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Billet d’humeur

Jusque là , je jouais les visiteurs invisibles, me contentant de jeter un oeil derrière ma lucarne et soupesant l’atmosphère régnant au gré des articles parus…
Une fois ne sera pas coutume je l’espère, je tente un billet de mauvaise humeur, voire d’étonnement proche de l’indignation.
Il me semblait avoir appris dans mes très anciennes années que l’avocat était un “Conseil” auprès de ses clients et un “auxiliaire” auprès de la Justice. Autrement dit, dans les deux cas, sa noble mission est d’apporter parfois, voire souvent, aide et assistance avisées à  de pauvres êtres perdus dans le monde ténébreux de la Justice.
Et qu’apprends-je ???? On m’aurait menti…(c’est le cas de le dire)…
C’est l’histoire d’un couple qui s’aime follement depuis 10 ans. Ils vivent heureux entre leur travail et quelques amis.
Jusqu’au jour où une aventure extra-conjugale s’immisce, et la brèche s’agrandit. Déjà , quelques rancoeurs et disputes ont surgi le jour où elle lui a révélé. Il lui a pardonné pourtant, enfin il a cru qu’il pouvait, mais c’est tellement difficile…
Alors le couple devient vacillant, irascible, compliqué. E t c’est le drame – enfin, presque: à  l’issue d’une sortie, elle tente de le blesser gravement, voire de le tuer.
J’abrège sciemment l’histoire – même d’un point de vue humain, elle aurait pu vous paraître riche d’enseignement – car tel n’est pas mon propos ici.
Cette femme doit en tout cas rendre des comptes à  la Justice, telle est la loi, même si son mari ne souhaite pas sur le coup porter plainte contre elle. En attendant la décision de Justice, elle a interdiction formelle de le rencontrer de quelque manière que ce soit. Pour protéger son mari d’une part, pour que la totale vérité sur ce qui s’est passé apparaisse d’autre part…
Las ! L’amour l’a emporté (et je ne m’en offusque pas, bien au contraire, mais encore une fois, tel n’est pas mon propos)…
Deux mois après, le mari avoue, en baissant les yeux, qu’il voit sa femme quotidiennement, que s’ils ne vivent pas à  nouveau ensemble, c’est presque comme au premier jour, et qu’ils souhaitent ardemment pouvoir le faire très bientôt…
Et de confesser tout cela en précisant toutes les deux phrases: “On m’a conseillé de ne pas le dire”.
Alors, je pose la question. Aux professionnels et à  tous les autres : un avocat doit-il conseiller à  son client de mentir sur une situation de fait, alors que celui-ci viole ouvertement son contrôle judiciaire ? (je ne fais évidemment pas allusion à  un mensonge sur le fond, c’est à  dire mentir sur le déroulement d’une bagarre ou la présence de tel ou tel individu, après tout on sait bien que chacun, parfois, se défend comme il peut…).
C’est une question bien générale, dont la réponse dans ce cas d’espèce me semble évidemment : non.
Pourquoi ? Parce que :
– primo, c’est prendre l’interlocuteur pour un imbécile;
-secundo, il serait bien bête d’être le seul à  ne plus pouvoir dormir, si cette femme finissait par tuer vraiment son mari, alors qu’il pourrait partager cette culpabilité avec celui qui aurait autorisé le couple à  se revoir…