe d’un universel optimisme, poing fermé pouce tendu vers le haut20 , et ma sœurette m’a fait un sourire.

Je suis repassé par la salle de préparation, j’ai ramassé mes valises et mon sac, en me disant que peut-être, avec un peu de chance, non, avec beaucoup de chance, je mettrais tout ce merdier au feu dans quelques heures…

Juste avant d’ouvrir la porte, je me souviens avoir pris deux secondes pour me dire, très nettement, volonté de fixer l’instant dans ma mémoire (je ferai souvent de même, plus tard, après des plaidoiries difficiles – avec très souvent le même double sentiment d’épreuve terminée mais d’insatisfaction chronique, “ça pouvait forcément être mieux”, une plaie du métier d’avocat…) : “Bon, ça y est, j’ai passé le Grand Oral“. Puis je suis ressorti.

Ils m’ont tous embrassé, félicité, rassuré – ils ont porté mes valoches jusqu’au troquet où nous traînions dès que possible, intégré aux locaux de la Fac (oui à l’époque on savait vivre en Faculté de Droit à Lille, elle contenait deux bars, pourvus de toutes les Licences nécessaires au réconfort de l’étudiant – j’ignore si c’est encore le cas, m’étonnerait pas qu’on n’ait plus le droit à la Licence IV, on s’étonnera après que certains (rares tout de même) jeunes pénalistes et la plupart des procureurs ne paient jamais leur tournée après un dossier difficile, pfff…) ; ils ont commandé du champagne, naturellement, on a trinqué…

Mais moi, lapant mes premières coupettes pour une fois en silence, repassant les évènements dans ma tête, j’étais assez persuadé d’avoir globalement planté l’épreuve… Et il fallait attendre, maintenant.

Mes camarades de cette promotion me détromperont peut-être, mais dans mon souvenir la proclamation des résultats avait lieu le jour même, le soir du troisième jour – le même que Dieu a consacré à séparer les continents par les mers, et ça me faisait à peu près le même effet…

 

Car oui, les résultats étaient “proclamés” par le Président, dans la même Salle des Actes dégarnie de ses chaises où tous les torturés, leurs amis et leurs familles se tenaient debout, serrés tels harengs en caque, et par ordre décroissant : le Président donnait le nom du premier, le major de promo, acclamé à sa juste valeur (Jean-François si tu me lis, bisous !), puis, vous avez compris le principe, les suivants, un par un…

Et ça avait beau être un examen, donc permettre qu’avoir la moyenne suffise, en réalité ça ressemblait fort à un concours, parce que chaque année, à l’époque, on prenait de 39 à 42 candidats, ni moins ni surtout plus, curieusement – il était manifestement convenu que les capacités d’accueil de l’École des Avocats, qui n’englobait pas encore les départements voisins du Nord à l’époque, devaient être respectées, et chaque année le hasard voulait donc que seuls une quarantaine de candidats obtiennent la moyenne…

Particularité amusante de ces façons de procéder : plus le Président avançait dans sa lecture des noms, moins ils étaient audibles, à cause du brouhaha de félicitations reçues des premiers par leurs proches, qui augmentait lui aussi au fur et à mesure…

Et vient le Soir du Troisième Jour, où le jeune Mô, après avoir ensemencé de ses connaissances, disons romantiques, les continents juridiques qu’il avait passé la journée à créer, aurait bien voulu se coucher enfin, d’autant qu’il commençait à être légèrement beurré à force de coupettes bues de la fin de matinée à maintenant en oubliant de manger, outre fatigue et baisse de tension accumulées, mais ne pouvait le faire, n’ayant pas encore inventé le dimanche.

La foule était très dense, j’étais tout au fond, avec ma moquette sur le dos toujours, mais la cravate définitivement jetée, collé au convecteur électrique, aux côtés d’une amie qui l’est restée, Isabelle, qui elle aussi attendait – et les gens qui allaient en grosse partie décider de nos vies sont entrés.

Compliments sur le niveau, bravos et vivats à ceux qui l’auraient, désolation et souhaits de persévérance pour ceux qui repartiraient sans rien comme des cons, pourquoi entendais-je plus à cet instant cette seconde partie du bref discours..?

Le président termina sur une précision d’importance : cette année, 41 candidats avaient été admis. Bruissements dans la salle, puis silence de plomb – je me demandais si tout le monde pensait comme moi que ce n’était pas un scoop, mais percevait tout à coup que 41, c’est quand même pas un très gros nombre…

Et l’énumération commença.

Et, bruit aidant, j’ai perdu le fil au vingt-troisième admis – inutile de préciser que je n’étais pas dans les vingt-deux premiers…

Et donc au bout d’un moment, on ne sait plus, voyez-vous, on ne sait plus du tout si le nom inconnu qui vient d’être prononcé, suscitant son lot d’embrassades et de bravos qui viennent s’ajouter à ceux de tous les autres dans un joyeux bordel de plus en plus généralisé, forcément, si ce nom est ou pas le dernier de la liste ; on ne sait plus si on a encore une chance d’entrer dans cette putain d’École…

On doit en être à une trentaine, à présent, la salle est globalement en liesse, au mépris des pourtant nombreuses encore têtes toutes pâlichonnes, toutes oreilles désespérément tendues vers l’estrade,21  on discerne très mal les noms, la panique monte, la phrase fatale “c’est foutu” commence à faire son apparition dans les petits cerveaux épuisés…

Isabelle, à côté de moi toujours, pousse soudain une sorte de “Groumpf”, elle sautille, se tourne vers moi tout sourire – je suis maintenant littéralement agrippé à cette cochonnerie de convecteur mural, j’essaye de prendre appui dessus pour voir au-dessus des têtes dansantes devant moi le Président, pensant comme un crétin que ça m’aidera à entendre – et me dis l’évidence, non pardon elle crie, “Ouais je l’ai, putain je l’ai !”, je suis vraiment content pour elle, hein, attention, mais, euh, je n’en ai strictement rien à secouer à cet instant précis, elle pourrait tomber raide morte à mes pieds que je grimperais dessus pour mieux voir22 , je lui hurle à mon tour un peu frénétiquement “T’es combien ? T’es combien ?”, elle se souvient alors que c’est pas terminé, elle me dit “trente-huit je crois”, misère trente-huit, c’est foutu, je l’ai pas, je l’ai pas…

Tout se passe en quelques secondes. Le Président dit encore un prénom et un nom, j’en suis sûr ce ne sont pas les miens, je ne me trimballe pas des oreilles géantes depuis la naissance pour me tromper à vingt mètres de distance et la fatalité veut que je ne me prénomme désespérément pas “Anne-Sophie” ; il commence à proclamer le quarantième, le bruit est intense, “Monsieur…”, et Isabelle hurle, et les fixations de mon convecteur mural lâchent d’un coup, de sorte que je m’écroule par terre avec lui dans un fracas épouvantable, je me fais un mal de chien, je suis par terre je ne vois que des pieds, la pointe vers moi car tout le monde s’est retourné, Isabelle me tend la main, je me relève comme je peux, les gens se marrent, et moi je pleure, un peu parce que j’ai le coude en étoile de shérif, beaucoup parce qu’elle me dit “c’est bon, c’était toi, tu l’as !”

 

Je n’ai qu’un souvenir, d’ailleurs lui-même flou, des trois jours suivants, pendant lesquels par exception il faisait grand soleil à Lille : je me revois, entre deux fêtes c’est à dire très ponctuellement, déambuler seul dans les rues de ma ville, juste pour le plaisir, un sourire extatique aux lèvres, en brûlant d’envie de dire à tous les passants que j’allais devenir avocat.

Je n’ai jamais retrouvé mes valises de documents et bouquins. Je ne les ai pas cherchées très longtemps, non plus…

Je sais bien que chaque personne qui lira ceci aura elle-même le même genre d’événement et d’anecdotes en tête, que ça n’a finalement rien de bien extraordinaire…

Mais c’est quand même la fois où, bon sang, la fois où je suis devenu avocat !

Outre que ça m’amusait de vous la raconter, j’espère qu’elle servira à deux choses : aux étudiants qui en rêvent, j’allais presque écrire “qui ont le mérite d’en rêver encore tant on leur pourrit la profession”, à y croire, tout simplement, en constatant que chance et circonstances aidant (mais il en faut toujours, pour tout) tout est possible…

Et plus généralement, à se souvenir que rire peut sauver ; comme le disent souvent les pénalistes codéfendeurs dans les procès d’assises bien glauques, “je ne suis pas certain que ça nous aide ; mais qu’est-ce que ça soulage !”

Bonne chance à tous mes futurs confrères – ce texte arrive je crois après les épreuves écrites de cette année, mais AVANT les oraux je crois, héhé… Quoi qu’on vous en dise, je vous l’assure : ça vaut le coup !

  1. On se dit tout : c’était en 1992… Oui, je sais, certains d’entre vous n’étaient, à l’instar des escalopes, pas nés ; qu’ils sachent d’entrée que je ne les en félicite pas. []
  2. desquelles je suis malheureusement ressorti définitivement alcoolique, apprenant ainsi avant l’heure l’adage bien connu des pénalistes “On n’a rien sans rien“… []
  3. Ou journaliste, mais comme le concours d’entrée à l’ESJ comportait une dictée, j’ai rapidement laissé tomber. []
  4. M’en foutais : comme disent les pénalistes, “C’est à la fin seulement qu’on compte les points” ! []
  5. d’où ce titre totalement désopilant primé au Festival Carambar, car comme disent les pénalistes, “Juge amusé, prévenu libéré“. []
  6. Non, les jeunes, n’exagérez pas : en 1992, même nous savions que c’était des Nouveaux Francs, même si nos grands-mères comptaient parfois encore en Anciens… []
  7. En vrai c’est surtout parce que je suis grand, mais laissez-moi me faire plaisir : comme disent souvent les pénalistes en buvant un coup après l’audience, “y a pas de mal à s’faire du bien“. []
  8. Vous me sentez venir ? Oui, vous avez raison, bien sûr, la Vie est comme ça, les pénalistes savent très bien que le seul témoin dont on avait pensé les déclarations écrites sans intérêt sera celui qui bouleversera l’audience… []
  9. Je rappelle qu’en ces temps anciens où l’on pouvait encore amener ses compagnes au lit en les tirant par les cheveux, il n’y avait pas de smartphones, pas d’ordinateurs portables ni de tablettes, et d’ailleurs même pas Internet quand j’y pense, moins encore de “Réseaux Sociaux”, c’est dingue, à l’époque pour s’insulter il fallait se le dire en face ! []
  10. Oui, je sais bien, c’est minable, mais j’avais envie []
  11. Dont je suis par ailleurs naturellement pourvu, mais en principe plus haut sur le corps []
  12. et étudiantes, misère humaine… []
  13. Laissez, laissez, vous dis-je, j’ai besoin de câlins, autant me les procurer moi-même… []
  14. Et ce n’était pas un hasard, on y buvait beaucoup, l’un de nos sponsors était le gin Gilbey’s qui nous fournissait en cruchons de deux litres, je n’ai plus jamais bu de gin de ma vie, sauf quelques fizzs, après mes études, c’est vous dire… []
  15. J’ai grandi, je suis un homme à présent, alors je vous le dis, Madame le Doyen : je SAIS très bien que PERSONNE ne construira JAMAIS les colonnes de Buren dans mon jardin ! JAMAIS ! []
  16. Cette réponse est, comme le reste, authentique, et elle ne relève d’aucun acte de courage ou inversement suicidaire : mes pensées étaient à ce moment telles que décrites ci-dessus, panique totale, je n’ai pas osé ou pas, c’est juste sorti comme ça, c’est tout. []
  17. Jeunes, c’est de l’Ancien Français, ça veut dire “celui qui fait tout l’temps style de ramener sa gueule” []
  18. Je lui en ai reparlé après avoir défendu un étudiant en disciplinaire devant lui, il ne s’en souvenait pas… Denis, tu me déçois profondément. []
  19. Cette tournure est pourrie, non ? “Parmi lui”, ça sonne étrange ; pourtant “parmi le monde” c’est bon… Je ne comprends pas. []
  20. Je dis universel mais si ça se trouve ça signifie “tu vas mourir” en mimant le pal chez les Kykuyus []
  21. dans mon cas rien de particulier donc, mes oreilles sont toujours tendues, vers tout []
  22. Isa on se voit bientôt, je t’embrasse – c’est seulement un texte, hein, avec plein d’images un peu fortes, j’exagère, tu me connais… []