Deux secondes…

[ Mot d’excuse : non, cette fois ce n’est pas une blague, c’est bien une nouvelle histoire … Je ne suis pas tout à  fait mort -irradié, comme tout le monde, même si plus personne n’en parle déjà  plus, mais pas mort. C’est juste que je fatigue plus vite qu’avant, que j’ai recollé à  mon véritable travail -si, vous savez, avocat de gens- comme un forcené, ces derniers temps, et que mes deux adorables bambins prennent de la place non seulement dans nos vies, à  ma Belle et moi, mais encore dans mes nuits1, celles qu’avant je mettais à  profit pour “tenir” ce blog … Bref, je n’abandonne pas, au contraire, même, j’ai une liste inépuisable de choses à  écrire, et j’enrage souvent de frustration de ne pas pouvoir le faire comme je le voudrais : mes plus sincères excuses, vraiment, à  ceux qui me font la gentillesse d’espérer mes petits écrits. Je vous dédie cette histoire-là , qui justement raconte en fait quelques secondes d’une vie …]

Cette boîte de nuit a mauvaise réputation, même si Omar ne le sait pas : située en plein Vieux-Lille, à  deux pas du Palais, dans une espèce de cave sous un immeuble vétuste, il ne se passe pas une semaine sans qu’il ne s’y déroule une bagarre ou qu’un incident quelconque n’éclate devant, à  la sortie des poivrots qui y traînent encore à  la fermeture.

Mais Omar, trente-trois ans, comptable, marié, qui n’y a jamais mis les pieds et ne boit jamais, doit ce soir-là  retrouver un ami, pas vu depuis longtemps, qui travaille dans un restaurant voisin, arrivé du pays africain d’origine des deux hommes cette semaine : il a été convenu que s’il n’avait pas encore fini son service vers minuit ce vendredi soir, Omar l’attendrait au bar de la boîte d’à  côté.

C’est pour cela qu’il s’y trouve, dans la cave bondée, debout, accoudé au comptoir -sans savoir encore que cette attente ne va pas être de quelques minutes, mais va au contraire l’entraîner dans un périple judiciaire kafkaien de plus de six années …

Omar est donc là , tranquillement, en train de boire un verre de jus d’orange, lorsque l’accident éclate : dans la foule, il y a notamment un groupe de trois jeunes hommes, manifestement totalement ivres, déguisés en femmes, et dont, tout à  la sainte mission qu’ils se sont fixée, savoir l’enterrement de vie de garçon du plus grand d’entre eux, qui se marie demain, ainsi qu’ils le hurlent constamment, l’occupation majeure consiste à  projeter l’heureux élu sur d’autres danseurs, en s’esclaffant comme des abrutis lors de l’impact, l’alcool aidant toujours l’homme moderne à  faire des trucs intelligents, comme chacun sait …2

Omar, arrivé depuis vingt minutes, a suivi ça un moment, du coin de l’œil, et constaté que les gens réagissent soit en souriant et en repoussant le future jeune marié amicalement, soit sans sourire en le virant plus fermement -dans les deux cas le type rigole, avec sa perruque blonde de travers, son maquillage qui a coulé sous la chaleur, et sa démarche plus que chaloupée de bonhomme qui va vomir prochainement et dont, s’est dit Omar, le lendemain matrimonial devrait être un peu rude …

Il n’y pense plus et s’est retourné vers le bar lorsqu’il reçoit le bonhomme dans le dos, alors qu’il portait son verre de jus d’orange à  ses lèvres, le choc renversant celui-ci sur sa chemise ; il se retourne, se trouve nez à  nez avec l’homme, qui pue l’alcool et arbore un sourire d’idiot congénital, et repousse celui-ci d’une main, un peu sèchement sans doute puisqu’il va valdinguer sur ses deux copains projeteurs, et que les trois hommes s’écroulent, mollement, par terre -Omar est comptable, mais par ailleurs sportif et costaud, et les trois titubaient déjà .

Omar est en train de demander de l’eau au barman pour sauver sa chemise lorsque le plus grand, le futur marié, qui s’est relevé  le premier, furieux, dans son dos, revient l’attraper par l’épaule, le forçant à  se retourner, lui crache au visage, en éructant, sans plus sourire désormais, que “c’est pas toi qui vas me foutre par terre”, et lui met un coup de tête. Omar encaisse le choc, qui lui ouvre le front, et, comme l’autre avance à  nouveau sur lui, cette fois en armant son bras droit, manifestement pas pour le caresser gentiment, il a deux réflexes : il enlève ses lunettes de la main gauche et les jette sur le bar, et dans le même temps il balance son poing droit dans le visage du gars, en oubliant d’ailleurs qu’il tient toujours son verre : celui-ci éclate lors du choc, et le bonhomme s’écroule en arrière, en hurlant.

Le barman attrape Omar qui se laisse ceinturer sans résistance, l’autre gars a le visage ensanglanté et reste au sol, avec ses amis, la foule se disperse, des gens appellent la police et les secours, ça crie et ça court partout ; Omar a calmement expliqué au barman qu’il n’allait pas s’enfuir et attendait, l’homme l’a lâché, et il est désolé, évidemment -mais ne se sent pas coupable, vraiment pas ; il veut s’agenouiller à  côté du futur marié, dont décidément la cérémonie sera moyenne demain, mais ses copains l’en empêchent, l’œil mauvais, alors il attend.

Deux types viennent le voir, et lui remettent une carte avec un numéro de téléphone, si jamais il avait besoin de leurs témoignages, ils ont tout vu ; Omar remercie, mais leur indique qu’il ne devrait pas en avoir besoin, n’ayant fait que réagir à  l’agression gratuite du gars ; les deux hommes en conviennent, mais l’un d’eux lui dit quand même de garder la carte, on ne sait jamais.

La police arrive en même temps que le SAMU, et trouve Omar debout devant le bar, une entaille au front, quelques personnes présentes autour et, séparé de lui par l’épaisseur de deux costauds de la sécurité, enfin intervenus, le groupe des trois amis titubants, soit deux types en soutenant un troisième, tous déguisés en femmes -l’homme s’est relevé depuis, le visage plein de sang, les faux cheveux collés sur le visage, et est en train d’invectiver Omar, sans qu’on comprenne grand-chose à  ce qu’il raconte.

Est-ce parce que justement il est debout, et que tout ressemble finalement à  ce moment à  une rixe sans grande gravité, ou bien par négligence, ou la fatigue -il est une heure du matin, et ce n’est pas la première intervention de la nuit, comme tous les vendredis ..? En tout cas, la police ne retiendra personne sur place, et ne réclamera les coordonnées d’aucun témoin, à  l’exception de celles des deux amis du gars ensanglanté -l’un des deux est d’ailleurs son futur beau-frère.

Elle leur demande de venir déposer demain à  la première heure, et les laisse partir avec le blessé et les gars du SAMU, direction le CHR de Lille.

En quelques mots, le barman a expliqué la situation, qui de toute façon est assez lisible : sous un prétexte qu’il ignore, il n’a pas vu le début, Omar et l’autre homme en sont venus aux mains, l’autre homme avait bousculé Omar, qui l’avait repoussé, il est revenu à  la charge et Omar l’a frappé en plein visage, avec son verre -il n’a pas vu non plus le coup de tête, il était alors occupé à  trouver une serviette mouillée pour permettre au monsieur d’éponger sa chemise.

Omar, après un petit passage à  l’hôpital avec les policiers, le temps qu’on suture sa petite plaie au front, sera placé en garde à  vue dans la foulée, et entendu sous ce régime -bien sûr que non, il ne demandera pas d’avocat, quel intérêt ?

Il fera prévenir sa femme, à  charge pour elle d’avertir son employeur qu’il ne serait pas là  au moins demain matin, et racontera son histoire, plusieurs fois, exactement comme ci-dessus, sans y modifier une virgule.

Il tiendra même constamment à  être extrêmement précis, parce qu’en cours de garde à  vue, il apprendra comme les policiers que l’affaire est un peu sérieuse, en définitive : contacté, le CHR confirmera aux enquêteurs que le blessé, François, avait à  son arrivée un taux d’alcool dans le sang de près de trois grammes par litre ; mais surtout, qu’on tentait actuellement de sauver son œil gauche, atteint par un bout de verre …

Nettement plus inquiet désormais, et surtout consterné par la suprême idiotie de tout ceci, Omar s’appliquera à  décrire la scène à  trois reprises, et notamment, sur questions, le déroulement exact de son “passage à  l’acte” :

“- Il avançait à  nouveau vers moi, menaçant, après son coup de tête ; j’ai agi sans réfléchir, pour me protéger. J’ai ôté mes lunettes, j’avais peur d’un nouveau coup à  la tête, et, dans le même temps, j’ai balancé mon bras dans sa direction, je voulais le repousser. Vous me demandez pourquoi j’ai frappé avec mon verre : je vous réponds que je n’avais même pas conscience de l’avoir encore en main …

– Q :  Vous dites avoir enlevé vos lunettes en même temps que porté un coup de poing violent : ces deux gestes semblent peu compatibles. Êtes-vous certain de n’avoir pas conçu le projet de frapper avant le coup, et d’avoir d’abord enlevé vos lunettes pour éviter de les casser si une bagarre devait suivre ?

– Non, tout s’est passé en même temps, j’ai enlevé mes lunettes avec ma main gauche, et mon coup est parti de suite. Je n’ai pas réfléchi.”

Le barman avait confirmé que François, totalement ivre donc, avait déjà  ennuyé plusieurs consommateurs, les policiers étaient compréhensifs, d’autant qu’Omar n’avait jamais eu le moindre souci judiciaire, contrairement à  François, dont le casier faisait état de deux condamnations mineures pour des violences volontaires, sur les quatre dernières années.

Les choses s’étaient cependant largement compliquées le lendemain dans la matinée, avec l’arrivée au commissariat des deux seuls “témoins” des faits, le beau-frère et le meilleur ami de la “victime”, eux-mêmes d’ailleurs encore un peu ivres : s’ils convenaient avoir tous bu énormément, c’est le principe même de l’enterrement de vie de garçon, et avoir ennuyé “sans penser à  mal” plusieurs personnes dans la boîte, s’ils convenaient encore tous deux que François, propulsé par eux, avait bousculé Omar, aucun des deux, malheureusement, n’avait vu le début de la scène suivante (ils mentaient tous les deux, suffisamment malhonnêtes pour aider un ami, suffisamment peu pour mentir tout à  fait et prétendre radicalement qu’il n’y aurait eu aucune agression de sa part : le plus commode était de ne pas avoir vu le début …), ayant simplement constaté que leur ami revenait vers Omar, probablement pour s’excuser (oui, ils étaient tout de même assez malhonnêtes), lorsque Omar avait empoigné son verre et l’avait violemment frappé avec …

La plaie au front d’Omar ? Ils ne savaient pas, probablement lors de la bousculade …

Les policiers s’étaient déplacés au CHR pour entendre François, à  la fois encore ivre, le visage bandé, et dans l’attente d’une intervention chirurgicale, et celui-ci avait confirmé cette version mot pour mot : aucun coup de tête, la bousculade, il s’était relevé et avait voulu aller parler au type, et il n’avait pas eu le temps de dire un mot qu’il avait reçu le coup en plein visage … Évidemment, qu’il portait plainte, et comment : il devait se marier aujourd’hui, et à  la place, on lui avait dit qu’il risquait de perdre un œil …

Omar ne pouvait que tout expliquer à  nouveau, à  des enquêteurs un peu moins sympathiques désormais … Il se souvint tout à  coup de la carte que lui avait laissée les deux autres témoins, neutres quant à  eux : il expliqua comment il l’avait eue, qu’il ne les connaissait pas, qu’elle était dans sa fouille.

Le policier appelait le numéro y figurant, un portable, mais le procès verbal correspondant, quatre lignes, faisait état du fait que l’homme travaillait, ne pouvait se déplacer immédiatement, mais qu’en tout état de cause il pouvait témoigner du comportement antérieur de François, ainsi que de la scène finale, mais que lui non plus n’avait pas vu le coup porté par la victime …

Celle-ci, toujours aux urgences, ne pourrait pas être réentendue dans le temps limité de la garde à  vue, ni moins encore confrontée à  Omar : dans l’après-midi du lendemain, le Parquet donnait l’ordre aux policiers de poursuivre l’enquête en préliminaire, dans l’attente notamment d’informations sur son état de santé, et de remettre Omar en liberté, quitte à  le reconvoquer plus tard.

Un policier le lui avait, très gentiment, conseillé, alors il l’avait fait : avant de partir, Omar avait souhaité porter plainte contre François pour violences volontaires n’ayant pas entraîné d’ITT.

Les choses en restaient là , et Omar, ayant repris le cours de sa vie, n’entendait plus parler de cette affaire pendant près de deux ans : il n’était finalement jamais plus convoqué, et n’était avisé ni des suites de sa propre plainte, mais ça il s’en fichait, ne l’ayant déposée qu’au cas où, comme le policier le lui avait suggéré ; ni surtout de la plainte de François, persuadé dès lors qu’on avait estimé qu’il n’avait fait que se défendre, et qu’il n’avait pas été poursuivi.

C’est une lettre émanant de la CPAM de Lille qui allait le détromper, assez radicalement, et à  vrai dire le paniquer totalement : la Caisse, dans ce courrier, lui demandait de lui payer sans délais trente-quatre mille euros, somme à  laquelle elle avait obtenu sa condamnation devant le Tribunal Correctionnel de Lille trois mois plus tôt, par jugement qui l’avait, notamment, reconnu responsable des dommages subis par François …

Là , enfin, comprenant, mais un peu tard, que certaines choses lui échappaient, Omar se décidait à  consulter un avocat, auquel notamment il confirmait avoir changé d’adresse depuis six mois, sans avoir pensé à  notifier cette modification au parquet, comme quatre-vingt-dix-neuf pour cent des gens normaux en attente de l’éventualité d’éventuelles suites judiciaires qui mettent ou pas d’éventuels longs mois à  se transformer en d’hypothétiques poursuites …

Je compris immédiatement qu’il avait eu grand tort, mais espérai immédiatement également que le jugement fatal avait été rendu par défaut.

[ Interlude procédural3 ]

Le courrier précité contenait la date précise du jugement, et le premier réflexe, fébrile, de l’avocat en question, quelqu’un de très bien, était de se renseigner immédiatement sur la nature du jugement, avant même de vérifier son contenu : la décision, en effet, pouvait être de trois natures, vis-à -vis d’Omar : contradictoire (mais il aurait alors dû être présent, ce qui n’était pas le cas), contradictoire à  signifier (on aurait considéré qu’il avait été valablement touché par la citation, mais avait décidé de ne pas venir à  l’audience ; le délai d’appel ne courant dans ce cas qu’après signification de la décision à  sa personne par le Parquet, et cette signification n’étant pas encore intervenue selon Omar, qui n’avait rien reçu, on pourrait encore faire appel), ou enfin par défaut (le Tribunal l’aurait jugé en reconnaissant n’avoir pas su le convoquer valablement, ce qui excusait son absence : dans ce dernier cas, il faut évidemment signifier également la décision, mais à  réception de celle-ci, la personne concernée dispose d’un autre recours que l’appel : l’opposition, qui lui permet de mettre le jugement à  néant et de revenir devant le Tribunal, pour un véritable jugement contradictoire cette fois, lui-même susceptible d’appel -comme on n’a pas su le contacter au départ, on ne le prive donc pas du double degré de juridiction.).

[ Fin de l’interlude procédural ]4

Dans son cas, je découvrais donc qu’il s’agissait bien, heureusement, d’un jugement rendu par défaut, donc susceptible d’opposition, opposition que nous régularisions le jour même de notre première rencontre : Omar pourrait être à  nouveau jugé par le Tribunal, cette fois en sa présence et avec ses arguments …

Encore que … Comme dans toute affaire mal embarquée, celle-ci allait, vous l’allez voir, ne jamais cesser de l’être, et pour commencer avait ab initio subi une cochonnerie procédurale majeure, sans que nous n’y puissions grand-chose …

Vous vous souviendrez en effet qu’Omar avait, lui aussi, de façon fort intelligente et préventive, déposé plainte à  l’encontre de François ? Eh bien, le tribunal avait joint les deux affaires, s’est à  dire avait considéré qu’il s’agissait du même dossier, et qu’il pouvait statuer par un seul et même jugement dans les deux cas ; et, fort de cette jonction, il avait, donc, condamné Omar, mis en cause, pour les faits commis sur François, mais avait également, avec une certaine constance, relaxé en revanche François des faits commis sur Omar, cette fois partie civile.

Vous me direz, car vous parlez mal, souvent : “ben oui, évidemment, logique et alors ?” Et je vous répondrai, magnanime, qu’effectivement, c’était logique, mais je vous répondrai également que ledit jugement, s’il avait statué par défaut à  l’encontre d’Omar, prévenu, avait en revanche statué contradictoirement à  l’encontre de François, prévenu, qui lui était bien présent le jour de l’audience !

Ce qui signifiait également, je vous le résume ici simplement mais ce point allait donner lieu à  un débat public houleux plus tard, que si Omar était parfaitement recevable à  former opposition à  l’encontre des dispositions de la décision qui l’avaient retenu coupable et condamné, cette opposition ne pouvait en revanche être valablement formée, du même coup, à  l’encontre de l’autre partie du jugement, ayant relaxé François, contre laquelle seul un appel aurait pu être formé -et encore : Omar n’était pas partie à  ce procès-là  la première fois, et pour cause, n’ayant évidemment pas pu se constituer partie civile …

Bref, pour nous résumer, à  ce stade, la décision qui avait condamné Omar n’était pas définitive et était même désormais mise à  néant, tandis que la décision ayant relaxé François était elle strictement définitive, et l’on ne pourrait plus y revenir par la suite …

Je suppose que vous n’avez rien compris aux quatre derniers paragraphes : je vous confirme dans ce cas que vous êtes des êtres humains normaux, c’est à  dire non soumis à  ces règles de procédure ; retenez-en en tout cas que rien n’avait empêché les premiers juges de constater, dans la même décision, qu’Omar le prévenu avait une raison valable de ne pas comparaître et de n’avoir jamais connu la date d’audience, mais en même temps de lui interdire définitivement et pourtant pour la même raison de soutenir sa plainte initiale -ça ne devrait pas être possible, mais ça l’est.

Bref, c’était gênant, mais finalement pas trop grave -et en tout cas, cet état de fait n’allait pas nous empêcher, bien évidemment, de tenter d’établir qu’il n’avait fait qu’agir en état de légitime défense.

N’allez surtout pas croire que cet état est facilement constaté : la jurisprudence l’encadre dans une série de conditions strictement définies et appliquées (immédiateté de la riposte, proportionnalité de celle-ci à  l’agression, quasi nécessité absolue de cette riposte …) ; mais, d’une part, je suis d’un naturel optimiste, c’est même mon métier ; et d’autre part, j’ai été immédiatement convaincu de la bonne foi d’Omar, que j’avais découvert posé et doux, en entretien, avec son épouse, tous deux, manifestement, étant désolés des conséquences de son geste, et pas seulement pour eux-mêmes … Et l’évidence commandait de constater que rien ne le destinait à  frapper un parfait inconnu ce soir-là , ni alcool ni tempérament violent ni aucun précédent ou comportement usuel …

En revanche, mon expérience, que je maudis souvent, regrettant les premières années où aucun souvenir cuisant d’échec n’altérait encore ma fougue, venait tempérer ces ardeurs : je sais qu’une victime ensanglantée a très souvent raison, plus que n’importe qui, devant n’importe quel tribunal -juste ou injuste, peu importe, c’est en tout cas un réflexe humain, et les magistrats, pour la plupart 5, sont avant tout des êtres humains : mettez un type tout propre et bien debout à  côté d’un autre, abîmé, plein de sang et à  genoux, sous les yeux de n’importe qui, l’empathie spontanée ira toujours vers le blessé.

Et ici, François avait de quoi être plaint, quelle qu’ait été son attitude imbécile ce soir-là  : il avait définitivement perdu l’usage d’un œil …

De telle sorte, les violences volontaires prévues et réprimées par le code pénal étant punies d’autant plus gravement que leurs conséquences sont lourdes, s’agissant d’une infraction proportionnelle à  son résultat, qu’Omar avait finalement été poursuivi pour des faits de violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, et risquait ainsi dix ans d’emprisonnement, en théorie tout au moins …6 .

Mais bref, il y avait, c’est le moins que l’on puisse dire, de quoi faire, et nous allions nous battre. J’écrivis à  la CPAM qu’elle pouvait conserver sa petite note au chaud pour l’instant, m’abstenant de lui préciser plus avant l’endroit qui m’apparaissait le plus idoine pour ce faire, puisque je frappais le jugement d’opposition, et attendis, confiant malgré tout, la nouvelle date d’audience.

Il fallait que le nouveau jugement soit différent, non seulement parce qu’il serait réellement contradictoire cette fois, non seulement parce que c’était juste, non seulement parce qu’Omar n’avait rien demandé à  personne et au final n’avait eu qu’un unique réflexe, pour seule intention dolosive … Mais encore parce qu’outre les trente-quatre mille euros obtenus par la Caisse, une somme totale de près de cent mille euros avait été obtenue par François lui-même, en réparation de son préjudice, toutes causes confondues …

Il va sans dire que, Omar et son épouse gagnant à  eux deux dans les 2.500 €nets mensuels, avec deux enfants et une petite maison toute neuve à  rembourser, il ne pouvait pas être envisagé de verser de telles indemnisations …

A cet égard, cependant, une autre sympathique complication procédurale pesait dans la balance (qui tout de même, aurais-je dû me dire, commençait ainsi à  singulièrement pencher du côté du même plateau, mais le fait de croire qu’on est du “bon” côté fait oublier ce genre de détail …) : comme il en avait le droit, après la condamnation d’Omar, l’avocat de François avait immédiatement saisi la Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infraction (CIVI) afin d’obtenir le versement effectif des dommages et intérêts obtenus qui lui avaient, de fait, d’ores et déjà  été payés par le Fonds de Garantie.7

Rien de grave en soi, là  non plus -mais modifier la condamnation entreprise, et, comme je l’espérais, relaxer Omar du chef de l’infraction pénale, ou même, à  titre subsidiaire, au plan civil, limiter en tout cas sa responsabilité, impliquait donc non seulement, le cas échéant, de supprimer ou diminuer l’indemnisation du préjudice de François, mais même dans ce cas de le contraindre à  rembourser, en tout ou partie : pas facile, je suppose, pour un juge -qui devrait, comme nous, être bien au-dessus de ce genre de considérations, bien entendu, mais qui en réalité, comme nous, ne l’est pas tant que ça, je gage …

Un an après le premier jugement, très exactement, nous repassions devant le même tribunal -et quand je dis le même, je ne parle pas que de sa localisation, mais bien des trois mêmes magistrats.

Je vous assure que je me suis démené, j’y croyais, vraiment -à  vrai dire, j’y crois toujours : l’agresseur initial était en fait François, Omar n’avait fait que s’en défendre, sa riposte entrait dans le cadre d’une légitime défense, le malheur ayant voulu qu’il tienne son verre au moment de porter le coup, mais sans en avoir aucunement conscience, deux témoins non entendus à  l’époque, les seuls impartiaux, en attestaient, Omar n’avait aucun profil de violence, et l’on peut même se demander ce qui se serait passé s’il n’avait pas bloqué le second assaut, même s’il n’avait jamais souhaité le faire à  ce point … Le gros débat, et ça nous poursuivra, sera le suivant : riposte, main “armée” d’un verre, proportionnelle ou pas, au sens du texte, à  l’agression, effectuée à  mains nues -je soutiens pour ma part qu’Omar n’a jamais eu conscience, au sens légal également, d’être armé …

Un an et deux heures très exactement après la première décision, le tribunal prononçait un nouveau jugement, contradictoire cette fois, strictement identique, à  la virgule près, au précédent, sur le principe et de la culpabilité, et des condamnations civiles -seule, la peine était modifiée, en ce qu’elle avait été initialement d’une année d’emprisonnement avec sursis, et que le tribunal décidait cette fois qu’elle serait de trois mois, ce qui aurait dû me faire plaisir, mais qui m’indifférait totalement, et Omar encore plus …

J’étais, à  vrai dire, tellement persuadé que nous obtiendrions gain de cause, que je m’étais contenté de deux attestations circonstanciées des deux témoins qui avaient laissé leurs coordonnées à  Omar, que celui-ci avait entre-temps contactés dans ce but : ces témoignages avaient manifestement été balayés d’un revers, et j’avais eu tort.

Nous interjetions appel -et je me promis cette fois de faire citer à  comparaître à  l’audience de la Cour ces deux garçons, qu’Omar ne connaissait pas, et dont l’objectivité ne pouvait pas être suspectée …

Comme je vous l’ai dit plus haut, lorsqu’une affaire judiciaire part mal, c’est le plus souvent comme dans la vie : vous pouvez ramer à  toute force avec votre barque pourrie qui prend l’eau, et même, à  force d’efforts, vous rapprocher petit à  petit du bord … Il n’en demeure pas moins qu’en réalité, vous êtes bel et bien en train de continuer à  couler …

L’audience qui s’est déroulée devant la Cour, deux ans après le premier jugement, a été très dure, et, de mon point de vue, à  vrai dire parfaitement odieuse, tant par le traitement réservé à  mes deux témoins, clairement soupçonnés d’être de complaisance, que par celui qu’on a réservé à  mon client, et encore à  moi-même -on leur a par exemple demandé devant moi s’ils m’avaient déjà  rencontré ou parlé, en guise de prologue ! Et j’en ai instantanément perdu mes moyens, en ce sens que, comme de nombreux gentils, si l’on a soudain l’idée particulièrement saugrenue de prétendre suspecter mon honnêteté8, tout spécialement dans le cadre de mon métier et plus encore en audience publique, j’éprouve, je le sais pour les rares fois où l’on s’est permis cela, toujours en vain fort heureusement, et pour cause, ce que les pilotes d’avion appellent le “voile rouge” : tout le sang du corps, soit à  cause des manœuvres violentes de l’avion, soit à  cause des “G” encaissés par le pilote, passe dans le haut du corps et aveugle, voire fait s’évanouir, l’impétrant9 .

Ben moi pareil, mais alors en termes d’aveuglement seulement, parce que ça ne m’évanouit10 pas, ça me déchaîne, qui que soit l’auteur de la supposition malodorante, fût-il magistrat (d’ailleurs pas la présidente en l’occurrence, dure mais courtoise) -et ne serait-ce que parce que je suis persuadé que si l’on est capable de prêter à  un avocat des comportements gravement malhonnêtes, et la concussion de témoins, ou leur fabrication, en est un, c’est qu’on est d’abord capable d’y penser soi-même, et qu’on ne mérite dès lors plus aucun respect.

Bref, coups de gueule réciproques, incidents d’audience, et même son interruption, donner-acte successifs… Folle ambiance de la Cour, devant laquelle je plaidai plus d’une heure, ce qui déjà  était sacrilège, mais en plus en hurlant souvent, écœuré …

Je savais en sortant, sans connaître la décision encore, que j’avais eu tort, même si je n’avais pas pu faire autrement ; j’en demandai d’ailleurs pardon à  Omar, qui tout au contraire m’assura qu’il comprenait, compte tenu du ton détestable de l’instruction et des débats, et avait au moins pu constater mon engagement à  ses côtés -je vous dis que c’est un type bien … Mais je m’en voulais quand même.

Et plus encore quand je reçus l’arrêt : confirmation du rejet de la légitime défense, et partant de la culpabilité ; augmentation de la peine, “celle prononcée par les premiers juges étant sans rapport avec la gravité des faits”, laquelle repassait à  un an d’emprisonnement, heureusement quand même toujours avec sursis et, cerise sur mon gâteau, ou plutôt sur ma tarte, confirmait les dispositions civiles, en refusant mon subsidiaire à  savoir un partage de responsabilité entre l’auteur et la victime, au moins, en dernier recours, si vraiment il fallait le condamner : la Cour, au contraire et pour faire bonne mesure, considérant que “l’absence de de proportion entre la riposte et l’éventuelle attaque fait, comme pour le rejet de l’excuse de légitime défense, obstacle au partage de responsabilité plaidé par la défense”, décidait qu’Omar devant être intégralement responsable et “répondre civilement du risque qu’il a pris de blesser gravement celui qui lui faisait face” -appréciez cette dernière formule, c’est le genre de phrase que vous recevez en pleine face en vous demandant si à  un moment, quelqu’un a réellement fait l’effort de descendre dans cette cave, se mettre un instant, une fraction de seconde même, à  la place d’Omar, buvant son verre et se prenant un coup de boule …

La Cour refusait la légitime défense en considérant que ce que je plaidais, le fait qu’Omar ait tenu inconsciemment son verre à  la main lors du coup, était impossible, d’autant qu’il avait dans le même temps pensé à  ôter ses lunettes, preuve ou à  tout le moins signe de réflexion : je suppose aujourd’hui, très franchement et avec le recul, que ça se discute -mais à  l’époque, non.

Quand vous lisez ça, dans le silence et le recueillement de votre cabinet, le jour du délibéré (vous n’avez pas fait à  nouveau le déplacement devant la Cour, mais avez demandé à  un confrère local de le relever pour vous, et de vous le faxer), vous souffrez, et vous êtes en colère ; mais aussi, presque toujours, vous vous en attribuez la responsabilité, au moins partielle -même quand vous n’y êtes objectivement pour rien, mais là  a fortiori, quand vous savez très bien que vous avez indisposé vos juges …

Et après ce premier affrontement avec vous-même, suit immédiatement une autre solide épreuve : vous appelez votre client.

Les délais de pourvoi en cassation sont extrêmement brefs, puisque de cinq jours seulement après le prononcé de l’arrêt, de sorte qu’il faut rapidement cesser de se lamenter, essayer de digérer comme on le peut la casse, immédiatement, et prendre une décision -on n’introduit jamais un pourvoi en cassation à  la légère, ne serait-ce que parce qu’il entraîne des frais importants.

Ici, cependant, et bien je l’avoue que je fusse persuadé que la Chambre Criminelle refuserait d’exercer son contrôle sur la réalité ou pas de la légitime défense, dont l’appréciation ressortait selon moi d’un problème de fond, donc échappant à  sa compétence pour demeurer de celle de “l’appréciation souveraine des juges du fond”11, Omar n’avait en réalité guère le choix, ne pouvant se résoudre en particulier, ni à  avoir désormais un casier judiciaire, ni à  devoir rembourser à  la CPAM et au Fonds de Garantie (qui avait certes fait l’avance des fonds, mais se retournerait ensuite contre lui pour se les faire payer) l’équivalent du prix de sa maison, pendant des années : nous convînmes qu’il fallait le tenter.

Je régularisai donc notre pourvoi en cassation, et mandatai, pour ses suites devant la Haute juridiction, mon excellentissime avocate habituelle à  la Cour de Cassation12, aux côtés de laquelle nous allions travailler quelques mois à  la mise en forme de nos éventuels moyens13 .

Je vous passe les détails du pourvoi, mais nous soulevions deux moyens, l’un pénal -oui, la légitime défense- et l’autre civil -le partage de responsabilité.

Trois ans et demi après le premier jugement, nous recevions l’arrêt de la Chambre Criminelle, et nous perdions définitivement au pénal, la cour considérant “qu’en l’état de ses constatations procédant de son appréciation souveraine et dont il résulte qu’il y a eu disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte subie, la cour d’appel a justifié sa décision” : fin définitive des débats sur ce point, qu’il fallait bien dès lors accepter, même si franchement je ne parviendrai jamais à  être vraiment d’accord.

Nous obtenions en revanche gain de cause au civil : “Mais sur le second moyen de cassation […], attendu que tout jugement ou arrêt doit comporter les motifs propres à  justifier la décision ; que l’insuffisance ou la contradiction des motifs équivaut à  leur absence ; que, pour déclarer le prévenu entièrement responsable des dommages subis par la victime, l’arrêt énonce que l’absence de proportion entre la riposte et l’éventuelle attaque fait obstacle au partage de responsabilité plaidé par la défense ; qu’en prononçant ainsi, sans rechercher si, malgré le rejet de l’excuse de légitime défense et la relaxe de la partie civile du chef de violences, celle-ci n’avait pas commis une faute qui avait concouru à  son propre dommage, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à  sa décision ; d’où il suit que la cassation est encourue de ce chef .”

Soulagement malgré tout, même si soulagement amer, donc.

La Cour cassait donc l’arrêt, mais uniquement en ses dispositions civiles, renvoyant pour qu’il soit statué sur celles-ci devant la même cour d’appel, mais autrement composée.

Nous attendions donc désormais une nouvelle date d’audience, en vue de laquelle cette fois je prenais des conclusions uniquement civiles, en plaidant de plus fort un partage de responsabilité -de rage, et pourquoi pas, je demandai que seulement vingt pour cent au maximum des sommes en jeu demeurent à  la charge d’Omar -avec évidemment cette difficulté que la légitime défense était définitivement écartée, mais que le partage de responsabilité espéré reposait évidemment sur le fait qu’Omar n’avait fait que se défendre, ou en tout cas, désormais donc, riposter, à  une agression préalable …

Il est à  noter que, depuis la procédure devant la cour d’appel, nous étions désormais sans nouvelles de François, qui ne s’était pas constitué en cassation, et ne le ferait pas plus devant la cour d’appel de renvoi : la longueur des procédures n’use pas seulement les défenseurs des prévenus, semble-t-il …

Cinq ans après le premier jugement, la Cour, après au demeurant plusieurs renvois procéduraux liés notamment à  l’absence de la partie civile, dont on ne parvenait plus à  retrouver la trace, statuait, enfin, définitivement, sur la question du partage de responsabilité civile, et la tranchait en considérant que chacun en portait la moitié.

Nous ne nous sommes pas pourvus en cassation à  l’encontre de cette décision, estimant qu’il serait difficile d’obtenir mieux, et qu’en tout état de cause la Cour de Cassation, cette fois, ne pourrait que s’en rapporter à  l’appréciation souveraine de la cour d’appel de renvoi : le procès, ce petit procès standard pour des faits malheureux, et finalement banals, survenus sept années plus tôt, était terminé.

Omar a repris le cours de sa vie, remboursant par échéancier la moitié des débours de la CPAM encore à  sa charge, mois après mois, tandis que le Fonds de Garantie s’adressera un jour à  lui à  même fin, pour près de cinquante mille euros quant à  lui -comme me le disait son épouse, à  la fin de notre dernier entretien : “c’est seulement de l’argent, on s’en sortira. Seulement, ça n’est pas juste …”

De son côté, François a dû poursuivre la sienne, de vie (nous avons ainsi su à  un moment donné que le mariage a eu lieu malgré tout), avec un œil en moins, et, très probablement, beaucoup de regrets amers pour la stupidité totale de ce soir-là , et à  la fois tout aussi certainement en en voulant terriblement à  Omar …

Aucun de ces deux hommes ne sera plus jamais le même, et la Justice est passée, au travers d’un long périple, en ayant finalement eu pour seule charge, dans ce drame, de juger, avec un contexte donné, exactement deux secondes, définitivement deux secondes en tout et pour tout, de la vie d’un homme : Omar saigne légèrement du front et est un peu étourdi, surpris aussi, et François revient à  la charge vers lui, le poing tendu, le bras d’Omar part et lui casse son verre sur le visage.

Le droit pénal revient souvent à  ça, en définitive, à  faire exactement ce qui est interdit lorsqu’on est historien : juger et réécrire l’histoire, a posteriori.

Avait-il conscience d’avoir ce verre en main, a-t-il délibérément frappé avec, a-t-il même délibérément frappé, dans quel arc de temps peut-on employer le mot réflexe, par opposition à  réflexion, pourquoi n’a-t-il pas simplement fui, ou esquivé, quelle a été la part réelle de volonté dans son geste ..? De lâcheté ? D’orgueil ?

Je voulais vous raconter cette histoire parce qu’elle rappelle à  quel point le combat judiciaire peut parfois être complexe et long, à  quel point il faut parfois, simplement, tenir …

Mais aussi, bien sûr, pour vous poser la question, comme forcément je me la suis souvent posée depuis, au sujet de ces deux secondes-là , si elles avaient été deux secondes de votre vie à  vous …

Qu’auriez-vous fait ?

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  1. Comment ça, “Papaaaa … Veux faire cacououou !” Mais enfin, il est cinq heures du matin, Mômette, c’est pas une heure ! Bon, pardon, j’y vais, elle beugle comme un stentor, et ça résonne sec dans le loft à  cette heure-ci, elle va réveiller Madame Mô, et ça, croyez-moi, faut pas … Voilà , changée et recouchée, comme Petit Mô, venu aux nouvelles pour savoir s’il pouvait “avoir du saucichon” ! Te les ai terrorisés avant de les repieuter manu militari, moi, pas traîné ! Bon, n’empêche, ça n’aide pas à  la création intellectuelle, parler de caca et de saucisson à  cinq heures du mat’ avec des Minuscules de deux ans et demi et bientôt-quatre-ans … Enfin bref, où j’en étais ..? []
  2. Et quand je dis que je le sais, je le sais, mon menton en porte la trace indélébile, je vous raconterai ça un jour … C’est dire en tout cas que, malgré ce qui va suivre, je ne juge pas, on a tous été stupides une tonne de fois, dans nos vies … []
  3. Mode Mô : je fais simple, mais insère les liens ad hoc, pour les crâneurs qui veulent faire semblant de comprendre avec précision ! []
  4. Dans le cadre duquel on aura au passage, si l’on a ouvert les liens, noté l’importance de la décision de l’avocat dont le client ne vient pas, qui décide selon les cas d’intervenir quand même ou pas, ce qui peut transformer la nature du jugement, et le cas échéant préjudicier gravement aux intérêts du client, transformant ainsi par exemple, article 412, une décision par défaut, donc susceptible d’opposition, en une décision contradictoire à  signifier, seulement susceptible d’appel : jeunes confrères, je le dis au cas où, ne JAMAIS plaider sans mandat et instructions formelles du client, dans un tel cas ! []
  5. Il y a certes quelques androïdes et quelques Martiens, ou pour être plus exact quelques Vénusiennes, plus fréquentes, qui sont parvenus à  se glisser parmi eux, mais enfin pas encore tout à  fait majoritairement … []
  6. Encore, comme un parquetier le fera finement observer en appel, Omar avait-il bénéficié ainsi d’une “faveur” (le parquetier d’appel a parfois l’humour pénible) : les poursuites auraient très bien pu tenir compte de la circonstance aggravante de l’usage d’une arme par destination, en l’espèce le verre, et entraîner sa comparution devant les Assises, avec quinze ans à  la clé … []
  7. C’est à  dire : Nous ! La Solidarité Nationale. Sacré beau système français, tout de même, où l’on peut se dire en payant ses charges qu’on aide à  indemniser nos frères et sœurs nationales victimes de viols ou de violences graves … []
  8. Je ne dis pas mes compétences, ou ma beauté, ou ce que vous voulez : je suis invexable sur tout, sauf sur le sujet de l’honnêteté que je mets dans la défense, je n’y ai jamais rien tordu ou déformé, je ne mens pas, et je n’utilise aucun artifice -et moins encore de quelconques actes illégaux ou déloyaux. Point barre. Je ne peux d’ailleurs continuer à  “faire du pénal” que de cette façon, et je n’en demande pas de félicitations. Mais du respect, oui. []
  9. Si je me souviens bien du vieux Buck Danny dans lequel le phénomène est décrit … []
  10. ? Sans “être” ? Je sais mais m’en fiche, c’est bien comme ça ! []
  11. Un pourvoi en cassation ne permet pas d’obtenir un troisième jugement des faits : il s’agit d’une voie de recours exceptionnelle qui n’a pas vocation à  permettre une nouvelle appréciation, mais à  exercer un contrôle de l’application du droit, et seulement en droit -enfin, en principe, et quand le droit et le fait ne sont pas intimement mêlés, comme c’est souvent le cas … []
  12. Un petit coup de pub’, elle n’est après tout quant à  elle pas soumise à  l’anonymat -en admettant bien sûr que voir son véritable nom publié ici constitue une (bonne) publicité : il s’agit de Maître Claire Waquet, toujours disponible et efficace. []
  13. Note aux jeunes avocats en défense : même si aucune représentation devant la Cour de Cassation n’est théoriquement obligatoire au pénal, et même si ça coûte, ne prenez pas le risque de mener vous-même une procédure de cassation, dont les règles, loin d’être aussi “simples” (!) qu’elles semblent, sont complexes, multiples et casse-gueule, et ressortent d’une véritable spécialisation, procédurale et de fond. Vous dormirez mieux, et le client sera ainsi défendu de façon sécurisée. []

139 Commentaires

  1. Nath
    C'est très souvent l'agresseur à son tour agressé qui obtient gain de cause.
    Faut se laisser taper dessus, voire trucider sans rien faire et ne surtout pas se défendre non plus en cas de vol.Malheur à nous si notre voleur tombe et se blesse alors que nous le repoussons !!!!!

    J'ai souvent réfléchi à ce que je ferais si d'aventure je blessais ou tuais un agresseur: la fuite......la seule solution pour la victime est la fuite. Je ne crois plus du tout en la justice.
  2. antoinezzzz
    Un billet très intéressant, je me régale en lisant vos histoires, et me félicite d’avoir eu la volonté (si, si) de les lire.

    Quand sur le billet « au Guet Apens » j’étais assez d’accord avec vous je suis ici un peu plus indécis:

    La réaction première d’Omar est inadaptée: Il est certes énervé de perdre une chemise (quoique le détachant existe), mais jamais je ne me permettrais de bousculer si fort quelqu’un pour une telle raison. Vous confiez que les autres gens le repoussaient un peu pour les plus énervés, et riaient pour les plus sages. Ce premier geste de rage est donc tout à  fait inconvenant, et mal placé.

    Puis comme vous dites, il est face à  des garçons ivres, probablement peu scrupuleux (Et dame, il en faut de l’aplomb pour aller fêter son enterrement de vie de garçon dans ce type d’endroit..), et qui cherchent à  s’amuser aussi bêtement qu’ils le peuvent.

    Et c’est là  le noeud du problème sur lequel les juges on du buter, avant le vôtre, c’est à  Omar que c’est arrivé, bien que tant d’autres aient été bousculés, son agressivité profite à  la victime. On ne frappe pas non plus n’importe comment, et si l’autre avait bien 3g dans le sang, j’imagine que le bousculer fort aurait suffi à  le neutraliser, voire l’envoyer au tapis.

    Je rejoins donc pas mal les juges sur l’appréciation de ce fait, je n’ai jamais assassiné mon père s’il me mettait une claque à  table, même imméritée, alors que j’avais bien un couteau et une fourchette dans la main.

    D’ailleurs il faut aussi se mettre dans la peau de celui qui perd l’oeil, à  3 heures du matin, ne sachant probablement même pas ce qu’il faisait...


    Qu’il est grand le mystère de la justice..
  3. Jmemêledetout
    Hé bien... n'ai pas compris grand chose à  cette procédure labyrinthique, mais j'ai au moins compris ceci :

    Ce pauvre Omar s'est retrouvé dans un endroit où il ne va jamais, le mauvais jour, au mauvais moment, quelque part entre hasard et couïncidence et que Me Mô a piqué la colère du siècle au Tribunal. Ca au moins, ça a dû vous faire du bien pour toutes les autres fois où vous ne l'avez pas fait :D

    Ce que j'aurais fait à  la place d'Omar ? Serais probablement sortie de l'établissement dès que j'aurais vu des hommes éméchés. Et au cas où je ne les aurais pas vus assez tôt et qu'ils m'agressent, il est peu probable avec mes toutes petites mains et os fragiles que j'aie donné un coup de poing, pouce dedans ou dehors ;) Mais peut-être bien un coup de genoux là  où ça fait bien mal, histoire qu'il prépare sa nuit de Noces sans arriver complètement glauque à  son mariage et s'endorme d'un sommeil de plomb justement le jour où il ne faut pas :mrgreen:

    Jamais compris cette coutume bizarre qui consiste à  enterrer une vie de célibataire comme si le lendemain on allait au bagne et que l'on soit totalement privé de liberté...

    J'aime bien vos écrits, mais je reconnais que le sauchichon à  4h00 du mat, c'est une priorité incontournable.

    Par contre, je n'aime pas ces émoticônes dont je ne comprends rien de ce qu'ils veulent dire sans passer ma souris dessus.
  4. bonjour,
    "au sujet de ces deux secondes-là , si elles avaient été deux secondes de votre vie à  vous Qu’auriez-vous fait ?

    "

    Pendant une agression, "tout va très vite"... à  postériori ! étant gratifié d'une ceinture noire ( bon, d'accord, de kendo, c'est pas du karaté, hein !) je suis confronté au combat à  chaque entrainement. Deux secondes, dans un combat, cela peut être en réalité très long. C'est le souvenir qui fera paraitre court ce temps.
    Car dans l'instant, le cerveau fonctionne différemment, sur un mode plus primaire, "reptilien" en somme. C'est un système de survie. L'information n'est plus traité de manière linéaire et lente. Ainsi, le temps se déforme et on a soudain le temps de saisir ses lunettes, de viser et de frapper. Par contre, matériellement, on peut se rompre un muscle tant la sollicitation est forte, on peut accrocher quelque chose avec sa main, se cogner, ou frapper avec ce qu'on a dans la main. Car une partie de l'information n'est plus traitée par optimisation.
    Finalement, ce n'est pas vraiment les "deux secondes" qui déterminent l'action, mais l'intensité de la sensation de menace vitale, la peur, le stimulus qui va faire basculer le cerveau dans le mode approprié pour sauver son intégrité corporelle. Le cerveau ne réfléchit pas, il agit. Les conséquences peuvent être grave.
    Cet épisode bref a la particularité de ne pas forcément enregistrer le souvenir comme à  l'ordinaire. On peut même avoir de la difficulté à  se souvenir, pire, on peut même être obligé de passer par une reconstitution du souvenir de manière logique. Et là , on dira, "tout s'est passé si vite".

    C'est pourquoi il est illusoire d'imaginer au calme ce que l'on aurait fait, car il faut vivre le scène et son intensité pour savoir ce que notre cerveau ferait ! L'entrainement dans les sports de combat permet d'essayer de maitriser ce mode de survie et ne ne pas faire n'importe quoi. On perçoit même une différence entre l'entrainement, un peu pèpère, qui ne permet plus d'avoir le stimulus, et la compétition, qui approche un peu plus le vrai stimulus de danger (sans jamais l'égaler).
    Avec l'habitude, on arrive un peu mieux à  gérer ce temps différent. C'est pourquoi on prévient parfois les combattants qui ont une ceinture noire en leur expliquant qu'un défaut de maîtrise pourrait bien leur valoir des circonstances aggravantes devant un tribunal.

    Amitiés,
    tov

    ( Je m'excuse auprès des autres commentateurs, je n'ai pas pris le temps de les lire)
  5. henriparisien
    C'est une triste histoire qui est racontée là . Mais il me reste une question : La responsabilité civile du propriétaire du bar ne peut-elle pas être recherchée au moins partiellement ? En continuant à  servir trois personnes visiblement éméchés et qui importune les autres clients ne faillit-il pas à  ses obligations ?


    Et à  la question : qu'auriez-vous fait ? J'aime à  croire que je serais sorti du bar en voyant le "jeu" en cours. Et si j'avais frappé, je ne suis pas sûr que la force de mon coup aurait été suffisante pour casser le verre.
      1. henriparisien
        heu... je n'étais pas là , je n'ai rien vu, ne m'accablez pas :)

        Je reste toujours sur ma faim quand à  ma question, dans l'hypothèse où un barman ne remplit pas les obligations qui lui sont faite par l'article R3353-2 (merci Benoît P.), ne peut-il pas être tenu civilement au moins partiellement responsable ?
  6. Qsmb
    Impossible de prédire qu'elle aurait été ma réaction à  la place d'Omar.
    En revanche, ce qui est sûr est que vous avez eu raison dans la conduite de la procédure sur toute la ligne, sauf peut-être sur un petit détail : devant la Cour d'appel. Je ne crois pas qu'il faille prendre ombrage de la méfiance exprimée par des conseillers à  l'égard de vos témoins. Ici, vos lecteurs savent bien votre honnêteté et votre intégrité professionnelle, mais ces juges ne vous connaissent pas, ce n'est pas une remise en cause personnelle (oui, facile à  dire, je sais bien).
    Au contraire, je trouve cela plutôt rassurant que des magistrats prennent a priori les témoignages avec prudence (par exemple ceux des amis de François sont sujets à  caution, du fait de leur manque d'impartialité), y compris en envisageant l'éventualité (aussi rare soit-elle) de témoins orientés par un avocat qui serait moins regardant que vous quant à  son éthique. Bon, après, ça dépend comment la chose est amenée aussi, ce n'est pas la même chose d'examiner les pièces avec un doute méthodique ou d'accuser dans le vide un gentil avocat d'être malhonnête. :lol:
  7. Res Vilis
    Je crains que l'on s'éloigne d'un élément très important, capital à  mes yeux, du récit de Maître Mô.

    Petit Mô, bravant l'implacable ire paternelle, à  une heure indue de la nuit, se dresse fièrement.
    Haut comme trois pommes, nous imaginons, il avance, droit, malgré la terreur que représente l'obscurité pour un Ciucciu de cet âge.
    Dans l'obscurité il avance. Dans les cris de sa soeur, dans les mugissements ensommeillés de son père, Petit Mô se campe.

    Le père, terrible, échevelé, écumant, se penche vers Petit Mô qui, de toute la pureté de son âme juvénile et courageuse, porte la requête suivante: "je veux du saucichon"!

    Que diable! Un jeune hardi de la sorte mérite les honneurs! Pour une simple et bonne raison: là  où les gamins de son âge demanderaient une saloperie sucrée, lui, mesdames et messieurs, lui, demande du saucichon!
    Double ration d'Honneurs, puisqu'il ose porter haute et fière sa demande alors que souffle la bourrasque paternelle.

    Maître Mô, permettez-moi de vous affirmer que cet enfant ira loin! Bien plus loin que la cuisine pour y quérir du saucichon.

    Donc, en coeur, reprenons: "Gloria'tè ô Ciucciu Mô! Gloria'tè!"

    À me figurer la scène, j'en écraserais presque une larme...
      1. Si ùn Ciucciu n'hè micca, ghjè un Piulellu (Piuleddu), ghjè!
        C'est fou cette manie de pinailler qui tenaille les aficionados de ce blog!
        LElfe compterait-elle également parmi les Insulaires à  la solde de Mô?
  8. C@line
    Sans hésiter une seconde, je suis convaincue que l'on ne peut porter un coup de poing en tenant volontairement un verre dans sa main.
    Parce qu'on devrait être le premier à  se blesser avec si le verre casse...
    Le verre ne peut devenir une arme consciente que lorsqu'on peut le tenir d'une façon sûre pour soi-même, comme par exemple lorsqu'on tient une bouteille cassée par le goulot.
    1. Benoît P.
      Une femme (ne me demandez pas pourquoi les hommes procèdent spontanément de la bonne façon, je n'ai jamais pu comprendre, juste constater cette tendance), donnent généralement un coup de poing en plaçant le pouce à  l'intérieur, ce qui en fonction de la violence de l'impact peut provoquer un déboîtement, voire une fracture.
      Du reste, à  part casser le verre et s'en servir comme arme de taille, il n'est pas commode à  utiliser en sécurité, éventuellement en chin-jab quand l'autre boit (le coup du barman), mais la LD serait délicate à  soutenir.
      1. LElfe
        Je crois qu'on essaie instinctivement de protéger notre pouce. Notre manque d'expérience nous conduit à  ignorer que c'est le meilleur moyen de le planter. :)
          1. Irfan
            - Commentaire n° 32.1.1.1.2
            Mon papa, quand il s'est battu pour la première fois, à  18 ans (déjà  100 kilos de rugbyman sympa et pas chiant à  l'époque donc il n'avait généralement pas besoin de se battre). ça m'a bien fait rire !
      2. C@line
        C'est complétement ridicule comme affirmation. Quand j'ai mis mon poing dans la figure d'un homme, je ne me suis pas fait mal du tout et je peux vous dire que j'ai tapé très fort.
        1. LElfe
          - Commentaire n° 32.1.2.1
          J'ai la même expérience que vous et ne me suis jamais rien déboîté mais l'affirmation n'est pas ridicule : médecins et combattants vous confirmeront que c'est en mettant le pouce à  l'intérieur que l'on court le plus de risques de l'abîmer. Pas que c'est automatique...
        2. Benoît P.
          - Commentaire n° 32.1.2.2
          Il est complètement ridicule de transformer une généralité "ne femme [bla-bla], donne généralement un coup de poing en plaçant le pouce à  l’intérieur" en vérité absolue. :lol:
          1. LElfe
            - Commentaire n° 32.1.2.2.1
            Personne ne conteste qu'il ne s'agisse pour vous que d'une généralité. Je crois que C@line ne conteste pas avoir mis son pouce à  l'intérieur mais plutôt le fait que cela conduise à  se faire mal, Benoît...

            Vous ne croyez pas qu'on s'éloigne un peu du sujet? :)

            Votre propos étant, si j'ai bien compris, de dire que celui qui frappe ne songe pas au fait qu'il pourrait se blesser et porte instinctivement le coup, je me permets de contester la pertinence de l'exemple pour la raison suivante :

            lorsque les femmes mettent le pouce à  l'intérieur en frappant - quand elles le font - elles ne le font pas parce qu'elles oublieraient de se protéger le pouce (c'est bien l'objet de votre exemple?) mais parce qu'elles pensent instinctivement se le protéger. Cela ne prouve donc pas que l'on n'a pas l'instinct de se protéger lorsque l'on utilise une arme (verre ou poing)

            En ce qui me concerne, je rejoins donc C@line : je ne pense pas que je frapperais pas quelqu'un volontairement avec un verre que je tiens dans la main, du moins pas en lui donnant un coup de poing. J'aurais trop peur de me blesser. C'est pourquoi j'aurais tendance à  penser qu'Omar l'a réellement fait involontairement, au regard des seuls éléments qui nous sont rapportés.
            1. Benoît P.
              - Commentaire n° 32.1.2.2.1.1
              Je pourrais démontrer que mettre le pouce dans le poing pour frapper entraîne forcément des dégâts si on dépasse le stade de la caresse* mais pour le coup on serait vraiment HS :eek: et je ne crois pas que l'on soit sur un blog de bio-mécanique, matière très intéressante au demeurant.

              * dent déchaussée, fracture ...

              L'idée initiale était que l'"instinct", l'intuition, le bon-sens peuvent mener directement au résultat que l'on cherche à  éviter.
        3. mikcey
          - Commentaire n° 32.1.2.3
          Pour se péter le pouce en donnant un coup de poing, il faut y aller comme un sagouin.
          Et je parie sur le fait que vous n'avez certainement pas la carrure qui vous permette de vous casser le pouce en donnant un coup de poing, même "très fort". Par contre je donnerai pas chère du pouce de Mike Tyson s'il le conservait à  l'intérieur de ses doigts pour frapper.

          La force est relative, ce qui est fort pour vous, peut constituer un coup de pied de fourmi pour quelqu'un d'autre.
          1. B.P.
            - Commentaire n° 32.1.2.3.1
            Sans se le casser, on peut se le déboîter ou se blesser très douloureusement sans gravité, surtout en cas de coups répétés*. Pour la "force", je raisonnais en ITT, je serais très surpris que l'on puisse causer des blessures occasionnant plus de 7 jours d'ITT avec des coups de poings, pouce à  l'intérieur sans même de douleur. sauf à  attaquer des mourants ou des bébés.
    2. VyGER91
      C'est justement parce qu'on peut très gravement se blesser la main en frappant avec un verre (sans compter le risque de se recevoir un éclat dans le visage), que je trouve tout à  fait crédible qu'Omar ait eu un juste réflexe.
  9. Jalisco
    Merci de trouver le temps de nous écrire...

    Question juridique de civiliste: Maître, vous expliquez avoir plaidé le partage de responsabilité entre votre client et l'éborgné.
    N'aurait-on pas pu également évoquer à  titre subsidiaire l'acceptation du risque?
    En effet, se "jeter" sur quelqu'un dans un bar, surtout lorsque son équilibre est chancelant, implique selon moi que l'on accepte dans une certaine mesure de risquer de tomber sur un verre.
    Si François s'était éborgné en tombant sur le verre d'Omar alors qu'il le bousculait, le résultat aurait été le même pour lui, mais si différent pour votre client....
  10. Piou
    Un point me chagrine tout de même ... J'ai comme bien des gens souscrit une assurance responsabilité civile qui, je le pensais, m'assure pour les dommages que je pourrais causer à  autrui. Dans un cas comme celui-ci, eut égard aux quelques 65 000 euros que Omar devra débourser, une telle assurance n'aurait-elle pas pu/du payer la dite somme ?
  11. Engels
    Pour ma part j'aurai été assez pessimiste sur la légitime défense. Très pessimiste.
    En fait je suis même étonné que l'on essaye de miser la dessus. On peut se faire un jugement sur le comportement de la victime, mais au final un oeil en moins...
    Avoir frappé avec son verre a peut être été inconscient, il en demeure que le coup a été porté avec les conséquences qui en ont découlé.

    Je crois qu'on est dans une société ou un médecin ou un infirmé tentant de soigner ou sauver quelqu'un qui fait ce genre "d'erreur" est gravement dans la merde d'un point de vue judiciaire. Alors un mec qui se défend pour un coup de boule?

    Après on peut ergoter sur qui est le plus en tord. Rien que pour cela je ferai remarqué que l'on peut s'interroger sur le découpage des faits. François est poussé par ses potes et heurte Omar, lui renversant son verre sur sa chemise. Celui le pousse au point qu'il tombe? Ca serait pas le premier mouvement violent?

    Je trouve franchement que vous angelisé un peu trop Omar; la boite a mauvaise réputation, il est gentil, doux, il ne boit jamais, François a un sourire d'idiot congénital, ses amis rigollent comme des abrutis... Omar laisse le temps à  François de s'excuser avant de le pousser "peut être un peu sèchement" se vautrer par terre? Il essaye de calmer le jeu avant de demander un verre pour sauver sa chemise? Car personnellement, si j'envoie un mec au sol, tache sur la chemise ou pas, déguisement ridicule ou pas sourire idiot, odeur d'alcool, 2 potes ou pas (en fait surtout alcool, air idiot et effet de groupe/supériorité numérique); je crois que je ferai un peu gaffe à  sa réaction.

    On peut être distrait au point d'oublier qu'on a un verre dans la main, tout en ayant le réflexe d'enlever ses lunettes. On peut aussi oublier qu'un mec bourré qu'on humilie en public a une petite tendance à  se vexer. On peut oublier son humour, oublier qu'on doit être intelligent pour deux...

    Alors pour ma réaction lors de ces deux seconds? Je ne sais pas, mais j'aurai dû commencer par essayer de les éviter. Ensuite je pense que j'assumerai ma responsabilité.
    Et je me consolerai en me disant que de mon côté j'ai toujours mes deux yeux pour pleurer.
  12. philonomène
    il me semble pour ma part que la justice s'est lamentablement fourvoyée, là .
    il y a eu jeu: celui de se balancer contre les autres usagers, et la réponse de votre client de renvoyer l'espèce de ballon-corps humain ivre à  perruque qu'on lui envoyait était la réponse attendue à  ce jeu.
    il y a eu agression: le coup de boule du ballon-corps-humain-ivre. normalement un ballon ça n'agresse pas, mais bon celui là  avait une capacité supplémentaire on va dire.
    et il n'y a eu ni légitime défense ni agression ensuite, il y a eu accident. nuance.
    la tête d'un type bourré comme une outre a heurté un verre avec de fâcheuses conséquences. et bin faites un tour aux urgences, des tronches d'ivrognes fracassées sur des trottoirs des verres ou des comptoirs y'en a douze millions par an quelque chose comme ça. le mec bourré a une tendance à  la chute qui remet en cause Newton lui même, genre.

    moi ce que j'en dis c'est qu'on a donc un client en train de chercher un truc pour sauver sa chemise qui voit revenir le ballon-corps-humain-ivre et qui n'a plus guère envie de jouer le jeu, qui machinalement tend le bras par réflexe pour dire nan nan ça va soyez sympa allez jouer ailleurs j'ai ma chemise tachée là  ça va bien, et un ballon-corps-humain-ivre qui, n'entendant pas grand chose aux règles du jeu, continue sa course, et vient se fracasser sur le bras où se trouve malencontreusement un objet inanimé en verre qui crée l'accident que l'on sait.

    de facto c'est un accident, on ne poursuit pas un objet inanimé au pénal, la seule plainte fondée était celle de votre client parce que c'est la seule agression ayant un responsable humain, et l'indemnisation du pochtron amoché aurait du se faire par le biais de son assurance responsabilité civile accident, coutumière des indemnisations de jeux de ballons qui finisse dans la fenêtre des voisins, laquelle aurait du aussi dédommager le bar pour la perte du verre et votre client pour la perte de sa chemise.

    voilà  ma conception de ce qu'est la justice. personne ne rendra son oeil à  ballon-pochtron, certes, mais il s'est mis lui-même tout seul en position de le perdre, et je vois pas en quoi pourrir une deuxième vie à  côté (et plutôt 4 vies au total en fait si on tient compte de sa femme qui devra bosser toute sa vie et se garder de prendre le moindre congé parental et de ses gosses qui devront éviter de faire médecine ou droit mais ça m'étonnerait que cette dernière idée leur vienne en fait) pourrait changer quelque chose à  ça ou réparer quoi que ce soit.
    je ne parle même pas de l'éventuel kilomètre heure de trop ou feu orange bien mûr qui pourrait faire tomber le sursis, priver cette famille de papa, de ressources pour payer l'oeil de pochtron-ballon, plonger la mère dans la prostitution et les enfants dans la délinquance, tout est possible, tout est réalisable, puisqu'un bête enterrement de vie de garçon peut mener à  la perte d'un oeil...ma plaidoirie aurait fait fi de la procédure (qui ne prévoit bien entendu pas de passer du coupable humain au responsable assureur, le contraire étant pourtant pour le moins fréquent) mais pas de la logique, voyez.

    tout ça pour vous dire que j'estime que la justice dysfonctionne déjà  gravement quand elle est rendue par des soi-disant professionnels (supposés faire abstraction de leurs émotions deux secondes, justement) comme dans ce cas, et ne peut que dysfonctionner plus encore quand elle est rendue par le quidam moyen gouverné par sa seule émotion (et cherchant un coupable à  tout prix) par le biais des assises, et que c'est pour ne point participer jamais à  cette curie malsaine de punitions qui ne réparent rien voire pire que je me garde bien de réclamer ma carte d'électeur.
    je vous plains donc autant que je vous admire de savoir endurer cela tous les jours (a fortiori en élevant de futures citoyens soumis à  cette même justice, jolie gageure).

    Et sinon perso à  la place d'omar bin j'aurais fait pareil, le porteur de lunettes les enlève toujours quand il s'est pris un coup de boule, bête réflexe consistant à  essuyer le sang qui coule de la plaie autant qu'à  s'assurer des dommages et à  recompter fissa la validité de son ordonnance et de l'assurance casse du monsieur qui vend du rêve sur son île loin là  bas, tout en tendant le bras pour me protéger du deuxième assaut parce que décidément non j'ai pas 300 euros de lunetterie à  foutre en l'air à  chaque fois qu'un futur cocu se fout une mine.

    Et dans mon cas on n'aurait jamais su si l'"arme" était mon verre, la boucle en métal de mon sac à  main rempli de douze tonnes de trucs persos über importants toujours accroché à  mon bras pour cause de risque de vol, ou mon énorme bagouze en simili toc qui fait grelin grelin quand je trinque mais qui doit pas faire du bien en plein dans l'oeil et il aurait encore pu s'estimer heureux de ne pas s'être fracassé le plancher orbitaire sur le talon aiguille de mon escarpin parce que j'ai une fâcheuse tendance à  me tenir comme un flamant rose quand je sirote un jus de fruits, en prime, attitude autrement moins défendable que celle de votre client mais c'est comme ça que je suis, hein, et pour peu que le futur cocu soit arrivé de derrière moi ça aurait pu être autrement sanglant (on fait des talons super solides voyez-vous, avec des tiges en métal...et comme je marche bien plus que les princesses ordinaires je porte mes talons non pas caoûtchoutés mais ferrés, ces deux petits détails de cordonnerie font de chacun de mes jolis petits petons une arme blanche métallique de 8,5 cm de long par à  peine 1 de large à  la limite du permis de port).
    Autant vous dire que ça aurait été coton à  défendre.
  13. javert
    Bonsoir maitre,
    J'imagine que vous n'avez pas attendu mon avis pour y penser, mais je me permets de vous murmurer un conseil : penchez vous sur une feuille blanche (en faisant attention à  qui se poste derrière vous, on ne sait jamais sur un malentendu une réforme peut s'y cacher :P ) et écrivez un jolie livre. Je serai l'un de vos lecteurs ! :x

    Ce que j'aime sur ce blog, et depuis longtemps, c'est qu'on ne se trouve pas enfermé dans le cardan politique ou juridique d'une procédure pénale. Mais bien dans ce qui pue le plus dans le domaine du pénal : l'humain. Et vous savez le dépeindre.

    la LD est appréciée assez sévèrement par la jurisprudence et je ne parle même de celle des biens... Peu importe l'histoire c'est souvent une ou deux secondes qui vont changer à  jamais votre vie...

    Pour la décision des juges je me permets de ne pas de porter d'avis.. :eek: . Le confort de l'OPJ et son garde fou procureur est plus confortable en matière de responsabilité... :arrow:

    Enfin, merci pour ce billet. :lol:
  14. Dylendir
    Ah là  là , les joies procédurales...

    Il est arrivé la même mésaventure à  un de mes clients : un homme ivre a agressé au couteau un de ses amis. Pendant qu'il se penchait sur le blessé, l'agresseur lui a planté un coup dans les fesses !!! Suite à  ça, mon client a poursuivi l'agresseur (clopin-clopant, mais il n'était pas ivre lui !) et lui a fait une "tête au carré" bien méritée.
    Hé bien, le fait d'avoir mis hors combat un individu manifestement dangereux lui a été reproché et il a reçu une condamnation pour cela, même symbolique.

    Bref, à  l'heure actuelle, l'excuse de légitime défense devient incroyablement difficile à  être reconnue et ça, cela mériterait peut-être un ajustement légal. Pour moi, la victime d'une agression gratuite ou qui va l'être est en droit de réagir à  tout le moins avec ce qu'elle a sous la main, et même de mettre hors combat l'agresseur. Or, dans le premier cas, il vaut mieux que ce que l'on a sous la main soit un livre qu'un marteau (ou un verre) et dans le second, le juge vous condamnera pour excès de légitime défense. Ce qui n'est pas logique.

    Sans arriver à  une légitime défense à  l'américaine (vous pouvez légitimement abattre un voleur, même désarmé, qui s'est introduit chez vous...), je pense qu'il faudrait vraiment revoir cette notion juridique.
    1. VyGER91
      "mon client a poursuivi l’agresseur ... et lui a fait une tête au carré bien méritée."

      Il n'y a plus de légitime défense. A parti du moment où il n'est plus en danger immédiat et que l'agresseur n'est pas en train de s'en prendre à  quelqu'un d'autre, il n'a aucun droit d'intervenir. Je suis étonné que la peine n'ait pas été un peu plus que symbolique.
      1. Benoît P.
        Il me semble que le droit pénal permet à  tout un chacun (A) de retenir jusqu'à  l'arrivée d'un OPJ un individu (B) surpris en flagrant-délit pour un acte passible d'une peine de prison ferme.
        Si B résiste violemment, A pourrait-il user de violence pour accomplir son noble et désintéressé acte civique ? :?
        1. Coyote
          - Commentaire n° 26.1.1.1
          Oui, mais la force strictement nécessaire, comme disent les PV pour justifier la tête d'Elefant Man qu'a attrapé le gardé à  vue entre son repérage et son interpellation effective.
          Lui casser la gueule fait peut être du bien, mais faut pas.
  15. channel
    ma question maître Mo, outre le fait que l'agresseur initial a perdu un oeil , est : Qu'aurait du faire votre client ?" A part vous contacter immédiatement, pour tenter de réunir les moyens à  chaud de faire constater sa légitime défense . Cela aurait- il été suffisant pour stopper cette machine judiciaire infernale avec tous les frais entraînés par l'invalidité de l'agresseur, ou le visage ensanglanté de ce dernier aurait-il nécessairement plaidé en sa faveur ? Bref comment votre client aurait-il du agir (avec votre aide) pour se sortir de cette situation ubuesque, indépendamment de renoncer à  se défendre de l'agression ? :oops:
  16. pahdoc
    Le fait que le jeune marié, en prenant les risque qu'il a pris, c'est-à -dire en étant alcoolisé et en bousculant tout le monde, doit aussi en accepter les possibles conséquences... comme perdre un oeil... ou même la vie.
    On ne peut vivre en ignorant la violence urbaine.
    1. Babounette
      "On ne peut vivre en ignorant la violence urbaine."

      Samedi matin en allant à  la Poste (lieu dangereux bien connu non ?), j'ai été témoin de cette violence ordinaire.
      A peine quelques réactions lorsque la guichetiére s'est fait dire qu'elle était à  moitié conne ... Par la suite son Jules est arrivé, réclamant les sous et disant à  l'autre guichetiére qu'elle n'avait pas intérêt à  lever les yeux de son ordinateur, qu'il n'avait peur ni de la caméra ni des autres clients.
      Il en est reparti comme il est venu mais avec ses sous (était ce d'ailleurs bien les siens ?)...
    2. Mouais...
      "Le fait est que la jeune personne en se baladant en minijupe dans un lieu mal famé connaissait les risques de perdre sa vertu... ou même la vie".
      Comment ça, c'est pas pareil ?
      François a fait le con, c'est certain. Avait-il vraiment le choix ? J'en suis moins sûre.En théorie, oui, mais en pratique ? L'alcoolisation excessive fait - hélas - partie de ces "rites de passage" idiots. Et les risques liés à  l'alcool hors conduite automobile ne sont pas vraiment mis en exergue par le monde dans lequel nous vivons.
      1. mikcey
        Vous ne pouvez décemment pas comparer une victime qui se fait agresser sexuellement sur la seule base de sa tenue vestimentaire, ou même de son comportement provocateur, à  une autre victime qui attaque un individu.

        Si vous voulez faire un parallèle, même foireux, avec le viol : considérer que la victime de viol était d'accords pour le premier "coup de sexe", mais pas pour le deuxième qui arrive 2 secondes après le premier, sans que l'accusé ai eu le temps de réaliser que la victime avait changé d'avis. Et que sur cette base, la victime porte plainte pour viol.

        Cette homme a fait une succession de choix, qui inéluctablement l'on mener à  perdre un oeil. Le CIVI n'aurai pas dû l'indemniser, la dé responsabilisation des victimes est une belle connerie. Dans la vie on fait des choix, des bons et des mauvais, et on n'échappe pas aux conséquences. Les conséquences des mauvais choix (se saouler, agresser, etc.) ne doivent pas être adoucis par la collectivité.

        Dans l'histoire de notre chère maitre, il y a un problème policier, mais surtout un problème judiciaire. Les policiers certes ne font pas la totalité de leur travail, mais ils ont tout de même contacter les autres témoins, et recueillit leurs témoignages.
        Donc le problème est principalement judiciaire :
        - en première instance, des magistrats qui refusent totalement de revoir leurs jugements, en y préférant un copier/coller, et là , sincèrement je pris, qu'ils n'aient pas choisit cette solution pour économiser 10 minutes à  réécrire une autre condamnation (je ne connais pas le terme adéquate),
        - en deuxième instance, des juges arrogants, comme on en voit trop souvent : avec le complexe de Dieu omnipotent, prêt sans se remettre en questions une ou deux secondes, sans faire preuve de la moindre empathie (par définition, "se mettre à  la place") à  condamner un homme à  payer pour le restant de sa vie.

        Alors, franchement, on dira ce qu'on veut sur les modes de nominations des juges, et sur l'absurdité des jurés en correctionnel. Mais pour moi, la justice bien que rendu au nom du peuple français, bien que poursuivit au nom du peuple français, ne rends absolument aucuns comptes au peuple français dont son application. Et ça c'est dramatique, et bien évidement, ça ne peut que mener à  des erreurs judiciaires comme celle-là , erreur judiciaire, oui car au sens littérale du terme, cette décision, bien que sans doute légal, n'est ni juste ni moral (je sais morale et droit sont différent, mais la justice a pour origine la morale).

        Des juges élus, ou des jurés en correctionnel (des pairs), auraient éviter ça. Qu'on m'accuse de populisme, mais j'ai toujours cru que dans une démocratie, on devait avoir un judiciaire fort et non assujetti à  l'exécutif, or un judiciaire ne peut pas avoir de légitimé démocratique avec des juges nommés suite à  un concours.
        La légitimé nait de l'élection direct.

        Voilà , c'était l'avis d'un néophyte en matière judiciaire.
        1. B.P.
          - Commentaire n° 24.2.1.1
          En quoi des juges élus auraient changé cela ? Aux USA, c'est le cas et ça n'empêche pas certains d'être acquittés in extremis avant exécution ou post-mortem (ce qui est assez gênant).

          Je pense que Lambertine parlait de l'alcool, qui, dans certains cercles doit être consommé du fait d'une pression sociale.
          1. - Commentaire n° 24.2.1.1.1
            Je pensais effectivement à  l'obligation sociale de boire de l'alcool, voire de s'alcooliser exagérément, dans certaines circonstances que j'ai précisées ailleurs. L' "enterrement de vie de garçon" en faisant partie.

            Mais aussi, autant je suis opposée à  la déresponsabilisation totale des victimes (même des victimes de viol - au passage, je n'ai pas parlé que d'habillement, mais aussi de "lieu mal famé" - autrement dit de comportement à  risque. Ce qui ne signifie PAS "elle l'a bien cherché, elle n'a eu que ce qu'elle méritait), autant le "il (elle)a pris des risques, il devait s'attendre à  ce qui lui est arrivé", j'ai du mal. Un garçon qui fait le mariolle en se laissant pousser sur les autres dans un lieu d'amusement ne s'attend pas vraiment à  ce qu'un autre consommateur réagisse mal.

            Et autant je considère comme injuste le fait qu'Omar sont condamné à  verser une somme énorme à  François (au fait, quid de la responsabilité civile des "copains pousseurs" ?), autant je n'arrive pas à  admettre les réactions du genre "bien fait pour cet ivrogne".
            1. B.P.
              - Commentaire n° 24.2.1.1.1.1
              "Un garçon qui fait le mariolle en se laissant pousser sur les autres dans un lieu d’amusement ne s’attend pas vraiment à  ce qu’un autre consommateur réagisse mal. "


              En l'occurence François est passé de lui-même du stade d'auto-tamponneuse à  l'agression.

              "il se retourne, se trouve nez à  nez avec l’homme, qui pue l’alcool et arbore un sourire d’idiot congénital, et repousse celui-ci d’une main, un peu sèchement sans doute puisqu’il va valdinguer sur ses deux copains projeteurs, et que les trois hommes s’écroulent, mollement, par terre -Omar est comptable, mais par ailleurs sportif et costaud, et les trois titubaient déjà .

              Omar est en train de demander de l’eau au barman pour sauver sa chemise lorsque le plus grand, le futur marié, qui s’est relevé le premier, furieux, dans son dos, revient l’attraper par l’épaule, le forçant à  se retourner, lui crache au visage, en éructant, sans plus sourire désormais, que c’est pas toi qui vas me foutre par terre, et lui met un coup de tête. Omar encaisse le choc, qui lui ouvre le front, et, comme l’autre avance à  nouveau sur lui, cette fois en armant son bras droit, manifestement pas pour le caresser gentiment, il a deux réflexes : il enlève ses lunettes de la main gauche et les jette sur le bar, et dans le même temps il balance son poing droit dans le visage du gars, en oubliant d’ailleurs qu’il tient toujours son verre : celui-ci éclate lors du choc, et le bonhomme s’écroule en arrière, en hurlant."
              1. - Commentaire n° 24.2.1.1.1.1.1
                Peut-être. Mais ce n'est pas difficile non plus de plaider que la première "attaque", celle qui a jeté François par terre (François qui ensuite a réagi comme un imbécile violent, je l'admets) alors qu'il ne faisait que "déconner" venait d'Omar. Omar qui, venant d'un pays étranger, avait comme circonstances atténuantes de n'être pas totalement au fait des traditions hautement culturelles et bibitoires de ch'Nord et des régions environnantes.

                (En fait, cette histoire m'énerve et m'attriste. Parce que je n'ai envie que d'une chose, c'est de dire à  ce pauvre Omar que, non, il ne devra pas payer toute sa vie pour indemniser un jeune type aviné. Mais d'un autre côté, je n'arrive pas non plus à  admettre que le futur marié, bon, l'avait qu'à  pas boire et que quand on boit on doit s'attendre même à  perdre la vie (dixit Padhoc). Que celui qui ne s'est jamais pris une cuite lors d'une fête estudiantine ou familiale - les pires - lui jette la première pierre.)
                1. B.P.
                  - Commentaire n° 24.2.1.1.1.1.1.1
                  Omar a peut-être repoussé plus violemment François que ne l'ont fait les autres clients mais j'ai du mal à  voir en quoi il serait responsable de l'escalade de la violence.

                  Y-a une règle d'airin très simple. Si on ne peut pas se contrôler quand on a a bu, on choisit un Sam qui pourra nous contrôler.

                  Je ne pense pas être aussi manichéen que le Punisher mais j'estime Omar "blanc comme neige".

                  "Que celui qui ne s’est jamais pris une cuite lors d’une fête estudiantine ou familiale les pires lui jette la première pierre. "


                  J'ai le droit à  la catapulte pour m'aider ? ;)

                  P.S. : Je pourrais monter une équipe de rugby sans trop de difficultés.
  17. Si ces deux secondes avaient été deux secondes de ma vie à  moi, je me serais sans doute retrouvée au tribunal, condamnée pour violences volontaires avec armes, à  verser 100000 €de dommages et intérêts à  François. Même si je ne porte pas de lunettes.
    A moins que je me sois contentée de rigoler bêtement quand ce petit con m'avait bousculé et fait tremper ma chemise.
    A vrai dire, je n'en sais rien. Tout aurait probablement dépendu de mon humeur du soir.

    Il suffit parfois, c'est vrai, de deux secondes pour faire basculer une vie. De deux secondes, ou de deux millimètres. Les deux millimètres qui font la différence entre un oeil perdu et... rien du tout.
  18. VyGER91
    Je n'ai pas de commentaire à  faire sur la décision des magistrats, si ce n'est que je n'aurai pas aimé avoir à  la prendre.

    Portant des lunettes depuis 30 ans, je peux affirmer qu'on peut tout à  fait attraper ses lunettes par un geste réflexe et même de la main gauche en étant droitier. Combien de fois en baissant la tête mes lunettes ont glissées d'un millimètre, me donnant une impression de chute et avant d'avoir pu relever la tête ou même bouger la main droite, je les tenais par leur milieu de la main gauche. Protéger mes lunettes est depuis très longtemps un geste réflexe.

    Par contre la procédure et ses conséquence est effrayante en cela que je ne vois pas où est l'erreur, le bug, la règle de gestion manquante. Je ne vois pas comment empêcher qu'une situation pareille (je parle des 2 décisions en une, "par défaut" et "contradictoire") se reproduise.

    Serait-il imaginable (dans un monde où la Justice disposerait des moyens nécessaires pour fonctionner dans de bonnes conditions) qu'une convocation du Tribunal contienne une étape de confirmation de la part du destinataire et qu'en absence de la confirmation, ou en cas de retour à  l'envoyeur par La Poste, un service du tribunal fasse une demande de vérification d'adresse auprès du Trésor Public ?
    1. PrometheeFeu
      Il me semble que la solution la plus simple est la bonne: changer les conditions de la legitime defense: Si la "victime" attaquait "l'agresseur", la legitime defense est presumee. Pour vaincre la legitime defense, il faut demontrer que les actions de l'agresseurs avaient pour but autre que sa defense immediate ou que son usage de la force etait excessif par rapport au but de se defendre a la lumiere de ce que savait "l'agresseur".

      En d'autre termes: Une fois que vous etes victimes d'une agression, vous avez le droit de faire plus ou moins ce que vous voulez a votre agresseur tant que c'est pour vous proteger.
    2. Pour moi l'erreur que vous cherchez apparaît clairement au début de l'histoire : elle est policière et pas judiciaire. Ils n'ont pas recueilli les coordonnées des témoins, seulement ceux des amis de l'agressé.
      Et c'est au moins en partie parce que les seuls témoins étaient partiaux que tout a aussi mal tourné pour ce pauvre couple.

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